Le fond
de l’air est peut-être de plus en plus frais, ce qui peut poser des problèmes
lorsqu’on n’a pas de logement, mais il ne sera pas dit qu’on n’y puisse rien faire.
Et comme la France manque de propriétaires, nos gouvernants, finauds, ont
trouvé LA solution : ce sera l’utilisation habile de la préemption.
Comme les élections sont passées, comme l’hiver approche, ça préempte même de
plus en plus, dans cette France Terre de liberté et de respect des droits de
l’Homme parmi lesquels figurait, jadis, celui de propriété.
Par
exemple, on pourrait évoquer rapidement les changements introduits
dernièrement dans la gestion des terres agricoles par la Loi d’Avenir Pour L’Agriculture, nouvelle bordée de purée
législative passée à peu près inaperçue dans une presse bien plus intéressée
par les frasques présidentielles et les déclarations gouvernementales
navrantes que par les changements, loin d’être toujours subtils, introduits à
la pelleteuse dans les lois de la République.
Il est
ainsi intéressant de voir que, derrière une myriade d’aspects divers
(contrôle des pesticides, par exemple), la loi en question modifie
substantiellement la façon dont les SAFER (les sociétés d’aménagement foncier
et d’établissement rural) pourront préempter un terrain agricole lorsqu’il
est mis en vente. Si, jusqu’à présent, il était ainsi possible pour ces
sociétés de récupérer auprès des propriétaires des terrains mis en vente sous
couvert de sauvegarder le tissus agricole local (ce qui a mené, assez
régulièrement, à des affaires plus ou moins louches), les changements récents accroissent
encore la difficulté pour le vendeur et l’acheteur de terrains agricoles de
faire une transaction sans déclencher une préemption par la SAFER locale.
Rassurez-vous, tout ceci est fait pour « faire rempart contre la (méchante) financiarisation de
l’agriculture« .
Autrement
dit, on veut lutter contre la financiarisation des terrains agricoles, mais
en pratique, on aboutit essentiellement à limiter autant que possible
l’adaptation de l’offre agricole à la demande réelle dans le pays. Encore une
fois, on choisit l’immobilisme et une vision bien particulière de la France,
en utilisant l’image des terroirs et de l’agriculture familiale pour mieux
verrouiller le marché au profit d’une clique bien spécifique. Et encore une
fois, quand cela a l’odeur du capitalisme de connivence et la couleur du
capitalisme de connivence, c’est peut-être bien exactement ça…
Et bien
évidemment, ce qui est vrai pour les terres agricoles l’est encore plus pour
les terrains constructibles ou construits. Le récent exemple de Paris saute aux yeux.
Vendredi
dernier, on apprenait que la mairie de Paris compte s’octroyer le droit de
préempter n’importe quel appartement de la capitale lorsque celui-ci fera
l’objet d’une promesse de vente, et compte débattre de ce projet lors du
prochain Conseil, du 15 au 17 décembre prochain. Ceci représente un
changement là où, jusqu’à présent, la mairie ne pouvait préempter que des
blocs d’immeubles entiers. L’objectif affiché est, comme d’habitude, confit
de bons sentiments et nappé de moraline épaisse. Pour le service de presse de
la mairie,
« l’objectif
est de développer le logement social, en favorisant la mixité de palier.
C’est un outil supplémentaire afin d’atteindre l’objectif de construction de
plus de 7.000 logements sociaux par an. »
Ah, le
logement social, que dis-je, mieux encore, la mixité de palier ! On avait tant
besoin de ça ! Au passage, notez la tendance sociétale intéressante qui
veut qu’on passe de la mixité dans la société, plus ou moins obligatoire, à
la mixité dans les quartiers, là encore imposée, puis, maintenant, à la mixité de palier, préemptée par la
mairie. L’étape suivante, la mixité dans les foyers, promet quelques amusants
débats à l’Assemblée.
Bref :
la mairie va préempter des douzaines de logements, et le monde (parisien)
s’en trouvera d’autant meilleur. L’onctueuse volée de bisous socialistes va
s’abattre sans pitié et avec générosité sur des quartiers entiers, permettant à ces derniers de goûter à
la joie d’une mixité sociale évidemment désirée. Les éventuels vendeurs de
biens à proximité de ces nouveaux logements sociaux se trouveront dans la
délicieuse situation de devoir vendre alors que le quartier change
drastiquement de population, ce qui ne manquera pas de raffermir un marché
immobilier local vacillant.
Il faut
en outre noter qu’au lieu de laisser tranquille le marché immobilier (déjà
passablement tabassé de toutes parts, fiscalement et légalement), la mairie a
décidé d’intervenir parce qu’elle sait mieux ce qu’il convient de faire que
des dizaines d’individus qui ont pour souci d’optimiser leurs richesses. Pas
de doute, Hidaglo a un super-pouvoir. En attendant, on voit mal comment
préempter plus de 8000 logements va augmenter le nombre de propriétaires en
France.
On peut
aussi s’interroger sur l’amélioration de la gestion de ces biens ainsi
obtenue. Si, comme la mairie le laisse supposer, ces biens n’étaient pas
assez bien gérés (puisque ne répondant pas à la nouvelle contrainte de mixité de pallier), on est en droit
d’en attendre une amélioration notoire une fois qu’ils seront passés dans le
giron municipal. Cependant, les incessantes affaires de logements trop
généreusement attribués à certains, ainsi que les nombreuses affaires louches
entourant les offices HLM, laissent présager d’une issue pour le moins
chahutée. Difficile de croire que la nouvelle mairie, avec ces 8000 biens
supplémentaires, va subitement s’en tirer beaucoup mieux.
Mais
une chose est sûre : tant dans le foncier parisien que dans l’agricole
français en général, on peut s’attendre à un petit ralentissement du marché
et des transactions, voire un gentil gel de celles-ci grâce à l’intervention
judicieuse de l’État, dont les gros doigts boudinés auront poussé un agenda
spécifique, une vision bien particulière de ce qu’il entend faire de Paris,
de la France et du peuple qui l’occupe. Ces enquiquinements, ces préemptions
et ces contraintes, en période de déflation, et au moment où le marché de
l’immobilier est particulièrement tendu, sont-ils si judicieux ?
À ces
préemptions, il faut bien sûr ajouter la notion de taxe foncière, qui ne
diminue pas, et ne risque pas de diminuer tant les finances des collectivités
locales sont à sec. Petit-à-petit, vivre « chez soi » va coûter
aussi cher que vivre « chez un autre ». Peut-être, finalement, les
individus se rendront-ils compte que le « chez soi » auquel ils
aspirent est, en pratique, un « chez l’État » qui tolère, moyennant
une taxe annuelle, qu’on appelle « propriété privée » un petit
lopin de terre et quelques briques mais qui, si l’envie lui en prend,
retournera bien vite dans son giron au détriment du faux-propriétaire,
réel-locataire mis à la rue.
Ne vous
y trompez pas. Cette tendance où l’État décide en dernier recours ce que vous
faites de ce que vous avez acquis (ou, plus exactement, ce que vous avez cru
acquérir), cette tendance où d’autres décident pour vous ce qui est bon pour
vous, ou, au moins, ce qui est bon pour la collectivité dont vous ne faites
alors plus partie, cette tendance-là n’est ni fortuite, ni passagère.
Chaque
jour qui passe, le pays choisit un peu plus l’option collectiviste. Chaque
jour qui passe, son peuple décide, soit par dépit, soit par ignorance, soit,
pire encore, sciemment, par jalousie, de s’en remettre un peu plus à la
foule, à la collectivité, à l’État. L’issue, évidente, est connue de tous et
maintenant désirée par ceux qui obtiennent, de façon magique mais répétitive,
l’assentiment d’une majorité de congénères. L’Histoire a déjà, maintes fois,
montré ce qu’elle donnait.
Ce pays
est foutu.
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