USA : les classes moyennes lessivées

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Published : April 27th, 2010
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Pourquoi la reprise des économies occidentales, tant espérée par nos politiciens pour nettoyer les écuries d'Augias de l'endettement public, ne sera-t-elle, dans le meilleur des cas, que molle ? Pourquoi n'est il pas hélas inenvisageable de croire à une nouvelle phase de récession ?

Parce qu'entre autres effets pervers de l'éclatement de l'actuelle bulle immobilière, le pire de tous est peut-être le "lessivage" complet du patrimoine des classes moyennes, observable aux USA, comme nous allons le voir, mais que l'on peut certainement anticiper de la même façon dans des pays tels que l'Espagne et la Grande Bretagne, qui ont eux aussi usé et abusé du crédit hypothécaire rechargeable pour financer non seulement des mal-investissements immobiliers, mais de la sur-consommation basée sur des valeurs artificiellement élevées des actifs immobiliers existants.

 

Le patrimoine net immobilier au plus bas

 

Le graphique ci dessous (source: calculated risk blog, à partir de données brutes FED) représente le solde de la valeur du patrimoine immobilier américain minoré par la dette des ménages, en pourcentage de la valeur totale du patrimoine:

 

Equity%= (P-D)/P ou encore E%=1-D/P

 

 


La situation observée depuis 2006 est unique, avec une chute du patrimoine net de sa fourchette historique de 60-70% à 34% en 2009 et encore 38% début 2010.

Dans les premières années de bulle, le ratio est resté à peu près stable, ce qui montre que le prix immobilier a purement et simplement suivi l'augmentation généralisée de l'endettement. Puis en 2006, lorsque la capacité d'endettement de nouveaux acheteurs a commencé à s'amenuiser, la valeur des maisons dans les états les plus bullaires a commencé à chuter, alors que la dette, elle, est restée. La légère remontée de la fin de 2009 s'explique à la fois par le début du désendettement des ménages, qui devrait se prolonger, et un soutien gouvernemental aux prix des logements qui ne pourra pas durer. Bref, le rebond ne traduit pas, selon moi, une tendance de fond.

Signification pour la classe moyenne US

Or, il y a 75 millions de maisons principales aux USA occupées par leur propriétaire aux USA, dont 24 millions "libres d'hypothèques", soit 32% du total. Il n'existe pas de statistique sur ces 32% de logements "libres d'hypothèques", on pourrait admettre qu'ils représentent 32% de la valeur totale, mais la réalité est sans doute plus proche de 28-30%: les dettes des ménages dans les états les moins bullaires sont sans doute moins élevées, plus vite remboursées, et les changements de maison purement spéculatifs y ont été sans doute un peu moins vifs qu'ailleurs.

En admettant que ces 32% représentent 30% de la valeur totale du patrimoine immobilier américain, ce qui ne doit pas être trop éloigné de la vérité, cela nous laisse 68% des propriétaires avec une hypothèque sur le dos qui ont vu fondre leur valeur patrimoniale nette moyenne à environ 8% de la valeur totale du parc de logements US. Ce chiffre de 8% inclut les 14 millions de ménages sur 51, soit 27% des ménages avec hypothèque, qui sont actuellement considérés comme étant en "negative equity", c'est à dire que leur dette est supérieure à la valeur de leur maison.

La valeur du parc de logements US a fondu de 23 mille Md$ fin 2006 à 16,5 Mille Mds fin 2009. Dans le même temps, l'endettement hypothécaire des ménages a atteint 10,5 KMd$.

La valeur nette totale du patrimoine des ménages (incluant les actifs non immobiliers, essentiellement financiers) a quant à elle décru de 64 KMd$ en 2005 à 54 KMd$ fin  2009 avec une chute à 48KMd$ au premier trimestre 2009 (source PDF). Mais la richesse financière, hors immobilier, a toujours été fort inégalement répartie, les 80% des ménages les moins riches n'en possédant que 7%, dont une bonne partie dans leurs comptes épargne retraite 401K. La richesse immobilière nette transférable de la classe moyenne américaine soumise à une hypothèque (48% du total des ménages) sur sa maison est donc tombée à environ 8% de 16,5 KMd$, soit... 1300 Md$, à peine 2,5% du patrimoine net total des américains.

Et la chute n'est pas terminée.

Il semblerait que les banques, qui "trainaient" pour enregistrer l'afflux de banqueroutes personnelles, aient augmenté le rythme des ventes liquidatives. Autrement dit, elles se sont servi du cadeau tombé du ciel, à savoir le plan de sauvetage Paulson-Bernanke, pour reconstituer un peu de trésorerie durant l'année comptable 2009, non sans omettre de se verser de gros bonus (on ne sait jamais ce que l'avenir réserve...), et maintenant que les normes comptables les obligent à nouveau à enregistrer en temps "presque réel" les pertes sur leurs prêts non performants, elles se mettent à enregistrer les faillites de leurs clients plus rapidement.

Par conséquent, les "ventes à l'encan" vont reprendre de plus belle, promettant une poursuite de la baisse de la valeur patrimoniale du parc de logements US. Cette baisse affectera en premier lieu les ménages sous hypothèque, dont le pourcentage en negative equity va encore augmenter. D'autant plus que les programmes fédéraux d'aides aux emprunteurs en difficulté vont bientôt atteindre leurs enveloppes plafond.

La suspension des règles comptables strictes pendant un an et les programmes de subventions aux ménages ont permis d'enregistrer le léger rebond technique du patrimoine immobilier net observé fin 2009 : mon pronostic est que cela ne durera pas.

Conséquences économiques

La classe moyenne américaine est le poumon de son économie. C'est parmi cette classe que l'on trouvera les fondateurs et les financeurs des nouvelles entreprises de demain. Sans cette classe moyenne prompte à s'enthousiasmer pour nombre de jeunes entreprises dont certaines deviendront des stars de la cote (Apple, Microsoft, Intel, Wal Mart, Google... toutes fondées après guerre), et dont des milliers constitueront une légion d'entreprises moyennes faisant vivre et prospérer une grande majorité des ménages, les innovations qui permettront de sortir de la crise auront plus de mal à émerger que par le passé.

Pour la première fois depuis que la statistique existe, la classe moyenne est du point de vue de son patrimoine "lessivée" par son surendettement.  Par conséquent, elle ne pourra plus financer comme elle l'a fait hier son écosystème de l'innovation.

 

La stratégie gouvernementale visant à tenter de regonfler le dénominateur P (patrimoine) de l'expression 1-D/P est un échec. Le seul moyen de redonner à la classe moyenne la possibilité de financer les emplois de demain, et d'en tirer profit, en quelque sorte, de ressusciter le rêve américain, est d'en réduire la dette D, c'est à dire d'accélerer les faillites inévitables, pas de les retarder par des artifices qui ne laisseront derrière eux qu'un peu plus de dette à la charge de l'état...

 

Bref, la "reprise" que le rebond des marchés financiers est censée nous annoncer, ne repose pas sur des fondations solides.

 

Il faut que les comptes des ménages, des entreprises non financières et des banques prennent en compte les prêts impossibles à rembourser, les produits dérivés impossibles à honorer, enregistrent les pertes correspondantes, provoquent les échanges de dette contre capital que ces faillites induisent, et qu'une fois cette purge faite, on s'interroge sur l'environnement économique et institutionnel capable de garantir que la croissance retrouvée se fera sur des bases plus saines, c'est à dire à l'abri de la formation de bulles de dettes telles que celle que nous venons de la vivre. Mais c'est une autre histoire.

 

Vincent Bénard

Objectif Liberte.fr


Vincent Bénard est Président de l'institut Hayek (Bruxelles) et Senior Fellow de Turgot (Paris), deux thinks tanks francophones dédiés à la diffusion de la pensée libérale, et sympathisant des deux seuls partis libéraux français, le PLD et AL

Publications :

"Logement: crise publique, remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat

Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république, bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La doc française, avec Pierre de la Cos

 

 

 

 

 

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Vincent Bénard, ingénieur et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org).
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Ils sont convaincus, en leur for intérieur, que le rejet de l’opinion est le fruit de l’augmentation vertigineuse du taux de chômage sur laquelle ils n’auraient pas de prise. Ils pensent qu’un retournement de la croissance, annoncé par le ministre de l’économie en 2014, est de nature à renouer le lien de confiance avec les citoyens. Or, tout à leur volonté de bien faire et de plaire (pourquoi leur dénier cette ambition), ils vivent désormais dans un monde imaginaire, un univers de petits bonshommes et petites bonnes femmes confits de leur réussite et de leur importance, coupé des réalités matérielles et psychologiques de la Nation. Tapant en permanence à côté de la plaque, ils sont dans l’incapacité absolue de percevoir les raisons du drame qui est en train de se nouer et par conséquent, d’assumer leur responsabilité, voire de corriger le tir. Les Français, par delà droite et gauche, sont un peuple intelligent qui sanctionne aujourd’hui une conduite, un comportement, et ne leur pardonnera jamais les fautes de nature éthique commises depuis 14 mois : - Un sectarisme profond, qui se traduit dans un langage de haine permanent envers l’opposition démocratique ou l’épuration de la fonction publique ; - La stratégie quotidienne de dissimulation ou d’enfouissement, notamment sur les faits divers, l’insécurité, les banlieues, l’immigration ; - Les déchirements d’une Nation qui est avide d’unité, notamment dans la manière dont a été menée la réforme du mariage; - La dérobade et le refus d’assumer des décisions difficile et impopulaire (sur les retraites, le temps de travail) ; - Un comportement obtus qui consiste à s’enfermer et persévérer dans ses erreurs notamment le matraquage fiscal, cause majeure de l’effondrement économique ; - La soumission aux groupes de pression, souvent les plus radicaux, qui donnent le sentiment d’avoir pris le contrôle du pays ; - L’usage de la méthode Coué, sur l’emploi et la croissance, dont les Français sentent bien le caractère artificiel et de fuite devant le réel. - L’habitude prise, scandaleuse aux yeux des Français, d’accuser leurs prédécesseurs de tous les maux , ce qui revient à se dérober face au principe de responsabilité. Il ne sert strictement à rien de déverser des torrents de haine ou de caricature envers les dirigeants du pays. La question n’est plus celle d’une politique de gauche ou de droite. Le phénomène auquel nous assistons n’est pas seulement celui de l’échec d’une politique, mais un immense malentendu entre l’équipe au pouvoir et la Nation qui paraissent vivre dans deux mondes différents, l’une dans son fantasme et l’autre dans le réel, un immense malentendu sans précédent dans l’histoire récente. S’il y avait un homme d’Etat dans cette barque folle, ce vaisseau fantôme, à la dérive, il taperait du poing sur la table, provoquerait un événement, une démission majeure, une dissolution, un référendum, un coup d’éclat, un choc psychologique, pour tenter de conjurer la catastrophe. Tel n’est à l’évidence pas le cas.
atlantico
Foutus !

Detroit, précurseur du destin des USA.

Si vous voulez voir le résultat final que donnera la politique menée par Obama, alors regardez du côté de Detroit.

"Tout ce qui n'est pas jeté est volé. Les usines et maisons ont été dépouillées de quasiment tout objet de valeur. Les voleurs s'en prennent désormais aux pots d'échappement de voitures. L'analphabétisme atteint les 47%. La moitié des adultes de certaines zones sont au chômage. Dans de nombreux quartiers, le seul signe d'activité est une personne marchant lentement vers le magasin de spiritueux."

Maintenant, voici la description étrangement prophétique de Starnesville, une ville du centre-ouest des États-Unis dans le roman dystopique d'Ayn Rand, La Grève. Cette ville avait été le foyer de la grande Twentieth Century Motor Company, mais avait décliné

à cause du socialisme. mdr!!!!

"Quelques maisons étaient encore debout dans le squelette de ce qui avait été autrefois une ville industrielle. Tout ceux qui pouvaient se déplacer étaient partis, mais quelques personnes étaient restées. Les bâtiments vides étaient en ruines, ils avaient été mangés, non pas par le temps, mais par les hommes : des planches arrachées au hasard, des tuiles manquantes, des trous laissés dans des caves brûlées. On aurait dit que des mains invisibles s'étaient emparées de tout ce qui pouvait servir sur le moment, sans aucune notion de rester en vie le lendemain matin. Les maisons habitées étaient dispersées au hasard parmi les ruines, la fumée de leurs cheminées restant le seul mouvement visible de la ville. Une coque de béton, qui avait été une école, se tenait à la périphérie. Elle ressemblait à un crâne, avec les orbites vides de ses fenêtres sans vitres et quelques mèches de cheveux s'accrochant, sous la forme de câbles à l'abandon.
Lorsque Ayn Rand publia ces mots en 1957, Detroit était, selon la plupart des indicateurs, la ville avec le plus haut PIB par habitant des États-Unis.

La Starnesville de la réalité, tout comme la fictionnelle, a dépéri lentement, puis s'est effondrée rapidement.

[...] Bien entendu, The Observer cite un natif de Detroit se plaignant que "le capitalisme a échoué". Mais le capitalisme est justement la seule chose dont cet endroit a désespérément besoin. Detroit est dirigée par une administration de gauche depuis un demi-siècle. La ville a dépensé et emprunté trop, chassant les entreprises et devenant un outil des syndicats.
Sur les 11 milliards de dollars de la dette de Detroit, 9 milliards représentent les salaires et les retraites du secteur public. Sous la montagne de ces dettes accumulées, l'argent ne va plus dans les services, mais dans les retraites. Le résultat ? La police met une heure à répondre à un appel d'urgence et les deux tiers des ambulances ne sont plus en état de rouler. C'est un échec non pas du secteur privé, mais de l’État. Et aujourd'hui encore, l’État se bat pour sa clientèle : un tribunal a annulé la demande de faillite au motif que "cela réduira les retraites des employés du secteur public".

Ce qui nous amène à ce qui est le plus terrifiant. Detroit pourrait tout aussi bien être un précurseur du reste des États-Unis. Pour citer Mark Steyn du National Review :

"Comme Detroit, les États-Unis ont des dettes non capitalisées, à hauteur de 220.000 milliards de dollars selon l'économiste Laurence Kotlikoff. Comme Detroit, les États-Unis chouchoutent la classe gouvernementale et étendent la classe dépendante. Au point que sa "réforme de l'immigration" en accord avec les deux principaux partis va recruter activement entre 50 et 60 millions d'immigrants peu qualifiés. Comme à Detroit, les institutions publiques des États-Unis sont de plus en plus les responsables corrompus d'un système à parti unique, les exemples les plus évidents étant l'IRS et le Département de Justice au nom trompeur. Comme Detroit, les États-Unis se transforment en une classe d'"organisateurs de communautés" et d'habitants malheureux des communautés ainsi organisées."
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PLOECKS HORS DE MA VUE - 8/4/2013 at 7:26 AM GMT
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