En Chine, le
mal-investissement ne cesse plus de prendre de l’ampleur. Techniquement,
cette croissance vient s’ajouter au PIB, mais viendra un jour où elle devra
être amortie.
Les villes fantômes, les centres
commerciaux déserts et les gares vides de Chine font la une de journaux
depuis des années. Le plus gros centre commercial du monde est inoccupé, et
des villes entières sont complètement désertes.
Une autre ville vient
désormais s’ajouter à la liste des villes désertes, et pas des moindres.
Voici un extrait de l’article de Bloomberg intitulé China Builds Its Own Manhattan -- Except It's a Ghost Town.
Le projet de la Chine de construire sa propre Manhattan
voit le jour sur un fond d’immeubles de bureaux vides et d’hôtels inachevés,
et vient souligner le risque d’un ralentissement de l’économie chinoise
perchée au sommet d’un boom de l’investissement sans précédent.
Le paysage aux mille gratte-ciels du district de Conch
Bay, dans la ville portuaire de Tanjin, n’a vu de près rien du tout de
l’agitation d’une métropole, avec ses vitres de verre couvertes de poussière
et ses constructions en suspens. La région a échoué à attirer de nouveaux
locataires dès la fin de la construction du premier immeuble en 2010, chose
qui s’avère être de mauvais augure pour le projet d’Yujiapu, situé de l’autre
côté du fleuve Hai, qui prend exemple sur Manhattan et dont la construction
est encore en progrès.
La zone déserte souligne les difficultés à laquelle se
heurte la Chine, à l’aube du ralentissement d’une orgie de l’investissement
financée par le crédit, pour soutenir la croissance et l’emploi au sein de la
deuxième économie du monde. Un véhicule de financement gouvernemental de la
région de Tianjin lié au développement a vu ses revenus chuter de 68% en 2013
pour passer à une quantité à peine aussi élevée que le tiers de ses dettes
annuelles pour 2014.
« Des comptes devront être réglés », a expliqué
Stephen Green, directeur de recherche chez Standard Chartered Plc, à Hong
Kong. La vente d’obligations par les gouvernements locaux pour rembourser les
prêts bancaires ne servent qu’à acheter du temps. « Les gens devront
payer » pour ces erreurs grâce à des bail-outs, à une recapitalisation
des fonds publics et à l’inflation.
Conch Bay a présenté quelques signes de vie le 19 juin à
l'occasion d'une visite de journalistes de Bloomberg. La construction de
Glorious Oriental, un complexe résidentiel et de bureaux composés de deux
gratte-ciels, a été suspendue. Au nord de Conch Bay, le bâtiment principal de
l’hôtel Country Garden Phoenix, l’un des plus gros hôtels d’Asie, n’est
qu’une carcasse déserte qui ne présente aucun signe de travaux en cours.
Les appels passés aux bureaux du Glorious Oriental à Pékin
et à Tianjin sont restés sans réponse.
Wang Wei, un résident de Tianjin de 34 ans, s’est rendu en
voiture dans la région pour se faire une idée du prix des propriétés,
simplement pour les y trouver six fois plus élevés que ce qu’il aurait été
prêt à payer. « J’ai entendu beaucoup de choses à propos de Conch Bay,
mais ce n’est pas un endroit où vivre – du moins pas pour le moment »,
a-t-il dit. Il n’y a pas de magasins, pas d’écoles, pas d’hôpitaux et pas de
voisins ».
Une ville déserte
Les immeubles du district de Conch Bay, à Tianjin, en Chine. Photographe:
Steve Engle/Bloomberg
Les cas comme celui-ci sont exactement la raison pour laquelle
la Chine n’est pas prête de prendre le pas sur les Etats-Unis.
La croissance chinoise est exagérée, les
mal-investissements abondent, les prix relèvent de l’absurde, et les
opérations bancaires parallèles qui financent ces développements finiront par
imploser.