Hollande, roi raté. Un des grands communicants de l’ère Sarkozy, inconsolable depuis que ce dernier a quitté l’Elysée, Thierry Saussez a tué le temps et la nostalgie en rédigeant, sur un coin de table et en vitesse (110 pages, en très gros caractères), un pamphlet contre François Hollande. Dans lequel ce dernier, bien sûr, en prend pour son grade.
Lui est notamment reprochée une "incapacité à assumer (sa) fonction d’exception", que l’auteur explique de deux façons. D’une part, sa normalité un temps revendiquée serait en total décalage par rapport à "l’attente de majesté" qu’auraient toujours eue les Français pour leur chef. D’autre part, François Hollande parvient d’autant moins à "habiter le corps d’un roi (que cela) impose d’accepter le fait que vous avez un prédécesseur" : impose d’intégrer le principe d’une certaine continuité de l’institution présidentielle - "Vous recevez et transmettez les clés du royaume, même pour conduire une politique différente". Or, François Hollande en est incapable.
Car, selon Thierry Saussez, il souffre d’une "obsession phobique" de Nicolas Sarkozy, et donc n’est mu que par le seul désir de systématiquement "s’afficher à l’opposé" de lui. Du coup, "prisonnier de sa normalité et de ses obsessions, François Hollande paraît à la remorque", avec sa "gouvernance improbable". Conclusion : un an après son départ, "Nicolas Sarkozy incarne encore le corps du roi dans sa fonction de représentation que François Hollande a tant de difficultés à assumer". C.Q.F.D.
Nul besoin, évidemment, de chercher ne serait-ce qu’une apparence d’impartialité, dans cette thèse. Dont l’intérêt tient beaucoup moins à son fond qu’à l’illustration qu’elle fournit : celle du procès en illégitimité qu’une certaine droite a toujours fait à François Hollande, et ne cessera jamais de lui faire.
Quitte à manier des arguments périlleux. Ainsi, quand Thierry Saussez se hasarde à analyser "la communication non verbale" de François Hollande (son "air un peu effaré", son "côté neuneu", le "problème qu’il a avec son corps humain", etc.), on n’ose imaginer le portrait de Nicolas Sarkozy qu’on pourrait faire, dans ce registre physique.Commented 4182 days ago |