François Gilliéron
Un signal, encore faible, n’a pas manqué d’alerter certains professionnels. Après la baisse spectaculaire de ces derniers mois, le prix de l’once d’or vient de remonter de plus de 10% en quelques séances
Dans la torpeur de l’été, les marchés financiers se sentent rassurés depuis la dernière intervention de Ben Bernanke, le patron de la Fed, qui, comme d’habitude, sait dire aux boursiers ce que ces derniers veulent entendre.
Mais un signal, encore faible, n’a pas manqué d’alerter certains professionnels. En effet, après la baisse spectaculaire de ces derniers mois, le prix de l’once d’or vient de remonter de plus de 10% en quelques séances. Et comme le coût d’extraction moyen du métal est largement supérieur au prix actuel, nous sommes aux antipodes d’un mouvement spéculatif.
Le profil des intervenants des récentes opérations est important: les vendeurs, opérant souvent à découvert, se recrutaient parmi les banques d’investissement anglo-saxonnes, alors que les récents acheteurs, principalement asiatiques, peuvent être qualifiés de mains fortes, ce qui veut dire qu’ils ne revendront pas de sitôt leurs achats récents. Une telle asymétrie est susceptible d’alimenter une hausse future, d’autant plus que la production mondiale ne peut être augmentée rapidement.
En outre, on ne répétera jamais assez que le métal jaune est «l’antimatière» de la planche à billets. Et comme cette dernière tourne en permanence dans les grands pays industrialisés, on devine la réelle nécessité des banquiers centraux à maintenir le prix de l’or sous le boisseau. D’autant plus qu’il existe une forme de relation inverse entre l’or et le dollar, monnaie mondiale. Si ce dernier se maintient, l’or est susceptible de baisser mais, en cas de faiblesse du dollar, le métal jaune s’envole.
D’ailleurs, la panique baissière sur l’or de ces derniers mois, orchestrée comme on vient de le voir par des traders à la recherche de gains rapides, n’a pas encore livré tous ses secrets. A ce titre, il convient de rappeler quelques chiffres simples: les Etats-Unis disent contrôler environ 8000 tonnes d’or alors que les pays européens, pris dans leur ensemble, en possèdent près de 10 000 tonnes. Officiellement, la Chine se contenterait d’à peine 1000 tonnes; en un mot, pas de quoi s’asseoir à la table des grands. Certains observateurs estiment toutefois que l’Empire du Milieu a massivement acheté lors de la baisse récente par des voies détournées et que l’on pourrait bientôt apprendre que la Chine contrôle désormais 5000 tonnes d’or environ. Si tel était le cas, les règles du jeu auraient changé et les privilèges monétaires occidentaux, vieux de plusieurs générations, seraient mis à mal. On verrait alors que le roi est nu, comprenez que nos économies survivent grâce à de l’argent gratuit.
En bref, l’or demeure ce baromètre qui permet de juger la crédibilité des organisations politiques. Loin d’être démodé, il reste plus à la page que jamais.
Un bon return pris.Commented 4126 days ago |