Au temps de l'occupation, la Banque de France virait quotidiennement au compte des autorités occupantes la somme de 400 puis 300 millions de francs. Au temps de de Gaulle, la planche à billets imprime pour un milliard de francs par jour. Du 7 mars 1940 au 28 décembre 1944, le stock d'or de la Banque de France est demeuré inchangé à 1778 tonnes; au bilan du 20 décembre 1945, il n'en restait plus que 908 tonnes :40 % du stock d'or en poids avait disparu. Les nationalisations précipitent la chute des valeurs en Bourse. La dévaluation de la devise nationale est imputée comme un enrichissement sur lequel s'abat l'impôt de péréquation. La poursuite des bénéfices de guerre se transforme en une véritable inquisition fiscale qui paralyse les chefs d'industrie. Les conseils d'usine tendent à se substituer à la direction des entreprises. Celles-ci se voient entravées dans un tel réseau de règlements qu'elles doivent vivre dans l'illégalité ou fermer. Les réserves sociétaires s'épuisent. Le capital privé disparaît. A la formule de 48 « la propriété, c'est le vol » se substitue un slogan nouveau « la propriété, c'est la collaboration », ce qui permet de décapiter en partie les classes dirigeantes et techniques. Une véritable révolution sociale se dessine, tendant à substituer à l'économie du marché l'économie planifiée par l'Etat et mettant l'Etat entrepreneur dans l'obligation, pour être rentable, de devenir totalitaire...//... Dans sa lettre de démission, le 21 janvier 1946, au Président de l'Assemblée constituante, Charles de Gaulle, sans attendre comme un Thiers ou un Poincaré les suffrages de ses compatriotes, s'est cité à l'ordre de la Nation : il a décidé que la Nation avait bien mérité du lui; il s'est décerné le plus pompeux satisfecit. Ayant conduit la France vers la libération, la victoire et la souveraineté; ayant assuré, à l'intérieur, la paix publique et la reprise économique; à l'extérieur, la présence dc la France sur le Rhin, en Indochine et dans l'organisation internationale de la paix, il considère révolue la tâche qu'il s'était assignée et se retire dans le bois de Marly comme Cincinnatus sur son champ.
Le même jour, Léon Blum dans Le Populaire, constatait que la situation matérielle et morale qui confrontait le nouveau gouvernement n'avait jamais été plus mauvaise depuis la libération. Quatre jours plus tard, le président Félix Gouin, devenu Chef du Gouvernement, adressait à tous les partis une lettre révélant le caractère dramatique de la situation financière que le gouvernement précédent avait caché au pays et invitant tous les Français aux plus grands sacrifices pour «sauver le franc». Le nouveau ministre des finances avouait que le déficit budgétaire pour 1946 était de l'ordre de 300 milliards et proposait un abattement des dépenses publiques de 160 milliards. Le 16 février, à Lyon, dans un discours d'alarme à la nation, Edouard Herriot dressait l'inventaire de la gestion gaulliste : la France se trouve à la veille d'une sinistre expérience dont nul ne petit prévoir l'issue; la liberté de la presse et la liberté de discussion sombrent dans un régime totalitaire; le parlementarisme n'est plus qu'un vain mot, l'Assemblée concentrant en elle-même tous les pouvoirs; les finances publiques sont en pleine déconfiture; la situation alimentaire est la pire qu'on ait connue, la carte de pain ayant été supprimée dans un but purement électoral, provoquant ainsi une anarchie complète du marché du blé. Herriot concluait « Nous devons retourner à la vraie république, reconquérir nos libertés et revenir aux règles normales de la démocratie. »
Inventaire de catastrophe, mais inventaire que le ministre de l' Information a tenu à chiffrer. L'indice officiel des prix, passé entre le mois d'août 1939 et août 1944 de 100 à 309 %, se trouve en janvier 1946 à 703 %. Seize mois de gestion gaulliste ont été plus onéreux qu'un an de guerre et quatre ans d'occupation allemande et de régime vichyssois ! ( Louis Rougier Les accords Pétain-Churchill -Chapitre XII-LE BILAN DU GAULLISME)
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