On a oublié les formidables dévaluations de notre monnaie en 1944-45, sous le Gouvernent Provisoire de De Gaulle et celle de 1948. 2 dévaluations d'abord, une en septembre 1944, de 13 % par rapport à l'or, suivi d'un échange monumental des billets en Juin 1945 qui s'accompagne d'une dévaluation de 49,44 %, puis les mesures du 26 décembre 1945 citées dans l'article, qui aboutissent à une dévaluation de 60 % par rapport au franc de 1940. Du 7 mars 1940 au 28 décembre 1944, le stock d'or de la Banque de France est demeuré inchangé à 1778 tonnes; au bilan du 20 décembre 1945, il n'en restait plus que 908 tonnes, une partie ayant servi à indemniser les USA. L'indice officiel des prix, passé entre le mois d'août 1939 et août 1944 de 100 à 309 %, se trouve en janvier 1946 à 703 %. (Louis Rougier). Le 28 janvier 1948, René Mayer va lancer son fameux plan Mayer, dont le "coup des billets de 5000 fr" est le plus célèbre ( les fameuses lessiveuses des profiteurs du marché noir, bouc émissaire utile ), qui masque une dévaluation de 44,48 % par rapport au dollar. L'augmentation des tarifs publics (énergie, transports) et la libération des prix constituent les mesures les plus importantes du PLAN MAYER. Mais celui-ci comporte d'autres dispositions non moins essentielles : relèvement des salaires de 25%, prélèvement exceptionnel de lutte contre l'inflation qui prend la forme d'un emprunt obligatoire 3%, retrait des billets de 5 000 F, amnistie fiscale qui entraîne le rapatriement de capitaux évalués entre 80 et 100 millions de dollars, réduction des subventions économiques à hauteur de 67 millions de francs. Pour compléter le dispositif, René MAYER procède à une dévaluation qui consiste à instaurer des taux de change multiples selon les monnaies et la nature des transactions : la méthode retenue suscite le mécontentement du Fonds monétaire international (la France y perd jusqu'en 1955 son éligibilité et se voit interdite de droits de tirage spéciaux) mais produit bien le rétablissement escompté de la balance des paiements. Il est amusant que les partis dits républicains reprochent à Marine Le Pen, son plan de retour au franc qui aboutirait à une dévaluation massive ( 30 % ?), ce qu'elle nie ( ce qui à mon avis est une erreur, alors qu'elle devrait l'assumer ) alors qu' au final, la sortie ultime de la crise actuelle se fera par une dévaluation massive et une chute du pouvoir d'achat, et probablement du niveau de vie, comme en 1947 qui a été qualifiée d'année terrible. Mais les Français ont la mémoire courte.Commented 3976 days ago |