Lundi 20 janvier 2014 :
Chômage : les prévisions mondiales sont alarmistes.
Catastrophique. Le rapport annuel de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), publié lundi, dresse un constat des plus sombres sur l’évolution de l’emploi l’an dernier. Si les gouvernements ne prennent pas les mesures énergiques qui s’imposent, la tendance est appelée à se dégrader encore plus.
Fin 2013, le monde recensait environ 202 millions de chômeurs. Un chiffre en hausse de près de 5 millions par rapport à l’année précédente. L’essentiel de cette dégradation (45 %) est due aux pays de l’Asie de l’Est et du sud. Il n’y a guère que l’Amérique latine qui soit parvenue à limiter la casse avec seulement 50.000 chômeurs supplémentaires.
Dans l’immédiat, note l’OIT, aucune amélioration n’est en vue. Selon ses prévisions pour 2014, le taux de chômage global va encore augmenter à 6,1 % de la population active avec 4,2 millions de chômeurs supplémentaires. D’ici à 2018, 40 millions d’emplois devraient être créés. Ce qui sera loin d’être suffisant pour intégrer les 42,6 millions de personnes qui devraient entrer sur le marché. Aussi, l’Organisation s’attend-elle à ce que le nombre de sans-emplois atteigne le chiffre record de 215 millions de personnes d’ici là.
Outre cette probable croissance du chômage, l’OIT souligne plusieurs faits alarmants. Le premier concerne l’allongement de la durée moyenne du chômage. « Elle a doublé par rapport à la situation d’avant crise », relève-t-elle, avançant le chiffre de 9 mois pour la Grèce ou encore de 8 mois pour l’Espagne. Même aux Etats-Unis où la reprise économique est là, le chômage de longue durée affecte 40 % des chercheurs d’emplois.
Une évolution problématique. Car pour l’OIT, les chômeurs de longue durée subissent immanquablement une perte de qualifications. D’où la difficulté grandissante, au fur et à mesure du temps, pour les réinsérer dans le circuit de l’emploi.
Drame social
Un autre constat alarmant concerne la qualité des emplois qui ont été créés. L’OIT souligne une décélération de la croissance de l’emploi salarié, lequel n’a augmenté que de 28,1 millions de postes en 2013. Loin des 35 millions observés annuellement en 2011 et 2012. L’Europe centrale et orientale, l’Asie du sud et de l’est sont les deux grandes zones géographiques les plus affectées par ce phénomène.
Dans ce contexte, il n’est guère surprenant que les emplois répertoriés comme « vulnérables » par l’OIT (travailleurs indépendant, travailleurs familiaux, les deux catégories ayant un accès limité à une protection sociale) ont fortement progressé. « L’emploi vulnérable s’est accru de 13,4 millions de postes en 2013 contre une hausse de seulement 5,3 millions en 2012 et 3,3 millions en 2011 », note l’Organisation.
Seule éclaircie dans cet environnement morose : le nombre de personnes actives pauvres continue son repli. En 2013, 375 millions de personnes vivaient avec moins de 1,25 dollar par jour contre environ 600 millions au début des années 2000.
Face à ce drame social qui n’en finit pas, l’OIT plaide plus que jamais pour des politiques actives de l’emploi : aide à la recherche, politique de formation, etc. Les pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) n’ont consacré en 2011 que 0,6 % de leur PIB à de telles politiques, relève le rapport. Or, selon l’OIT, un doublement du montant permettrait de créer « près de 4 millions d’emplois au sein des pays développés et de l’Union européenne ».
Par ailleurs, compte tenu de la faiblesse de la demande, des incertitudes concernant son évolution et de l’amplitude de leur trésorerie, « les grandes entreprises tendent à racheter leurs propres actions, à accroître leur dividende, plutôt que d’investir dans l’économie réelle », déplore l’OIT.
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