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Alors que les
Républicains viennent de terminer leur convention pour nommer Mitt Romney et clore le programme de leur parti, il se
pourrait fortement que la position qu’ils ont récemment
adoptée en la faveur de l’étalon or attire bientôt
tous les regards. Leur programme ne recommanderait pas pour ainsi dire un
retour à l’étalon or, mais proposerait
l’établissement d’une commission chargée d’en
considérer la possibilité. En revanche, à en juger par
la manière dont cette proposition a été reçue par
une majorité de Républicains, c’est à se demander
si le programme n’aurait pas mieux fait de proposer un retour à
l’esclavage.
Le fait que tant de
supposés conservateurs aperçoivent l’étalon or
comme l’équivalent monétaire de la théorie de la
Terre plate prouve bien à quel point le public Américain a
perdu toute compréhension du rôle de la monnaie au sein
d’une économie. Si un rapprochement pouvait effectivement
être fait entre les enthousiastes de l’étalon or et les
théoriciens de la Terre plate, il pourrait paraître
étrange que les banquiers centraux, qui peuvent aisément
être aperçus comme une sorte d’astronomes très
avancés, soient encore aujourd’hui tant attachés à
leurs coffres d’or. Si l’or était si obsolète,
pourquoi ces banquiers l’utiliseraient-ils encore pour soutenir leurs
positions ?
L’idée qu’en
ont la plupart des économistes est qu’un retour à
l’or représenterait un pas en arrière pour notre
système monétaire – un peu comme échanger une voiture
contre un cheval. En revanche, le papier monnaie n’est pas nouveau. Il
existe déjà depuis des siècles, et sur de nombreux
continents. Mais à chaque fois qu’une nouvelle forme de monnaie
papier est entrée en circulation, elle a fini par entraîner un
désastre économique.
A l’époque de la
fondation des Etats-Unis, les abus représentés par le papier
monnaie étaient compris de tous. Les Pères Fondateurs auraient
pu donner à la Réserve Fédérale le pouvoir d’imprimer
de la monnaie, pouvoir qui était alors délégué au
Congrès Continental par les Articles de la
Confédération. La Constitution représentait en ce sens
une amélioration. Ses signataires, ayant fait
l’expérience des horreurs que pouvaient causer la devise
Continentale (ayant été utilisée pour financer la guerre
d’indépendance des Etats-Unis) choisirent de limiter le pouvoir
de frappe de la monnaie, qui pour des raisons légales fut
définie comme étant de l’or ou de l’argent.
En conséquence de ce
choix très sage, l’économie des Etats-Unis a pu
renaître, et faire de son pays la nation la plus riche du monde. Depuis
que l’étalon or fut abandonné en 1971, les Etats-Unis
sont peu à peu devenus le plus important débiteur du monde, et
sont aujourd’hui au bord de l’effondrement financier. Il est
assez ironique de voir que ceux qui pensent que l’étalon or ne
peut fonctionner utilisent pour justifier leur point de vue l’exemple
de la décision de Nixon de fermer le guichet de l’or. En
réalité, c’est précisément en raison du
trop bon fonctionnement de l’étalon or que Nixon n’eut pas
d’autre choix que de l’abandonner.
En 1971, l’étalon
or forçait l’administration de Nixon à faire face
à une difficile décision politique. L’importante
augmentation des dépenses gouvernementales associées aux
programmes de Grande Société, aux combats contre la
pauvreté, à la guerre du Vietnam et aux projets
aérospatiaux déboucha sur d’importants déficits.
Le gouvernement prit donc la décision d’imprimer beaucoup de
monnaie, faisant ainsi s’abattre sur les Etats-Unis de fortes vagues
d’inflation. En conséquence, les prix triplèrent par
rapport à leurs niveaux de 1932. Le prix de l’or, quant à
lui, était toujours maintenu à 35 dollars par once, ce qui
poussa les créditeurs étrangers des Etats-Unis à
échanger leurs dollars papiers contre de l’or (il était
illégal pour les citoyens Américains que d’en faire
autant). Cette situation entraîna un véritable drain des
réserves d’or des Etats-Unis, et si une décision n’était
pas prise rapidement, le pays perdrait bientôt toutes ses
réserves de métal.
Conserver l’étalon
or offrait deux options au gouvernement. La première était de
dévaluer le dollar et augmenter le prix de l’or en fonction de
l’indice des prix à la consommation. Le prix de l’or
aurait ainsi dû être passé à plus de 100 dollars de
l’once. Alternativement, le gouvernement aurait pu retirer
l’excès de dollars de la circulation et aligner l’indice
des prix à la consommation avec un prix de l’or de 35 dollars.
En d’autres termes, il avait le choix entre dévaluation ou
déflation. Aucun de ces choix n’était politiquement
alléchant, puisqu’ils auraient tous deux mis fin aux
dépenses gouvernementales.
L’étalon or
forçait le gouvernement à faire face à ses politiques
fiscales irresponsables. Nixon a tout d’abord tenté de
dévaluer le dollar, mais à une si petite échelle
qu’il ne parvint pas à mettre fin à
l’évasion de son or. Il décida donc d’abandonner
l’étalon or (bien qu’il ait à l’époque
précisé que sa décision ne serait que temporaire). Sans
cette relique, le gouvernement pourrait continuer de financer ses
dépenses sans continuer de perdre son or. Plutôt que de choisir
la voie de la dévaluation ou de la déflation, il a choisi la
voie de l’inflation. Beaucoup perçoivent
l’impossibilité de déficit perpétuel sous
l’étalon or comme la preuve de son incompatibilité avec
l’économie moderne. De la manière dont je vois les
choses, c’est précisément la raison pour laquelle nous
avons tant besoin d’un étalon or aujourd’hui.
Les partisans des politiques
d’impression monétaire et de dépenses gouvernementales
perçoivent l’étalon or comme étant l’ennemi
d’une économie saine. En revanche, si vous croyez en la
liberté individuelle et en la limitation du gouvernement, alors
l’étalon or est votre meilleur allié. Si Nixon avait pris
une meilleure décision, les conséquences initiales auraient pu
s’avérer plus graves, mais après une décennie, les
Etats-Unis se seraient retrouvés en une bien meilleure posture.
Inutile de dire que notre nation serait aujourd’hui bien plus riche
qu’elle ne l’est, puisque nous n’aurions pas
été placés dans la capacité de saigner nos
richesses au travers de deux générations de dépenses
déficitaires.
Beaucoup de gens ont une
mauvaise impression de l’étalon or puisqu’il
prévient les banques centrales d’utiliser des politiques
monétaires pour gérer l’économie. C’est en
revanche l’un de ses meilleurs attributs. Sous un étalon or, le
marché libre détermine la masse monétaire et les taux
d’intérêts. Sous notre système actuel de papier
monnaie, une poignée de banquiers centraux - ayant un pied en politique - est
chargée de prendre ces décisions à la place du
marché. Les résultats de leurs décisions sont bien
sûr catastrophiques, au regard de la récente bulle sur
l’immobilier et de la crise financière actuelle.
Dans une économie de
marché, les prix sont déterminés par l’offre et la
demande. Les taux d’intérêts, qui peuvent être
décrits comme représentant le prix de la monnaie, sont les plus
important prix de tous. Le seul moyen d’obtenir un taux
d’intérêt juste est de laisser le marché faire son
travail. Donner aux banquiers centraux le pouvoir de manipuler les prix ne
peut déboucher que sur un désastre. Malheureusement, nous avons
déjà pu en attester de nombreuses fois, et l’étalon
or est le seul moyen qui s’offre aujourd’hui à nous pour
rétablir la situation. J’espère fortement que les
Républicains s’en rendent compte.
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