S’il est
bien un pays puritain sur la question des drogues, ce sont les
États-Unis. Mais cette lutte contre les drogues a eu au moins un effet
pervers : la constitution d’une puissante mafia. Malheureusement,
ce combat – perdu – fut si ridicule et jusqu’au-boutiste
que même l’usage médical du cannabis a longtemps
été prohibé et ce, alors qu’on sait – depuis
l’Égypte ancienne – que ce genre botanique dispose de
certaines vertus, incluant le traitement des vomissements et des maladies
infectieuses parasitaires. D’ailleurs, l’usage
thérapeutique du cannabis était permis aux États-Unis
jusque dans les années 1930.
À compter
des années 1920, l’ère de la prohibition commença
cependant à faire des ravages : le cannabis, suite à un
traité international de 1925, fut placé sous étroite
surveillance. En 1937, fut voté, aux États-Unis, le Marihuana Tax Act visant à
instaurer une taxe aux dépens des dispensaires de cannabis.
Ceci dit, il
convient de préciser qu’aux États-Unis, cette question se
règle surtout au niveau des États fédérés.
Plusieurs exemples récents de changement de politique méritent d’être
soulignés.
La Californie a
été l’un des États pionniers en la
matière. Une loi fut adoptée en 1996 légalisant le
cannabis médical. Toutefois, le gouvernement fédéral,
toujours réticent à céder du terrain aux États
fédérés, ne l’entendit pas de cette oreille et
tenta d’inverser le mécanisme : la Coopérative des
acheteurs de cannabis d’Oakland fut poursuivie en justice.
S’ensuivit un marathon judiciaire qui se termina au niveau de la Cour
suprême des États-Unis qui donna gain de cause au gouvernement
fédéral américain.
Deux ans
après la Californie, un autre État de la côte ouest,
celui de Washington, se dota à son tour d’une législation
plus modeste.
Il convient de
remarquer que les électeurs semblent plutôt favorables à
la légalisation du cannabis médical. Un vote a eu lieu en
Alaska et a donné un résultat en faveur des partisans de la
légalisation.
Ces législations
ont fait boule de neige. Le Maine et Hawaii suivirent en 1999 et 2000.
Au Maryland,
une loi a dépénalisé la détention de cannabis
à condition que la personne prouve que ladite possession est due
à des raisons médicales. Si elle y parvient, elle
n’écopera que d’une légère amende.
Puis, en 2004
et 2006, le Vermont et le Rhode Island suivirent le
rythme en légalisant le cannabis médical.
Plus
intéressant encore, c’est désormais le grand État
de Floride – avec un certain retard, il est vrai – qui va proposer
à ses résidents une légalisation similaire. Le mouvement
a connu un succès populaire. Une pétition a réuni la
signature de plusieurs centaines de milliers personnes
au grand dam du procureur général, Pam Bondi, qui ne cesse de
clamer qu’une telle légalisation violerait
le droit fédéral américain. Cela ne semble rien
d’autre qu’un ultime cri du désespoir d’un
« ministre » qui a visiblement oublié que vingt
autres États ont déjà adopté des
législations similaires.
De plus, pour
ce qui concerne la Floride, le processus n’en est encore
qu’à son démarrage : la pétition ne permettra
d’aboutir qu’à un vote qui se tiendra en novembre 2014. Un
pourcentage de 60% sera, en outre, requis. Enfin, il ne s’agit, encore
une fois, pas d’une légalisation totale du cannabis mais
d’une légalisation à usage médical.
Pour la
légalisation totale, les mentalités semblent aussi évoluer
aux États-Unis, comme en témoignent l’ouverture
des premiers coffee shops au Colorado et dans l’État de
Washington et les propos
de Barack Obama qui établit un lien – somme toute assez logique
– entre le cannabis et l’alcool, mais en ne tirant
malheureusement pas les conséquences qui s’imposent.
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