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Une page difficile à tourner

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Published : October 28th, 2010
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Category : Editorials

 

 

 

 

Quoi qu’il sorte du sommet européen des chefs d’Etat et de gouvernement, une page sera tournée demain jeudi. La crise politique qui couvait est désormais ouverte et a éclaté au grand jour, le gouvernement allemand continuant d’être à la manœuvre et s’efforçant de faire avaliser par les 27 les termes du compromis de Deauville franco-allemand dont il a été à l’initiative. Suscitant de fortes réactions négatives.


L’acte I du scénario allemand avait été d’engager l’Europe dans la réduction prioritaire des déficits publics, afin de revenir dans les clous de Maastricht et de préserver l’euro, l’acte II qui vient de commencer consiste à trouver une solution pour les Etats qui n’y parviendront pas.


Ce qui est nouveau, c’est la reconnaissance implicite que la tempête qui s’est levée et a atteint la Grèce et l’Irlande ne va pas se calmer, et que d’autres pays risquent d’être touchés. Que la Grèce, pour commencer, va faire défaut sur sa dette et qu’il vaut mieux s’y préparer afin que cela intervienne dans les meilleures conditions. Que le fonds de stabilité qui a été créé dans l’urgence ne va pas être en mesure de répondre aux besoins financiers causés par de nouveaux sauvetages. Qu’il faut donc mettre en place un nouveau mécanisme et que celui-ci, pour être solide, doit reposer sur un cadre juridiquement inattaquable, une modification avant 2013 du traité de Lisbonne révisant son article 125 qui interdit le renflouement d’un Etat.


Un mécanisme de crise est donc proposé par les Allemands, qui provoque d’importants remous. Car il repose sur des restructurations de dette impliquant les investisseurs, c’est-à-dire les banques européennes elles-mêmes. Déjà, le chef de file de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, s’est fermement opposé à ce principe, qu’il a qualifié « d’inacceptable ». D’autres voix se sont élevées ces jours derniers pour vigoureusement défendre le principe de sanctions automatiques en cas de manquement aux obligations de réduction des déficits. S’opposant à de simples suspensions de vote des Etats fautifs prises à la majorité qualifiée, la solution retenue par le compromis de Deauville. Celles de Jean-Claude Trichet et de Jürgen Stark, le chef économiste de la BCE. Utilisant ce biais afin de s’en tenir à l’acte I du scénario allemand, coûte que coûte, et d’éviter que les banques soient mises à contribution dans le cadre de restructurations comme prévu à l’acte II.


Le gouvernement allemand est lui-même divisé sur la question. Devant faire face à la crise de son propre système bancaire, dont il a découvert avec horreur l’ampleur quand la crise a éclaté, il n’a eu de cesse depuis d’être en Europe à la pointe de ceux qui ont réclamé de plus fortes mesures de réglementation financière. Aujourd’hui, Angela Merkel tire pleinement les leçons de la situation en considérant que les Etats ne peuvent pas à eux-seuls éponger les dettes du secteur privé, car ils n’y parviendront pas.


L’idée qu’il fallait organiser à l’avance des processus de restructuration négociée n’était pas nouvelle de sa part, la nécessité de donner une suite au fonds de stabilité financier européen lui a donné l’occasion de formuler son approche et de monnayer un soutien français à son projet en contrepartie d’accommodements prévisibles sur le calendrier de réduction des déficits publics.


Ne voulant ni s’engager sur d’autres voies pour lui inacceptables – soit en déléguant d’une manière ou d’une autre les futures décisions de soutien financier, soit en assumant une partie très importante en tant que première puissance économique européenne – le gouvernement allemand a du répondre à une simple question : où trouver l’argent ? Derrière le débat sur les sanctions encourues par les Etats ne respectant pas les règles, c’est donc une toute autre affaire qui était en cause et qui vient d’être plus clairement formulée. A suivre.


Billet invité : François Leclerc

 


Paul Jorion

pauljorion.com



(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.



Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).


 

 

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