Personne n'a
été blessé, il n'y a pas eu de révolution, le
peuple anglais n'était même pas au courant de l'affaire.
C’est le roi en personne qui leur apprit à la radio son
abdication le 11 décembre 1936. Le roi partit mais les pièces
– les souverains d'Édouard VIII - frappées à son
effigie dans l'anticipation d'un couronnement qui n'eut jamais eu lieu,
restèrent.
Les libertads, nous en avons parlé dans un
article précédent, ont un prix très proche de celui
de l'or massif. Les souverains en or d'Édouard VIII sont quant
à eux d'une telle rareté qu’il est presque impossible de
les évaluer. Ainsi, les libertads et les
souverains d'Edouard VIII peuvent être considérés comme des
investissements situés à des extrêmes : dans un cas,
le prix de la pièce est presque égal au prix du poids de
l’or, dans l’autre, il est déconnecté. Vendu avec
les autres pièces d’une série réalisée afin
d’en tester la qualité, son prix a atteint des sommets. .
Il faut tout
d'abord la distinguer des copies
que l'on peut aussi acheter. Il s’agit de médailles et leur contenu en or
est très faible. L’investisseur en or a plutôt
intérêt à les éviter. On peut les acheter pour une
cinquantaine d'euros la pièce. Ensuite, il existe quelques
pièces frappées pour les colonies, par exemple, les Malouines.
Officiellement,
le souverain britannique d'Édouard VIII n'existe pas, en ce sens
qu’aucune pièce portant le portrait du fils ainé du roi
George V n'a servi de monnaie courante. Il en existe néanmoins 4
séries d'essai. . L’une d’elles n’est plus
complète puisque quelques pièces ont été vendues
individuellement. Ces séries comprenent un
exemplaire de chaque unité monétaire de l'époque :
1 farthing (un quart de penny, soit un 960ème d'une
livre) ;
1 half-penny (un demi-penny, soit un 480ème d'une
livre) ;
1 penny (un
douzième de shilling) ;
1 threepenny (un quart de
shilling) ;
1 sixpence (un demi-shilling);
1 shilling (un
vingtième d'une livre sterling) ;
1 two-shilling (un dixième d'une livre
sterling) ;
1 half-crown (deux shillings et six pence, un
huitième d'une livre sterling) ;
1 crown (une
couronne, un quart de livre sterling) ;
1 half-sovereign (ou « ten
shillings », la moitié d'une livre sterling) en or ;
1 sovereign (un souverain, une livre sterling) :
1 Five-pound
(cinq livres, cette unité n'existait qu'en espèce
commémorative) ;
Auxquels
s’ajoutaient des pièces en argent utilisées pour une
cérémonie de Pacques (« Maundy money
»).
Une
de ces séries d'essai, ayant appartenu à Mme R. Henry Norweb – la femme d'un ambassadeur des États
Unis en Angleterre – a été achetée en 2010 pour $2,1 millions. Cette collection comprenait
trois pièces en or : un souverain (7,3224g or pur), un demi souverain et une pièce de cinq livres.
Comme deux des quatre exemplaires de ces
séries restent à la Royal Mint (l'équivalent britannique
de la Monnaie de France) et que la troisième est maintenant
passée dans une collection privée, les
unités restantes sont d'une valeur difficile à évaluer.
Ces
pièces ont aussi ceci de spécial et de précieux
qu’elles nous révèlent un aspect curieux de la personnalité
de ce « roi » qui ne le devint jamais. La tradition
voulait, en effet, que la face du souverain soit dans le sens contraire de
celle de son prédécesseur (la reine Victoria vers la gauche,
Édouard VII vers la droite, etc.). L’histoire raconte
qu’Édouard VIII souhaita cependant faire une exception afin
qu’on puisse admirer la raie de sa coiffure. Il aurait donc
insisté pour que sa face apparaisse dans le même sens que celle de son père.
Son frère
cadet, Albert, pour réparer la rupture provoquée par
l'abdication, pris le nom de George VI et insista pour que sa face soit
gravée selon l'ordre établi, à savoir vers la gauche. En
conséquence, les portraits numismatiques de George V (1910-1936),
Édouard VIII (1936) et George VI (1936-1952) ont tous le regard vers
la gauche.
|