Affaire Guéant: La défense si malmenée de l’ex-n°2 de l’Elysée Bernard Delattre
Mis en ligne le 08/05/2013
Initialement, les juges s’intéressent à lui dans le cadre de l’enquête sur un éventuel financement électoral occulte de Nicolas Sarkozy par l’ex-dictateur libyen Kadhafi. Le début de la descente aux enfers judiciaires, pour celui qui, il y a un an encore, était un des hommes les plus puissants de la République ? Mais sa ligne de défense avait été assez généralement jugée curieuse. Et sa solitude dans la classe politique était apparue très visible. Il n’en avait pas fallu davantage pour que nombre de commentateurs en viennent à assimiler son sort à celui du ministre déchu Jérôme Cahuzac. Depuis mardi, la situation de Claude Guéant est devenue un peu plus bancale encore.
D’une part, un demi-million d’euros versés, depuis l’étranger, sur son compte personnel. Selon l’ex-ministre : le produit de la vente, en 2008, de deux tableaux d’un peintre flamand du XVIIe siècle. Problème? D’après les experts des milieux de l’art, la cote de ce peintre ne permet absolument pas d’atteindre un montant si faramineux. Accessoirement, la vente de ces toiles à l’étranger aurait dû être déclarée à la Culture, ce qui ne fut pas fait.
D’autre part, autre découverte faite par les juges, les traces de paiements en liquide pour quelque 25 000 euros, que Claude Guéant reçut quand il était ministre et, auparavant, quand il dirigeait le cabinet du ministre de l’Intérieur Sarkozy. "Des sommes pas très importantes", consacrées à l’achat "d’électroménager", minimisa-t-il . Au risque de paraître très décalé, aux yeux du Français moyen, au pouvoir d’achat régressant.
De l’argent liquide touché au titre de primes, comme "des milliers" de fonctionnaires de l’Intérieur en bénéficiaient à l’époque, ajouta-t-il. Problème ? Les primes de cabinet (les fameux "fonds secrets") furent supprimées dès 2002, par l’alors Premier ministre Lionel Jospin. Et, mardi, "Le Canard Enchaîné", qui révéla l’affaire, a mis en pièces l’autre origine possible de ces espèces : le liquide ayant toujours circulé à l’Intérieur (pour payer les indicateurs, etc.). L’hebdo satirique, en effet, a produit une note datée de 1998, et attribuée à Claude Guéant, alors n°1 de la police nationale. Elle spécifie, noir sur blanc, que de tels fonds ne peuvent "en aucun cas" servir de gratifications à des membres de cabinets.
"Guéant piège Guéant", s’est gaussé le palmipède. L’UMP, manifestement gênée par ce qui pourrait bien devenir le feuilleton politico-financier de l’été, en a été réduite à fustiger "une dérive à l’américaine de la justice française". Où "les tribunaux médiatiques remplacent les tribunaux judiciaires", et où le justiciable est "tenu de prouver son innocence", alors que ce serait à la justice d’établir sa culpabilité.
La France attire les véreux ?Commented 4141 days ago |
Beginning of the headline :Voilà qui tombe finalement fort mal pour le président Hollande : au moment où il veut nettoyer un peu la politique française tombée de Charybde en Scylla, le voilà rattrapé par une délicate affaire personnelle qui pourrait bien signer la fin prématurée de son quinquennat. Et comme vous allez le découvrir, il ne lui sera pas simple de s’en sortir sans dommages.
Si on lui avait dit, au brave François, qu’il n’aurait pas un quinquennat facile, il aurait, peut-être, hésité, mais il serait resté en... Read More |