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Alors que l’on pouvait
penser que le dollar US avait entamé un net mouvement de correction
à la baisse susceptible de faire monter substantiellement pour
quelques temps les prix des métaux précieux, des
matières premières voire des actions (américaines
surtout), ces derniers marchés ont rechuté en fin de cette
semaine dans le sillage de la reprise du dollar US, principalement motivée
par l’aggravation des problèmes européens que le sommet
des 28 et 29 juin 2012 semblait avoir pourtant traités, aux dires des
dirigeants des principaux pays qui en étaient sortis en proclamant
leur accord général.
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Ce
n’est évidemment pas la baisse d’un quart de point du taux
d’intérêt à court terme de la BCE (qui ne change
rien dans un contexte dans lequel les grandes banques privées ne
prêtent presque plus) ni les mauvaises statiques du chômage des
deux côtés de l’Atlantique qui ont fait remonter le dollar
US; mais c’est la double annonce: 1/ par la BCE qu’elle
n’ira vraisemblablement pas plus loin dans l’achat de dettes
publiques ou de créances bancaires privées pourries
européennes et 2/ par les autorités européennes que,
plusieurs Etats n’étant finalement pas d’accord pour payer
les dettes ou pour recapitaliser les banques en faillite de leurs
partenaires, le processus annoncé dans ce double sens était en
fait mort né. Le FESF et le futur MES ne
disposant pas plus que les Etats européens les moins endettés
des sommes colossales nécessaires au rachat des dettes publiques et
privées des Etats européens les plus endettés et le seul
Etat (l’Allemagne) qui aurait les moyens financiers d’agir
refusant la mutualisation des dettes précitées, la zone euro
s’enfonce dans le rouge. Alors qu’au même moment la Federal Reserve US refuse de s’engager dans un
3éme Quantitative Easing, dont elle sait
qu’il ne servira pas plus que les deux précédents
à faire repartir la croissance économique US mais aggravera les
risques inflationnistes futurs, sans compter qu’elle ne veut pas donner
l’impression d’intervenir dans le débat
présidentiel US. Voilà la situation réelle et non pas
celle qui ressort des élucubrations des politiciens ou des
journalistes.
Que peut il se passer en
l’absence d’intervention rapide et massive de l’Allemagne
et/ou des principales banques centrales qui décideraient de laisser
pourrir plus avant la situation ?
Soit les taux
d’intérêts à moyen et long terme sur les
obligations italiennes, espagnoles, grecques, portugaises, etc., continuent
de monter empêchant leurs Etats de poursuivre leur course sans fin
à l’endettement tout en aggravant les pertes de leurs banques
dont les bilans deviennent calamiteux et ils devront sortir rapidement de
l’euro qui, en outre, les empêche de redevenir compétitifs
et appauvrit leurs peuples via l’austérité que l’on
exige d’eux. Et alors la zone euro sera réduite à un
ensemble d’États moins nombreux, plus cohérents et
compétitifs, capables de vivre avec les contraintes de la monnaie
unique européenne, cette dernière (redevenue une sorte de
deutschemark bis) montera contre toutes les devises y compris et surtout le
dollar US. Le scénario de l’éclatement de la zone
euro sous sa forme actuelle parce que baissier pour le dollar US serait
positif pour les métaux précieux, matières
premières et actions (américaines surtout).
Soit
c’est le scénario de l’enlisement, à savoir
que de sommet en sommet, de demi décision en demi décision, les
taux d’intérêt sur les obligations des PIIGS se
stabilisent plus ou moins et les banques sont au coup par coup aidées
(insuffisamment pour se rétablir) par les Etats déjà
impécunieux, la zone euro devient un trou noir pour presque tous ses
États-membres et ses banques; à ce moment-là oui le
dollar US pourrait aller progressivement plus haut et l’euro chuter
plus bas, puisque rien ne serait définitivement réglé
dans un sens ou dans un autre et que les acteurs des marchés seraient
ballotés entre espoir et déception jusqu’à ce
qu’ils décident de sortir de la plupart de leurs positions en
euros (monnaie, actions, obligations). Mais cela prendra du temps
d’autant que plusieurs banques centrales (BNS, Bundesbank, etc.)
soutiennent encore massivement l’euro et que la zone grâce
à l’Allemagne enregistre toujours des excédents
commerciaux et de balance des paiements, alors que les déficits US
s’aggravent.
On notera toutefois que l’euro/dollar US n’a toujours pas
cassé à la baisse en cloture son plus
bas de début juin 2012 à 1,2280 et que le dollar US index
n’a toujours pas cassé à la hausse son plus haut de la
même date vers 83,50 (voir graphique ci-dessous), de telle sorte
qu’une baisse du dollar US peut encore se produire et c’est le
scénario le plus probable. Ni l’or ni
l’argent-métal n’ayant cassé à la baisse en cloture leurs plus bas de juin 2012 vers 1.525 et 26
dollars US l’once, qui constituent de formidables supports
pluriannuels, ils sont toujours en position de monter fortement,
d’autant que la saisonnalité actuelle joue pour eux. Idem pour les actions US qui restent bien orientées, le S+P500
n’ayant pas cassé à la baisse son support vers 1.265.
Autrement dit, nous restons longs sur les deux métaux précieux
(principalement sous la forme d’ETF américains et suisses
achetés bon marché en juin 2012) et conservons nos
portefeuilles en dollars US et en francs suisses seulement (sans aucun euro
ni actif en euro depuis des mois), tout en restant sans position sur les
actions pour le moment dans quelque monnaie que ce soit.
http://fr.finance.yahoo.com/actualites/banques-espagnoles-recapitalisation-directe-laide-europ%C3%A9enne-avant-2013-154710161.html
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http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20120706trib000707774/pour-helsinki-plutot-sortir-de-l-euro-que-de-payer-les-dettes-des-autres.html
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http://fr.finance.yahoo.com/actualites/bce-enfonce-clou-%C3%A9tats-banques-sauver-eux-m%C3%AAmes-182149193–finance.html
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http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20120705trib000707624/zone-euro-le-coup-de-gueule-des-economistes-allemands.html
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http://online.wsj.com/article/SB10001424052702303962304577510461710030258.html?mod=WSJEurope_hpp_LEFTTopStories
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http://www.zerohedge.com/news/us-closes-june-1585636721432444-federal-debt-us-debtgdp-hits-post-wwii-high-1015
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http://fr.finance.yahoo.com/actualites/allemagne-gu%C3%A9guerre-entre-%C3%A9conomistes-sauvetage-leuro-133641647.html
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Le graphique
ci-dessous provenant d’un système de prévisions
techniques fiables montre que l’euro/dollar US ne devrait pas pouvoir
baisser beaucoup plus que ses niveaux actuels (1,2098 au pire) avec une
grande probabilité de rebond en juillet - août 2012 en direction
des 1,3410.
Pierre
Leconte
Article originellement
publié
ici
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