Après avoir pris en considération les réponses que vous avez apportées à mes commentaires et observé celles concernant les interventions de votre principal contradicteur (Boutros), je suis amené à reconnaître partager l'analyse de ce dernier : "vous vous enfoncez dans une sorte de logique intenable, qui est d'ailleurs celle de la propagande impérialiste", collectionnant au passage ces sophismes que vous imputez à vos contradicteurs et qui participent "des contorsions rhétoriques" destinées à échapper à une discussion appuyée sur les données factuelles et leur contextualisation. Vous vous réclamez de la philosophe Ayn Rand dont je connais bien la doctrine, l'Objectivisme. Jeune, je fus fasciné par la lecture de ses ouvrages (à une époque où ils n'étaient pas encore traduits et totalement méconnus en France). La vie, des études d'anthropologie et une meilleure connaissance du monde et de ses affaires m'ont fait prendre conscience des limites de ce rationalisme absolu. Je compare cette image idéale d'une humanité totalement rationnelle à celle du surhomme de Nietzsche : image magnifique, mais anthropologiquement fausse. L'homme use de rationalité mais n'est pas cet être rationnel mis en scène dans les romans randiens. Tout au contraire, l'homme est fondamentalement un être irrationnel : c'est le seul animal qui, parce que doté de conscience en place d’instincts, se réfugie dans le déni de réalité (c'est un être religieux parce qu'il préfère n'importe quel rêve d'immortalité plutôt que d'admettre devoir disparaître un jour) Pire, la plupart du temps, il use de sa rationalité non pour déchiffrer et comprendre le monde mais pour soutenir ses a-priori et préférences idéologiques. Ayn Rand développe de puissants tableaux, mais c'est de la pure rhétorique. Elle est dans le rêve. Son monde est flamboyant, mais aussi chaleureux qu'un ordinateur. D'ailleurs, il faut noter l'absence de ce qui fait le centre de la vie humaine : les enfants (qui constituent la richesse essentielle d'une nation), signe du caractère stérile de sa conception du monde. Mais il faut reconnaître que sa doctrine fait ressortir, par contraste, bien des travers du comportement des hommes, ce qui ne manque pas d'intérêt pour une vision juste de la psychée humaine. Pour ma part, je partage l'approche de Boutros : ce sont des faits qu'il faut partir. Vous vous positionnez à l'inverse, accordant une immense confiance dans les raisonnements (abstraits par usage d'une terminologie vague). Vous vous tenez aussi éloigné que possible des seuls garde-fous offerts aux développements rhétoriques. Ainsi, malgré ma demande d'exemple, votre lecteur ne sait toujours pas à quoi fait référence ces "contempteurs de l'impérialisme américain" qui "regroupent tous les bien-pensants dans les pays développés", le laissant dans le mystère complet. Dans vos commentaires se multiplient les à-peu-près, les fautes et biais qui font que le raisonneur se retrouve systématiquement disposer de conclusions fausses. Amalgames (quand je parle de légalité, vous prétendez me prendre au mot en discourant sur la légitimité), confusions (vous prenez pour un jugement de valeur une description factuelle, pour un argument une donnée), dénis et affirmations péremptoires (vous vous dites aveugle à l'absurdité sémantique de l'expression "guerre au terrorisme". Lisez donc Orwell pour comprendre cela), hypothèses et spéculations sur ce qui aurait pu se passer si... ou sur le futur de...("l'absence de conflits qui pourraient avoir lieu est une donnée comme une autre, parfaitement observable" ce qui est faux puisque l'énoncé 'qui pourraient avoir lieu' doit être formellement établi et que l'absence seule reste vide de sens, sans interprétation possible), incompréhensions de lecture (le crime de lèse-majesté n'a rien à voir avec les achats US de pétrole ou de gaz mais l'usage comme monnaie de référence dans les transactions commerciales mondiales, arguties multiples et surtout une vaste ignorance de la géopolitique (ce que vous reconnaissez en mode mineur), ce qui vous empêche de comprendre la politique étrangère en général, celle des USA en particulier. Vos commentaires établissent clairement une chose : vous ne faites pas la différence entre un positionnement d'observateur et celui du partisan (dans votre défense de la politique US, vous ne concevez pas qu'on puisse l'analyser comme un entomologiste décrit un coléoptère, restant bloqué sur une alternative polémique : pour ou contre. C'est ainsi que vos commentaires se trouvent saturés de jugements et que vous ne comprenez pas que je puisse m'en passer. C'est votre choix (et votre droit) de vous comporter en partisan, souffrez que mon choix reste celui d'observer ces étranges animaux que sont les humains et de vouloir rendre compte le plus justement possible de leurs comportements. Seule la lumière la plus crue ouvre la porte à mon accomplissement.Commented 4393 days ago |