Ambrose Evans-Pritchard, dans
un article publié pour le journal The Telegraph (www.telegraph.co.uk), s’est inquiété de
la déflation en Europe, en mentionnant que si elle venait à s’éterniser
elle pourrait entraîner un désastre économique en Europe.
Ce que nous observons
aujourd’hui n’est qu’une répétition de ce qui s’est déjà produit dans le
monde, d’une expérience passée de monnaie fiduciaire, comme l’explique Andrew
Dickson White dans son livre « La
Crise financière française de 1789-1799 », réimprimé en 1933, à
l’époque où un grand avocat de la manipulation monétaire faisait son entrée
en scène.
Dans la France
révolutionnaire, l’Assemblée nationale était composée des hommes les plus
brillants du pays. Ils étaient les Lumières de leur temps. En tant que
prêtres de la déesse de la Raison, ils ne pouvaient pas comprendre pourquoi
la raison humaine ne devrait pas créer une monnaie artificielle grâce à
laquelle l’économie française pourrait fonctionner à la perfection.
A l’époque, il existait déjà
des opposants à l’idée d’une nouvelle devise artificielle baptisée
« Assignat ». Ils pointaient du doigt les conséquences désastreuses
des expériences précédentes de la France avec la monnaie artificielle,
lancées en 1720 par l’aventurier écossais John Law. Mais comme ceux qui
aujourd’hui pensent que le système monétaire actuel mènera à un désastre de
grande ampleur, ils ont perdu la bataille face à ceux qui représentaient
l’esprit dominant de l’époque.
De la même manière que nos
Bernankes d’aujourd’hui, les révolutionnaires français qui ont promu
l’Assignat étaient certains de son succès. Quand des problèmes ont commencé à
survenir, comme la perte constante de valeur de l’Assignat face à l’or, ils
ont décidé de punir les acheteurs d’or.
Quand le commerce a manqué
d’être ravivé et que la population a commencé à avoir faim, tout ce que
pouvaient faire ceux qui avaient inventé l’Assignat est ce que conseille
aujourd’hui Ambrose Evans-Pritchard aux maîtres de l’Euro :
« Imprimer plus, et vite ! »
Les révolutionnaires français
ont imprimé, imprimé et imprimé encore.
Quand l’expérience ridicule a
pris fin et que les ateliers d’impression monétaire et les montagnes
d’Assignats qui n’étaient pas encore entrées en circulation ont été brûlées
sur ce qui est aujourd’hui la Place Vendôme à Paris, qui en est sorti
gagnant ?
Les grands bénéficiaires de
l’inflation ont été les plus riches, qui sont devenus encore plus riches
qu’ils ne l’étaient déjà.
Pendant l’inflation de
l’Assignat, les insiders avaient généré d’énormes dettes, que l’abolition de
l’Assignat est venue balayer. Avec leurs Assignats empruntés, ils ont pu
acheter des terrains à l’Etat – terrains qui appartenaient à l’Eglise
catholique et dont l’évêque catholique Talleyrand avait demandé
l’expropriation par l’Etat.
Avec les Assignats, les plus
riches ont pu mettre la main sur les objets de valeurs qui les intéressaient.
Et qui s'est retrouvé sans
rien? Le peuple français, qui avait épargné des Assignats parce qu’il faisait
confiance aux hommes les plus brillants de France, aux révolutionnaires de
l’Assemblée nationale.
Aucun de ces hommes ne s’est
excusé auprès du peuple français pour le désastre causé.
Ambrose Evans-Pritchard finira
par voir à quoi mènera l’obsession du monde pour la monnaie fiduciaire, si
tant est qu’il vive assez longtemps. Le résultat n’en sera qu’un effondrement
des systèmes monétaires et financier, peut-être même pire.
Je ne serai certainement plus
de ce monde d’ici là. Mais n’allez pas croire que ceux qui pensent que la
monnaie fiduciaire est la seule qui puisse jamais exister s’excuseront un
jour pour leur arrogance et leurs erreurs fatales.