Le Venezuela est une nation
naturellement riche. Il est classé septième à l’échelle globale en matière de
biodiversité, et dispose des plus grosses réserves de pétrole au monde. C’est
un pays qui mérite, plus que n’importe quel autre, de prospérer. Mais comme
tous les autres pays, le Venezuela traverse des cycles économiques, et lorsqu’il
se trouve sur une pente descendante, ceux qui aspirent à le diriger s’empressent
de déclarer que les riches avares ont fait déraper l’économie (il arrive
parfois que ce soit le cas) et que la solution est d’adopter une approche
collectiviste de gouvernance.
En 1989, le Venezuela a traversé
un retournement économique. Des émeutes ont éclaté, suivies par deux
tentatives de coup en 1992. L’année suivante, le président Pérez a été
destitué pour avoir détourné des fonds publics, et le tapis rouge de toutes
les opportunités a été déroulé devant les pieds de l’ancien participant au
coup d’Etat, Hugo Chávez.
Ce dernier est devenu président. Une nouvelle constitution a été rédigée en
1999 et, comme dans bien d’autres pays par le passé, le peuple a acclamé l’arrivée
du nouveau régime collectiviste.
« Quand les gens
peuvent voter quant à des questions relatives au transfert de capital vers
eux-mêmes depuis d’autres, les bulletins de vote deviennent des armes au
travers desquelles la majorité pille la minorité. C’est là un point de
non-retour, le moment même où est enclenché un mécanisme apocalyptique qui
accélère ensuite jusqu’à ce que le système s’autodétruise. Ceux qui se
trouvent pillés, fatigués d’être des victimes, se joignent aux pilleurs.
Ainsi, la base productive de l’économie diminue sans cesse jusqu’à ce qu’il
ne reste rien d’autre que l’Etat. » - G. Edward Griffin
Comme pour toutes les autres
expériences collectivistes, les nouvelles habilitations accordées à la
population ont dû être financées d’une manière ou d’une autre et, comme c’est
toujours le cas, les créateurs de capital du pays ont dû payer pour qu’il
soit redistribué aux moins productifs.
Au tout début, cette forme de
pillage semblait bien fonctionner et, chose peu surprenante, bon nombre des
partisans de monsieur Chávez
le percevaient au départ comme un messie. Malheureusement, chose inévitable,
le pillage de leur capital à ceux qui le créent leur rend de plus en plus
difficile la tâche qu’est d’élargir la création de capital, et ce dernier
continue d’être drainé, puis se contracte pour rendre la nation toute entière
plus pauvre sous tous rapports.
Le système collectiviste finit
par tomber à genoux et, le hasard faisant bien les choses, la descente aux
enfers du Venezuela s’est produite au moment même de la mort de son cher
leader.
En 2013, l’ancien chauffeur
de bus, Nicolas Maduro, a été élu pour lui succéder. Deux mois auparavant, la
devise du pays avait été dévaluée pour faire face aux pénuries excessives de
biens de première nécessité, et le Venezuela a plongé dans la récession moins
d’un an après l’arrivée au pouvoir de Maduro. En 2016, une situation d’urgence
nationale a été déclarée et des décisions désespérées ont été prises pour
répondre au déclin économique du pays, qui ont quelque peu apaisé la
population en difficulté mais ont, ultimement, aggravé la situation.
A mesure que les conditions
se sont empirées, les « solutions » employées par monsieur Maduro
sont devenues de plus en plus désespérées. (note de l’éditeur : Jeff
Thomas a apporté son point de vue quant à la situation du Venezuela dans
diverses éditions d’International Mal : « Watch the Movie, » Jan. 2014, « Venezuela,
the Sequel, » Déc. 2016 et « A Chicken in Every Pot, » Déc.
2106.)
Ce faisant, Maduro s’est prouvé
être peu créatif. Il s’est tourné vers toutes les mesures classiques qui
avaient déjà été utilisées par les autres collectivistes avant lui. Le plus
malheureux conflit auquel se heurte un chef collectiviste se trouve être que
la solution véritable à ses problèmes est un retour à un système de marché
libre, mais qu’il n’oserait jamais admettre que sa raison d’être a été
établie sur un principe erroné.
Il est important de noter que,
dans n’importe quelle nation, la population tend à croire que les efforts de
son dirigeant, aussi imparfaits qu’ils aient pu être, avaient pour objectif
de servir le peuple. Ce n’est cependant presque jamais le cas. J’ai personnellement
connu bien des chefs d’Etat, et suis en mesure d’attester que peu importe la
nation qu’ils représentent, leur souci premier est leur bien-être personnel.
A dire vrai, ceux chez qui ce désir de bien-être personnel prend des
proportions presque pathologiques sont aussi souvent ceux qui parviennent le
plus rapidement au pouvoir, en raison de leur détermination et de leur
obsession pour la gloire personnelle.
Ainsi, monsieur Maduro s’est
reposé sur toujours plus de contrôles des prix et des capitaux, de
dévaluations de la devise nationale, et de prises de contrôle d’entreprises
privées. Chacune de ces mesures a accéléré la chute de l’économie du
Venezuela.
La conséquence en a été un
déclin de la création de capital, la cessation de production de nombreux
produits essentiels, la prise de contrôle d’usines par les forces militaires,
une hausse catastrophique du crime, une aliénation des partenaires
commerciaux, acheteurs et vendeurs étrangers, et une incapacité du pays à
rembourser sa dette gouvernementale.
Ce dernier échec a donné lieu à
une situation ironique. Bien que la devise nationale soit en état d’hyperinflation,
le Venezuela est incapable de payer pour les livraisons de nouveaux billets
de banques commandés à des ateliers monétaires étrangers, parce que ces
derniers ne font pas confiance à sa devise.
Si le chef du pays ressentait
vraiment une quelconque loyauté envers son pays ou son peuple, il aurait
renoncé à ses fonctions bien avant d’en arriver là.
Et pourtant, très peu le font.
Qu’il s’agisse de Juan Perón ou de Fidel Castro, quelles que soient les
difficultés rencontrées par la populace, tous s’accrochent coûte-que-coûte aux
rênes du pouvoir. Et tous conservent leur mode de vie luxueux, accentuent les
mesures responsables de la destruction d’en bas, et deviennent plus
autocrates encore.
Il est important de comprendre
qu’il est très inhabituel pour un chef d’Etat de capituler à ce stade. Tous
préfèrent généralement regarder leur pays partir en fumée plutôt que de
renoncer à ce qu’ils ont.
Et voilà que Maduro, n’ayant
plus aucun lapin à sortir de son chapeau, a pris la décision de vendre la
poule aux œufs d’or responsable de la création de capital dans son pays – son
pétrole.
PetroPiar appartient à hauteur
de 70% à la société publique Petróleos de Venezuela, et à hauteur de 30% à
son partenaire étranger, Chevron. Le gouvernement a offert de vendre une
partie de ses parts au russe Rosneft, ainsi que des droits d’extraction de
pétrole dans la ceinture de l’Orénoque. Ce n’est là pour Chevron rien de
moins qu’un coup de poignard dans le dos. (Rosneft a été menacée de sanctions
par les Etats-Unis, ce qui n’a bien entendu pas été le cas de Chevron).
Le Venezuela a également
exproprié des actions appartenant à ConocoPhillips, pour lesquelles il n’a
pas encore versé de compensation, et le pays négocie actuellement avec une
banque d’investissements japonaise en vue d’obtenir de nouveaux financements.
Toutes les mesures ci-dessus ont
été prises dans une tentative désespérée de rembourser la dette qui, jusqu’à
présent, a permis à l’économie du Venezuela de continuer de fonctionner.
Elles permettent également des livraisons d’urgence de carburant afin que le
Venezuela ne se retrouve pas paralysé. Bien que le Venezuela dispose de 18
raffineries, ces dernières ont également été victimes de la crise économique,
et sans réserves de pétrole d’urgence venues de l’étranger, des milliers d’employés
seront bientôt incapables de se rendre au travail et de maintenir ce qu’il
reste de l’économie à flots.
Et monsieur Maduro, afin de
prolonger son séjour dans le palais présidentiel, vend aujourd’hui sa poule
aux œufs d’or. Pour ceux qui se demandent pourquoi une nation en difficulté
économique ne se relève que rarement au cours d’une même génération, la
réponse est rendue évidente par le cas du Venezuela. Les chefs d’Etat
préfèrent vendre ou détruire tout ce qui a de la valeur pour leur pays et
éliminer les ressources au travers desquelles une reprise pourrait être
possible, même si leur pays s’en retourne ensuite à un système de marché
libre, plutôt que de renoncer à leur pouvoir.