Vendre la poule aux œufs d’or

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Published : May 04th, 2017
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Category : Today's Editorial

Le Venezuela est une nation naturellement riche. Il est classé septième à l’échelle globale en matière de biodiversité, et dispose des plus grosses réserves de pétrole au monde. C’est un pays qui mérite, plus que n’importe quel autre, de prospérer. Mais comme tous les autres pays, le Venezuela traverse des cycles économiques, et lorsqu’il se trouve sur une pente descendante, ceux qui aspirent à le diriger s’empressent de déclarer que les riches avares ont fait déraper l’économie (il arrive parfois que ce soit le cas) et que la solution est d’adopter une approche collectiviste de gouvernance.

En 1989, le Venezuela a traversé un retournement économique. Des émeutes ont éclaté, suivies par deux tentatives de coup en 1992. L’année suivante, le président Pérez a été destitué pour avoir détourné des fonds publics, et le tapis rouge de toutes les opportunités a été déroulé devant les pieds de l’ancien participant au coup d’Etat, Hugo Chávez. Ce dernier est devenu président. Une nouvelle constitution a été rédigée en 1999 et, comme dans bien d’autres pays par le passé, le peuple a acclamé l’arrivée du nouveau régime collectiviste.

« Quand les gens peuvent voter quant à des questions relatives au transfert de capital vers eux-mêmes depuis d’autres, les bulletins de vote deviennent des armes au travers desquelles la majorité pille la minorité. C’est là un point de non-retour, le moment même où est enclenché un mécanisme apocalyptique qui accélère ensuite jusqu’à ce que le système s’autodétruise. Ceux qui se trouvent pillés, fatigués d’être des victimes, se joignent aux pilleurs. Ainsi, la base productive de l’économie diminue sans cesse jusqu’à ce qu’il ne reste rien d’autre que l’Etat. » - G. Edward Griffin

Comme pour toutes les autres expériences collectivistes, les nouvelles habilitations accordées à la population ont dû être financées d’une manière ou d’une autre et, comme c’est toujours le cas, les créateurs de capital du pays ont dû payer pour qu’il soit redistribué aux moins productifs.

Au tout début, cette forme de pillage semblait bien fonctionner et, chose peu surprenante, bon nombre des partisans de monsieur Chávez le percevaient au départ comme un messie. Malheureusement, chose inévitable, le pillage de leur capital à ceux qui le créent leur rend de plus en plus difficile la tâche qu’est d’élargir la création de capital, et ce dernier continue d’être drainé, puis se contracte pour rendre la nation toute entière plus pauvre sous tous rapports.

Le système collectiviste finit par tomber à genoux et, le hasard faisant bien les choses, la descente aux enfers du Venezuela s’est produite au moment même de la mort de son cher leader.

En 2013, l’ancien chauffeur de bus, Nicolas Maduro, a été élu pour lui succéder. Deux mois auparavant, la devise du pays avait été dévaluée pour faire face aux pénuries excessives de biens de première nécessité, et le Venezuela a plongé dans la récession moins d’un an après l’arrivée au pouvoir de Maduro. En 2016, une situation d’urgence nationale a été déclarée et des décisions désespérées ont été prises pour répondre au déclin économique du pays, qui ont quelque peu apaisé la population en difficulté mais ont, ultimement, aggravé la situation.

A mesure que les conditions se sont empirées, les « solutions » employées par monsieur Maduro sont devenues de plus en plus désespérées. (note de l’éditeur : Jeff Thomas a apporté son point de vue quant à la situation du Venezuela dans diverses éditions d’International Mal : « Watch the Movie, » Jan. 2014, « Venezuela, the Sequel, » Déc. 2016 et « A Chicken in Every Pot, » Déc. 2106.)

Ce faisant, Maduro s’est prouvé être peu créatif. Il s’est tourné vers toutes les mesures classiques qui avaient déjà été utilisées par les autres collectivistes avant lui. Le plus malheureux conflit auquel se heurte un chef collectiviste se trouve être que la solution véritable à ses problèmes est un retour à un système de marché libre, mais qu’il n’oserait jamais admettre que sa raison d’être a été établie sur un principe erroné.  

Il est important de noter que, dans n’importe quelle nation, la population tend à croire que les efforts de son dirigeant, aussi imparfaits qu’ils aient pu être, avaient pour objectif de servir le peuple. Ce n’est cependant presque jamais le cas. J’ai personnellement connu bien des chefs d’Etat, et suis en mesure d’attester que peu importe la nation qu’ils représentent, leur souci premier est leur bien-être personnel. A dire vrai, ceux chez qui ce désir de bien-être personnel prend des proportions presque pathologiques sont aussi souvent ceux qui parviennent le plus rapidement au pouvoir, en raison de leur détermination et de leur obsession pour la gloire personnelle.

Ainsi, monsieur Maduro s’est reposé sur toujours plus de contrôles des prix et des capitaux, de dévaluations de la devise nationale, et de prises de contrôle d’entreprises privées. Chacune de ces mesures a accéléré la chute de l’économie du Venezuela.

La conséquence en a été un déclin de la création de capital, la cessation de production de nombreux produits essentiels, la prise de contrôle d’usines par les forces militaires, une hausse catastrophique du crime, une aliénation des partenaires commerciaux, acheteurs et vendeurs étrangers, et une incapacité du pays à rembourser sa dette gouvernementale.

Ce dernier échec a donné lieu à une situation ironique. Bien que la devise nationale soit en état d’hyperinflation, le Venezuela est incapable de payer pour les livraisons de nouveaux billets de banques commandés à des ateliers monétaires étrangers, parce que ces derniers ne font pas confiance à sa devise.

Si le chef du pays ressentait vraiment une quelconque loyauté envers son pays ou son peuple, il aurait renoncé à ses fonctions bien avant d’en arriver là.

Et pourtant, très peu le font. Qu’il s’agisse de Juan Perón ou de Fidel Castro, quelles que soient les difficultés rencontrées par la populace, tous s’accrochent coûte-que-coûte aux rênes du pouvoir. Et tous conservent leur mode de vie luxueux, accentuent les mesures responsables de la destruction d’en bas, et deviennent plus autocrates encore.

Il est important de comprendre qu’il est très inhabituel pour un chef d’Etat de capituler à ce stade. Tous préfèrent généralement regarder leur pays partir en fumée plutôt que de renoncer à ce qu’ils ont.

Et voilà que Maduro, n’ayant plus aucun lapin à sortir de son chapeau, a pris la décision de vendre la poule aux œufs d’or responsable de la création de capital dans son pays – son pétrole.

PetroPiar appartient à hauteur de 70% à la société publique Petróleos de Venezuela, et à hauteur de 30% à son partenaire étranger, Chevron. Le gouvernement a offert de vendre une partie de ses parts au russe Rosneft, ainsi que des droits d’extraction de pétrole dans la ceinture de l’Orénoque. Ce n’est là pour Chevron rien de moins qu’un coup de poignard dans le dos. (Rosneft a été menacée de sanctions par les Etats-Unis, ce qui n’a bien entendu pas été le cas de Chevron).

Le Venezuela a également exproprié des actions appartenant à ConocoPhillips, pour lesquelles il n’a pas encore versé de compensation, et le pays négocie actuellement avec une banque d’investissements japonaise en vue d’obtenir de nouveaux financements.

Toutes les mesures ci-dessus ont été prises dans une tentative désespérée de rembourser la dette qui, jusqu’à présent, a permis à l’économie du Venezuela de continuer de fonctionner. Elles permettent également des livraisons d’urgence de carburant afin que le Venezuela ne se retrouve pas paralysé. Bien que le Venezuela dispose de 18 raffineries, ces dernières ont également été victimes de la crise économique, et sans réserves de pétrole d’urgence venues de l’étranger, des milliers d’employés seront bientôt incapables de se rendre au travail et de maintenir ce qu’il reste de l’économie à flots.

Et monsieur Maduro, afin de prolonger son séjour dans le palais présidentiel, vend aujourd’hui sa poule aux œufs d’or. Pour ceux qui se demandent pourquoi une nation en difficulté économique ne se relève que rarement au cours d’une même génération, la réponse est rendue évidente par le cas du Venezuela. Les chefs d’Etat préfèrent vendre ou détruire tout ce qui a de la valeur pour leur pays et éliminer les ressources au travers desquelles une reprise pourrait être possible, même si leur pays s’en retourne ensuite à un système de marché libre, plutôt que de renoncer à leur pouvoir.

 

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