Le 18 Mars, Ben
Bernanke, le patron de la FED, annonçait un gros programme de rachat
de bons du trésor US et d'actifs toxiques des banques, le premier
volet de ce programme ayant pour objectif avoué de faire baisser les
taux longs pour réduire l'intérêt dû sur sa dette
par l'état fédéral.
J'écrivais
alors que la FED jouait un jeu dangereux :
Mais
qui est assez idiot pour vouloir prêter de l'argent à long terme
et à taux bas alors qu'un risque de retour inflationniste menace ? Les
prêteurs demanderont une "prime de risque" et feront
tôt ou tard remonter les taux... Et si Bernanke se lance à
nouveau dans une opération d'achat d'émissions du trésor
pour contrecarrer ce phénomène, il sapera encore un peu plus la
confiance dans le dollar, provoquant une baisse temporaire du rendement des
treasuries à chaque fois un peu plus faible, puis une remontée
en flèche au fur et à mesure que le trésor devra
émettre une nouvelle tranche d'emprunts pour financer le
"stimulus". Et ainsi de suite.
Ca n'a pas
raté. Seulement 6 semaines après l'annonce du programme de
quantitative easing, le taux des treasuries à 30 ans est
remonté au dessus de ses niveaux du 18 mars.
Il est encore trop tôt pour dire quel impact cela aura sur les
émissions d'obligations futures de l'état US, et il faut se
méfier de la propension à prolonger les courbes existantes,
mais cela laisse mal augurer de la suite.
Si l'objectif
réel était bien de faire baisser durablement les taux longs,
c'est raté. Après une baisse de 23 points de base, pas de
quoi se pâmer, il a suffi de 5 semaines pour dépasser les taux
antérieurs. La vérité est cruelle: les injections de
monnaie par la FED ne peuvent pas rétablir la confiance dans la
capacité de l'état US de rembourser sa dette sans
dévaluer de facto sa monnaie. Ce contre quoi les investisseurs
chercheront à se prémunir en faisant augmenter les taux longs.
D'ores et
déjà, les investisseurs semblent se méfier des
obligations à long terme (bonds, notes) et se ruer sur les titres
à court terme (Bills). Selon bloomberg:
Demand for bills is rising again because investors including
foreign central banks are snapping up the shortest- term U.S. securities as
the Federal Reserve buys Treasuries to drive down borrowing costs in a policy
of so-called quantitative easing. China,
the largest U.S. creditor, with $744 billion of debt, has questioned the
practice and shifted purchases to bills from longer-maturity securities.
“There’s a group of investors out there who are
looking at what the Fed is doing and the policy action they’ve taken
and the asset purchases, and saying ultimately this is inflationary (...)
You’re going to invest in very short-term bills because you absolutely
need not just the quality but also the absolute liquidity.
Bref, la
confiance des investisseurs dans l'état fédéral
s'érode. La crise financière est loin d'être
terminée.
Via le toujours
bien informé Brian
Shelley
Vincent
Bénard
Objectif Liberte.fr
Egalement par Vincent Bénard
Vincent Bénard, ingénieur
et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org), deux thinks tanks francophones
dédiés à la diffusion de la pensée
libérale. Spécialiste d'aménagement du territoire, Il
est l'auteur d'une analyse iconoclaste des politiques du logement en France, "Logement,
crise publique, remèdes privés", ouvrage publié
fin 2007 et qui conserve toute son acuité (amazon), où il
montre que non seulement l'état déverse des milliards sur le
logement en pure perte, mais que de mauvais choix publics sont directement
à l'origine de la crise. Au pays de l'état tout puissant, il
ose proposer des remèdes fondés sur les mécanismes de
marché pour y remédier.
Il est l'auteur du blog "Objectif
Liberté" www.objectifliberte.fr
Publications :
"Logement: crise publique,
remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat
Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république,
bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La
doc française, avec Pierre de la Coste
Publié avec
l’aimable autorisation de Vincent Bénard – Tous droits
réservés par Vincent Bénard.
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