Hier le
Portugal, l’Espagne et la Grèce, aujourd’hui
l’Italie. La crise des dettes souveraines semble de plus en plus
inextricable et les risques d’une récession
généralisée se font chaque jour plus vifs.
Il est loin le temps où la perspective d’une intervention non
européenne suscitait des haut-le-cœur au sein des chancelleries
européennes. L’Europe regarde désormais avec espoir en
direction du reste du monde pour l’aider à financer sa sortie de
crise.
Aux
États-Unis et en Chine, on ne se prive pas de faire la
leçon aux pays membres de la zone euro, tout en assurant de son
soutien. Toutefois, les gouvernements américains et
chinois ont sans doute tout intérêt à ce que la crise de
la zone euro se prolonge. Certes, la perspective d’une récession
en Europe inquiète, notamment en raison du risque de
contagion. Mais la confusion politique
et le projecteur des marchés braqué
sur l’Europe ne doivent guère déplaire à nos deux
« partenaires ».
Un dollar de nouveau attractif
L’attention accrue des médias sur la
zone euro a notamment permis d’éloigner pour un temps
l’attention des bourses mondiales de l’état des finances
américaines. Et pourtant, la gigantesque dette des États-Unis
s’élève désormais à près de 15 000 milliards de dollars. Quant à l’économie américaine,
la Réserve fédérale révisait nettement ses prévisions à la baisse le 2 novembre dernier. Autant dire que la
tempête qui bouleverse le vieux continent offre aux États-Unis
le luxe d’une confortable discrétion quant à leurs
difficultés économiques.
Mieux, les tourments de l’euro ont permis
de considérablement redorer l’attrait du dollar auprès des investisseurs. Heureuse
fortune pour le gouvernement américain, qui peut ainsi continuer
à se financer à peu de frais, en dépit d’un risque
qui se précise : confrontée à un tel niveau
d’endettement, l’Amérique ne sera jamais en mesure de rembourser
ses débiteurs.
Une évolution qui confirmerait la
thèse de l’essayiste Edouard Tetro,
qui estimait au printemps 2010 dans son ouvrage Quand le dollar nous tue que « le climat de crise
autour de l’euro […] arrange formidablement bien les affaires de
l’Amérique. Plus l’euro est
décrédibilisé comme alternative au dollar, plus le monde
riche, ancien et nouveau, détenteur d’excédents
monétaires, est contraint et forcé de continuer d’acheter
des dollars ».
Renforcement chinois en Europe
Quant à la Chine, la crise actuelle lui a
donné une formidable opportunité de renforcer ses positions
financières en Europe, ainsi que dans les grandes réunions
internationales telles que le G20.
Courtisé par les responsables du Fonds
européen de stabilité financière (FESF), le gouvernement chinois n’a pas encore donné
suite aux appels à un financement, souhaitant attendre
« les détails techniques pour y voir clair »,
selon ses représentants.
Toutefois, le parti communiste au pouvoir a tout
à gagner à prendre une part active dans le sauvetage de la zone
euro : il est en passe de conquérir une nouvelle stature
internationale. Et accessoirement,
les autorités chinoises ne se priveront probablement pas de faire
valoir leur intervention en faveur de l’euro lorsque seront
abordés des sujets sensibles tels que les droits de l’homme, la
répression politique, la situation du Tibet ou encore le taux de
change du yuan face aux pressions américaines.
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