| Évoque-t-on des questions épineuses alors qu’elles ne se posent pas ? On peut se le demander, à prendre connaissance de l’intervention de Christine Lagarde aux Rencontres économiques d’Aix-en-Provence. Certes, elle ne parvient pas à « imaginer un instant que toutes les économies avancées se retrouvent au Club de Paris dans une perspective de restructuration des dettes globale » ; mais elle enchaîne en remarquant qu’un tel niveau moyen d’endettement n’avait de précédent qu’en 1880, à l’exception d’un intermède durant la seconde guerre mondiale, et constate que les dettes publiques se sont « considérablement alourdies à l’occasion des différents plans de relance mis en œuvre au cours de l’année 2009 en particulier ». Encore un membre de la cinquième colonne ? ce serait trop fort ! Sans trop s’avancer et pour prendre date, elle en a tiré comme conclusion que « il va falloir repenser un certain nombre d’éléments », en référence à des aspects économiques, financiers et juridiques qu’elle n’a pas identifiés plus avant, mais sur lesquels on sait que le FMI travaille déjà activement. Elle n’avait pas seulement en tête la solvabilité de la Grèce, qui se pose à nouveau, mais aussi le litige devant les tribunaux américains qui oppose le gouvernement argentin et un fonds vautour. Mais Christine Lagarde n’a pas manqué de se protéger sur son flanc en préconisant « des politiques budgétaires responsables, crédibles et de long terme » afin de « placer l’endettement sur une trajectoire descendante ». Qu’a d’ailleurs voulu dire Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, en jugeant « extraordinairement dangereuse » une annulation totale de la dette souveraine ? Qu’elle pourrait être partielle ? ce serait lui faire un mauvais procès ! Tout vient à point à qui sait attendre ! C’est aussi ce que se disent hélas les observateurs de la poursuite de la catastrophe de Fukushima, après la découverte d’eau souterraine hautement contaminée par du titrium et du strontium 90, émettant du rayonnement bêta, à proximité immédiate de la mer, accréditant l’hypothèse qu’une importante pollution radioactive de celle-ci était en cours. Tepco, l’opérateur, a mesuré 900.000 becquerels par litre d’eau, un niveau plusieurs dizaines de milliers de fois supérieur au maximum autorisé dans la mer. Une telle grave contamination ne devrait pas être compliquée à établir, mais elle ne fait l’objet ni d’une confirmation, ni d’une infirmation. Comment y faire barrage, étant donné ses conséquences non maîtrisables sur la faune et la flore marine ? La fable arrangeante de la dilution va-t-elle être resservie, mise à la sauce nucléaire après l’avoir été à celle de la finance, du temps où la titrisation était reine ? | |