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Une pièce d’un trillion de dollars

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Published : April 25th, 2013
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Category : Gold and Silver

 

 

 

 

La crise de la dette américaine a fait germer cette idée farfelue il y a quelques semaines dans l’esprit de quelques économises américains : plutôt que d’avoir à négocier avec le Congrès pour augmenter le plafond de la dette et permettre au Département du Trésor de vendre plus d’obligations et de dépenser plus, pourquoi ne pas simplement frapper une pièce de platine d’un trillion de dollars ? Cette pièce contiendrait une once de platine, d’une valeur marché d’environ 1500 dollars. Une valeur d’un trillion de dollars lui serait assignée par la loi.


Il suffit d’y réfléchir brièvement pour se rendre compte que cette idée est très mauvaise.


Je débuterai mon article par une analyse conventionnelle suivie de mon propre point de vue qui, je l’espère, pourra vous permettre de voir les choses sous un autre angle.


Le seigneuriage existe depuis des millénaires. C’est le seigneuriage qui permet au gouvernement de déclarer que, par la loi, la valeur d’une pièce est supérieure à la valeur du métal qu’elle contient. Dans le cas de la pièce de platine d’un trillion de dollars, le contenu métal a une valeur négligeable en comparaison à sa valeur nominale. Frapper une telle pièce reviendrait à pratiquer une contrefaçon de très grande échelle.


Paul Krugman lui-même soutient cette théorie, lui qui a pensé la ‘théorie de la vitre brisée’ (oui, il a vraiment réécrit l’idée erronée de Frederic Bastiat pour en faire une ‘théorie’ : http://www.acting-man.com/?p=19668). Krugman est persuadé que cette pièce d’un trillion de dollar ne pourrait pas avoir de retombées négatives (http://krugman.blogs.nytimes.com/2013/01/07/be-ready-to-mint-that-coin/), ce qui prouve qu’il faut bel et bien un doctorat pour oublier tout ce que l’on savait déjà à six ans.


En observant les choses plus en détails, il devient vite clair que la frappe de cette pièce pourrait changer la donne. Nous possédons actuellement l’un des pires systèmes monétaires qui soit, qui permet à une devise soutenue par rien d’être frappée au bon vouloir d’une banque centrale. Le seul système qui pourrait être pire que le nôtre est un système qui permettrait directement aux hommes politiques de créer de la monnaie.


Je n’ai jamais adhéré à toutes ces prédictions d’hyperinflation, qui reposent principalement sur la théorie de quantité de monnaie et de la logique voulant que les prix augmentent en parallèle à une hausse de la ‘masse monétaire’ (basée sur la dette). Mais cette pièce d’un trillion de dollar ne serait pas créée à partir de rien. Et c’est là tout le problème. Elle serait simplement frappée par le Trésor, selon son bon vouloir.


Tout comme le pouvoir de l’anneau dans la trilogie de JRR Tolkien, le pouvoir de création monétaire est bien trop tentant pour que quiconque lui résiste. Une capacité à imprimer de manière illimitée s’avèrerait bien différente du processus actuel d’emprunt, et pourrait sans aucun doute entraîner une hyperinflation du dollar et de ses dérivés que sont l’euro, la livre sterling, etc… En conséquence, ce qu’il reste de stimulation de production sur nos marchés finirait par disparaître à mesure que personnes et actifs deviennent improductifs. Nous disposerions de plus en plus de monnaie contrefaite avec laquelle acheter des quantités phénoménales de biens, de produits alimentaires et d’énergie.


Observons maintenant l’impact que cela aurait sur les marchés du crédit. Aujourd’hui, le crédit est partout. Et passer depuis l’emprunt à l’impression de monnaie ne serait pas sans conséquences.


Sur le court terme, nous pourrions assister à une vague de chaos dans le même temps que les obligations cessent d’affluer sur les marchés. Les taux d’intérêts chuteraient-ils à mesure que les enchères grimpent sur les obligations ? De nombreuses institutions sont mandatées par la loi pour acheter des bons du Trésor. C’est l’une des raisons pour lesquelles les taux d’intérêts ne sont pas définis par les prévisions d’inflation. Le problème de la dette du Japon est bien pire que celui des Etats-Unis, et leurs taux d’intérêts sont moitié moins élevés.


La Fed cesserait-elle sa politique de QE pour acheter des obligations ? Cela pourrait avoir des conséquences surprenantes. Il se pourrait très bien que les taux d’intérêts continuent de chuter malgré l’absence d’achat d’obligations par la Fed. Un système de devise fiduciaire est un système fermé. Les dollars doivent bien aller quelque part, et si vous achetiez des actifs tangibles comme de l’or, alors celui qui vous aurait vendu l’or obtiendrait vos dollars. Et qu’en ferait-t-il ? Il les placerait auprès de sa banque ? Et qu’en ferait la banque ? Elle achèterait certainement des obligations. Si elle n’achète pas d’obligations, que peut bien acheter une banque pour  s’assurer un rendement plus important que le taux qu’elle a payé au déposant ?


Si la Fed ne cessait pas d’acheter des obligations, la situation pourrait devenir bien plus grave. La Fed possèderait de plus en plus d’obligations, tout particulièrement parce qu’elle se concentre sur le long terme. Qu’en seraient les conséquences si la Fed finissait par posséder toutes les obligations disponibles ? Plusieurs possibilités me viennent à l’esprit :


  1. La longévité moyenne des obligations possédées par le public continuerait sa course vers zéro – ce qui est inquiétant dans le sens où les obligations ne sont pas des devises, bien que les bons du Trésor à 30 jours en soient très proche.
  2. Les taux d’intérêts chuteraient de manière significative.
  3. Les emprunts à découvert des banques auprès de la Fed, contractés pour être ensuite prêtés au Trésor, prendraient fin dans le même temps que les banques se trouveraient privées de ressources – et comment pourraient-elles les remplacer?
  4. Les bons du Trésor sont utilisés comme collatéral. Ainsi, des crédits seraient bien plus compliqués à obtenir.
  5. Le débiteur marginal se retrouverait forcé de faire défaut (http://keithweiner.posterous.com/inflation-an-expansion-of-counterfeit-credit).
  6. Les obligations sont utilisées dans de nombreux arbitrages, qui s’en trouveraient grandement affectés.


Observons le sixième point en considérant que les actions suivantes soient entreprises simultanément :


1)      Emprunt de dollars

2)     Achat de barres d’or

3)     Vente de contrats à terme sur l’or


Ceci pourrait se prolonger tant que la loi suivante demeure d’actualité :

base or > coûts de financement


Base or = contrats à terme (enchères) – prix marché. C’est pourquoi pour acheter de l’or sur le marché, vous devez payer le prix marché demandé, et pour vendre sur le marché à termes, vous devez accepter l’enchère. La base or est traditionnellement un chiffre positif qui fluctue comme tous les autres prix sur le marché.


Les grosses banques ne paient aujourd’hui quasiment aucun intérêt pour emprunter. Pour de nombreuses raisons sur lesquelles je ne me pencherai pas ici, les taux d’intérêts sur le court terme sont généralement (mais, dans un système fiduciaire, pas toujours) inférieurs aux taux d’intérêts des obligations sur le long terme. Si les intérêts des obligations sur le long terme étaient forcés à la baisse, alors ils tireraient avec eux les coûts de financement sur le court terme, entraînant une baisse de la base or. Cela entraînerait une backwardation possiblement permanente de l’or (http://keithweiner.posterous.com/when-gold-backwardation-becomes-permanent).


Une chute des taux d’intérêts des dépôts irait à l’encontre des épargnants et de tous ceux qui vivent d’un salaire fixe, découragerait l’épargne, et encouragerait la prise de risques dans l’espoir d’un rendement. Ceci pourrait peut-être déboucher sur un autre fiasco des prêts immobiliers, ou offrir à la Grèce l’argent dont elle aurait besoin pour quelques années supplémentaires.


Si le taux de prêts en or est inférieur aux intérêts des obligations, alors deux autres lois devraient être ajoutées à notre liste :


4)     Prêt de l’or

5)     Achat de bons du trésor


Les termes ‘prêts de l’or’ sont légèrement fallacieux. Ce qu’il se passerait serait un swap d’or contre des dollars. A maturité, davantage de dollars devraient être payés sous forme d’intérêts.


A mesure que les taux d’intérêts des obligations diminuent, la base or diminue également. Mais cela pourrait également avoir un tout autre effet : décourager le porteur marginal d’or (les points 2 et 3 impliquent le portage d’or). Cela entraînerait une hausse de la base or, bien que cela ne signifie pas que le système monétaire se porte mieux. Cela pourrait élargir les fondamentaux qui signalent le manque de coordination économique (phénomène décrit sous le terme ‘Distorsion’ dans la section 2.1 de cet article : http://keithweiner.posterous.com/a-free-market-for-goods-services-and-money).


Il existe d’autres arbitrages qui impliquent les obligations et l’or.


Et il existe également d’autres arbitrages qui impliquent les obligations sans pour autant impliquer l’or. L’un d’entre eux est le suivant : position à découvert sur les obligations / position à la vente sur les actions à rendement élevé. Chacun a sa propre notion de ce que l’écart entre les deux devrait être.


Les bons du Trésor sont également utilisés pour finaliser des accords de vente ou de rachat, qui sont un peu comme des prêts qui nécessitent l’utilisation d’obligations comme nantissements. Que se passerait-il si les bons du Trésor étaient rendus moins disponibles parce que la Fed se mettait à frapper des dollars plutôt que d’en créer par l’emprunt ? Il serait certainement plus difficile pour les participants au marché d’obtenir des crédits, ce qui se manifesterait au sein de l’économie par un ralentissement du taux d’expansion du crédit (inflation). Cela signifie que dans un système fiduciaire, le crédit doive constamment s’étendre. Parce qu’il n’existe pas de moyen de recourir au problème de la dette, les débiteurs doivent emprunter de l’argent pour payer leurs intérêts nets. Cette monnaie nouvellement empruntée est porteuse d’intérêts qui doivent être empruntés, et ainsi de suite.


Il existe, en plus de cela, un arbitrage entre les bons du Trésor et les obligations de sociétés. Cela signifie que lorsque le taux d’intérêt des obligations diminue, celui des obligations de sociétés diminue également, ce qui entraîne une perte de capital pour les débiteurs (http://keithweiner.posterous.com/a-falling-interest-rate-destroys-capital), voire les forcent à faire défaut.


Il existe de nombreux arbitrages qui dépendent des obligations. Chacun d’entre eux est affecté par un changement en matière de taux d’intérêts, et leur analyse n’est pas une tâche futile. Une analyse de marché basée sur ces arbitrages représenterait un travail phénoménal. Mon objectif ici est de vous introduire à certains des facteurs à prendre en considération, et aux conséquences qu’implique une transition depuis l’emprunt à l’impression monétaire. Bien que je ne puisse pas prédire ce qu’il pourrait en découler, il est clair qu’imprimer un trillion de dollars aurait des effets pour le moins destructeurs.



 


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Keith Weiner est un entrepreneur dans les nouvelles technologies et président du Gold Standard Institute. Il s’est spécialisé dans l’analyse des métaux précieux et travaille à la promotion d’un retour à un véritable étalon or.
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