Dettes souveraines, bulle obligataire, opacité des marchés... Le gendarme de la Bourse est très inquiet.
La zone euro n'a pas fini de donner des sueurs froides aux marchés financiers. Malgré les mesures exceptionnelles prises par la Banque centrale européenne (BCE) après l'été 2012, afin de tenter d'endiguer la crise de la dette, « l'évolution des risques souverains continue de mériter une grande attention », a estimé mercredi l'Autorité des marchés financiers (AMF). « Certes, la situation s'est améliorée, en l'espace d'un an, mais les événements de ces derniers jours montrent que ce sujet demeure important », a insisté Benoît de Juvigny, secrétaire général de l'AMF, qui présentait mercredi 3 juillet sa cartographie des principaux risques pesant sur les marchés financiers, au cours des prochains mois.
De fait, en début de semaine, la tourmente politique au Portugal a fait resurgir le spectre d'un retour en force de la crise de la zone euro, le taux d'emprunt à 10 ans du Portugal dépassant les 8% mardi, et entraînant dans son sillage les taux grec, italien et espagnol. Invoquant le « manque de crédibilité » des stratégies de renforcement des finances publiques des Etats européens les plus fragiles, couplé à « des perspectives de croissance moroses », l'AMF estime que de nouvelles « dégradations de notations souveraines ne sont pas à exclure. » Avec, à la clé, « la réapparition de tensions sur les marchés financiers, qui renchériraient les coûts de financement des émetteurs.
Le risque d'un krach obligataire.
Autre élément menaçant la stabilité financière, selon l'AMF : les risques « excessifs » pris ces derniers mois par des investisseurs cherchant à tout prix du rendement dans un environnement de taux d'intérêt très bas. « Les investisseurs présentant un fort appétit pour le risque ont obtenu, à moindre coût, les moyens d'acquérir des actifs (risqués, comme les actions et les obligations high-yield) dont la qualité a pu être hâtivement évaluée, ce qui augmente le risque de bulles sur certains segments de marché, notamment obligataire », prévient l'AMF. Qui va jusqu'à évoquer « le risque d'un krach obligataire, plus élevé en 2013 qu'en 2012. »
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