La trahison ne prospère
jamais ; et pour quelle raison?
Eh bien parce que si elle prospère, personne n’ose ne
l’appeler « trahison ».
~ Sir John Harrington
(1561–1612)
La guerre c’est la santé de
l’Etat.
~ Randolph
Bourne (1886–1918)
Question : Pourquoi les Etats-Unis sont-ils intervenus dans ce qui est devenu la
seconde guerre mondiale ?
Réponse : Parce que si tel n’avait pas
été le cas, nous parlerions tous Allemand ou Japonais
aujourd’hui.
Question : Qui a le plus profité de la défaite
de l’Allemagne et du Japon après la seconde guerre
mondiale ?
Réponse : Les Etats-Unis.
Voilà,
à quelques variations près, le type de
questions-réponses standardisées sur l’histoire qui
entourent l’entrée des Etats Unis dans la guerre et les
événements corollaires et qui, la plupart du temps,
achèvent la discussion. Mais les réponses usuelles,
après examen plus approfondi, sont tout simplement fausses.
Pourquoi?
Prenons
tout d’abord la première question parce qu’elle demande
quelques explications détaillées.
L’Etat
Major allemand, qui avait
codé les plans d’invasion et d’occupation contingents pour
des douzaines de nations (et même pour la conquête de la Suisse,
sous le nom de code « Opération Noël »,
chose qui jusque là n’avait jamais été
tentée), n’en avait
pas pour les conquérir les Etats-Unis, pas plus que le haut commandement
japonais. Aucune économie de ces nations n’a jamais
été complètement mobilisée pour la guerre totale
dans la même mesure que les
USA et la Grande-Bretagne. Une invasion de l’Amérique du
Nord aurait requis un engagement précoce et important de Berlin et
Tokyo sous forme de ressources financières, humaines et
matérielles pour les deux formes de stratégie guerrière,
la première étant un bombardier stratégique de longue
portée et une aviation de transport et d’avions d’escorte
de combat, une chose que ni l’Allemagne, ni le Japon ne
possédaient. Les deux pays avaient de superbes avions de combat et
autres intercepteurs de courte portée et des bombardiers de moyenne
portée, mais rien de tel que les bombardiers que les anglo-saxons
développèrent tels les quadrimoteurs américains B-17 ou
plus tard, les Lancaster britanniques.
Le second
engagement majeur et précoce qui aurait été
nécessaire aurait été une force navale de grande
envergure permettant une puissance de projection de longue portée.
L’Allemagne (à la différence du Japon) n’en avait
pas et n’a jamais songé à en acquérir une –
une telle marine exigeant de nombreux porte-avions, des vaisseaux auxiliaires
et amphibies, une aviation de reconnaissance et des porteurs de combat ainsi
qu’une force navale de bonne taille. Il y a eu quelques propositions
mineures faites au début de la guerre, notamment celle de construire
un porte-avion que l’on baptiserait « Frédéric
le Grand » ainsi que deux importantes frégates, qui furent
refusées par « l’animal terrien »
qu’était Hitler.
La menace
sous-marine allemande, bien qu’encore assez forte pendant la seconde
guerre mondiale (en bonne partie en raison de la longue hésitation due
à Franklin D. Roosevelt de conduire des opérations anti
sous-marines agressives au large des côtes Est de
l’Amérique) n’était cependant pas aussi puissante
que pendant la première guerre mondiale. Cela était dû en grande
partie au développement d’escortes navales défensives et
aux tactiques de convoyages développées en 1917-18 et à
l’amélioration des techniques de détection sous-marines,
telle que le sonar actif, découvert pendant l’entre-deux
guerres. Les sous-marins seuls ne pouvaient pas déclencher de larges
offensives navales ou même d’une certaine ampleur sur de grandes
distances (ce qui fut brillamment mis en œuvre par les amiraux Nimitz,
Mitscher et Halsey et le concept de « force de frappe »
aéronavale dans la guerre du Pacific contre le Japon).
Le
rôle de la campagne sous-marine allemande resta plus ou moins le
même que celui joué au cours de la première guerre
mondiale, c'est-à-dire celui du « raid contre le
commerce », ou bien la tentative d’interrompre le flux
d’approvisionnement de la Grande-Bretagne et de l’Union
Soviétique. La force navale de surface allemande était
composée principalement de vaisseaux de combats plus petits
(« de poche ») ainsi que de croiseurs, de destroyers et
de bateaux de patrouille et opérait de la même manière
comme « raider »- voyageant individuellement et
attaquant et coulant des pétroliers et des navires commerciaux sur
l’Atlantique Nord et Sud.
La marine
allemande n’avait pas combattu dans une bataille navale majeure depuis
la bataille du Jutland en 1916 dans laquelle elle fut tactiquement
victorieuse mais stratégiquement vaincue par la marine britannique. La
Royal Navy coula l’un de navires allemands de petite taille le plus
efficace contre les cargos commerciaux, le Graff Spee, au large de la
côte Uruguayenne à la fin de 1939. La marine allemande a
été écrasée par la marine britannique dans la
bataille moins importante de Narvik en Norvège en 1940, la
première perdant plusieurs destroyers et patrouilleurs dans la
bataille. Le navire de guerre « Bismarck » fut
envoyé par le fond par deux navires britanniques, « SAR Rodney et SAR Roi
Georges » en mai 1941, et la menace de la marine allemande fut
alors pratiquement éliminée.
Voici donc
les illustres faits de guerre navals d’une nation qui était
supposée planifier et capable d’envahir et de conquérir
les Etats-Unis ?
Hitler a
échoué lors de la conquête de la Grande Bretagne en 1940
en bonne partie en raison de la force morale des Anglais, de
l’importance de l’aide américaine mais aussi parce que la
conquête de la Grande Bretagne ne faisait pas partie de l’Espace
de vie occidental, le
« Lebensraum », du
Führer. En conséquence, il aurait eu peu de chance de
réussir contre le pays plus lointain, plus peuplé et mieux
armé que constituaient les USA. Même l’amiral Isokuru Yamamoto, le planificateur en chef de
l’attaque de Pearl Harbour,
parlait de « fusils derrière chaque brin
d’herbe » quand il fut question de plan d’invasion des
Etats-Unis.
Une
invasion réussie de l’Amérique du Nord par
l’Allemagne nazie et le Japon aurait requis un haut degré de
services réciproques, de coordination binationale et de coopération,
quelque chose qui, même dans le meilleur des cas est extrêmement
difficile à obtenir et à maintenir. Les allemands et les
japonais, en dépit des apparences, étaient notoirement connus
pour leur manque précisément de coordination et, étant
données leur croyances hautement xénophobes de leur propre
supériorité raciale respective, il y aurait peu de fondement
pour une coopération significative de longue durée entre eux.
Hitler et
Tojo auraient également eu besoin d’un réseau
d’espionnage sûr et étendu qui aurait rassemblé et
interprété les
données et une « cinquième colonne » de
bonne taille composée de sympathisants actifs aux Etats Unis, une
chose qu’ils ne possédaient ni en quantité ni en
qualité suffisante. L’intelligence militaire allemande, l’Abwehr,
était depuis longtemps infiltrée par les espions britanniques
et son directeur de longue date, l’amiral Wilhelm Canaris, était
un sympathisant britannique depuis les années 1930. De même, les
codes militaires et diplomatiques japonais furent rapidement et
aisément découverts.
Les forces
des deux nations brillaient par l’absence remarquée d’un
support logistique sophistiqué de large envergure ainsi que de
transport aérien, terrestre et naval de longue portée capables
de soutenir logistiquement une offensive longue. Or ces
éléments sont essentiels à toute force d’attaque
opérant sur de longues distances en territoire hostile. Cette
faiblesse majeure de la Wehrmacht a été confirmée sur le
front russe en automne 1941 et par le Japon pendant sa guerre d’attrition
en Chine, ainsi que plus tard
dans les campagnes du Pacifique contre les américains. Les auteurs
Meirion et Sue Harries ont mis en évidence dans leur livre
« Les soldats du soleil : l’ascension et la chute de
l’armée impériale japonaise » que, pour chaque
GI américain, une quantité moyenne de quatre tonnes de
matériel a été produite alors qu’elle fut de moins
de un kilogramme par soldat japonais.
De plus,
l’Allemagne (étant donné la nature erratique du
Führer, son mépris des tâches journalières de
gouvernement et d’administration, et sa résolution à
court terme de tous les problèmes) n’a jamais poursuivi de
projets d’armement sophistiqués (fusils d’assaut, missiles
de croisière et tir, avions de guerre de type jet et bombe atomique)
sur une période suffisamment longue pour faire une différence réelle au
combat. L’«association atomique » allemande
était une version assez pâle et ayant peu de moyens financiers
et humains en comparaison du
« Manhattan Project » et cela en raison pour
partie de la fuite des cerveaux antérieure des physiciens talentueux
depuis l’Allemagne vers les USA et la Grande-Bretagne dans les
années 1930. En tout
état de cause, la recherche atomique Allemande orientait ses travaux
sur le développement d’un réacteur nucléaire pour
la propulsion des sous-marins et non une bombe atomique.
La
recherche avancée des japonais sur les armes était pratiquement
inexistante. Le Japon, dont le gouvernement était depuis longtemps
cousu d’intrigues de factions politiques souvent cruelles et
sanglantes, était au premier abord mieux préparé pour
élaborer une invasion des USA en raison de sa marine fondée sur
de gros porte-avions de longue portée. Cependant, Tokyo aurait
été rapidement empêché de mener à bien
toute tentative de conquête en raison de son focus stratégique
sur une guerre permettant la conquête rapide de terrain et d’iles
et par son refus ou incapacité à exploiter une stratégie
navale largement fondée sur les sous-marins.
Comme
l’Allemagne à l’est, le Japon, pauvre en ressources, au
travers de « sa sphère de coprospérité de la
grande Asie de l’Est » ne recherchait que la
sécurisation et la consolidation de gains économiques et
territoriaux dans sa propre région (le continent asiatique et les iles
éloignées du Pacifique ouest) une relation
politico-économique que le Premier Ministre Tojo Hideki comparait
à celle des Etats-Unis envers l’Amérique Latine.
Il y avait
un manque évident d’entrainement, de ressources et de tactique
qu’une guerre longue, décisive et de large envergure sur le
territoire continental telle que la conquête de l’Amérique
du Nord aurait nécessité –un manque reflété
par l’occupation coûteuse et fatale finalement de la Chine par le
Japon de 1937 à 1945. Il y eut aussi la défaite surprise et
sanglante du Japon par l’Armée Rouge qui combinait une force de
tanks, une infanterie motorisée et une artillerie de longue
portée à la bataille décisive mais peu connue de
Nomonhan (sur la frontière soviéto-mandchoue) pendant l’été
1939. Cette bataille a exposé certaines faiblesses flagrantes de
l’artillerie japonaise qui ne furent jamais résolues pour ne
citer que le transport terrien, la tactique et la logistique et qui,
éventuellement a conduit à un pacte de non-agression
soviéto-japonais qui a tenu jusque dans les derniers jours du conflit.
Même
le raid japonais de Pearl Harbour s’est révélé
être davantage un tour de force de propagande plutôt qu’un
coup stratégique décisif capable de toucher fatalement la
flotte américaine du Pacifique et de préserver les USA de se
trouver sur le chemin de la « sphère de
coprospérité de la grande Asie de l’Est ».
Cela a tout simplement assuré au Japon l’entrée en guerre
des USA, et de nombreuses personnes à Tokyo savaient que cette guerre
ne pourrait être gagnée. L’amiral Yamamoto
prédisait à cette époque que le Japon épuiserait
ses réserves de pétrole et de fuel avant la fin de 1944. Et en
dépit des terribles images de mort et de destruction, de nombreux
bateaux coulés à quai dans l’attaque d’Oahu furent
remis à flot et réparés. La plupart des quais et
pontons, des docks secs, des ateliers de réparation et des tanks de
fuels et dépôts de réserves ne furent pas, ou furent
seulement légèrement touchés par les bombes japonaises.
Et
finalement ces deux pays, le Japon et l’Allemagne, étaient
notoirement connus pour grandement sous-estimer leurs adversaires et pour
leur capacité à s’aliéner rapidement à
opprimer la vaste majorité des populations indigènes des pays
qu’ils envahissaient, y compris ceux qui initialement avaient
été leurs sympathisants.
Toutefois, le pire de tout est qu’une
grande partie de ce qui vient d’être dit était
déjà bien connu par l’administration Roosevelt avant
Pearl Harbour.
Ni
l’Allemagne, ni le Japon n’avait projeté ou
n’auraient pu déclencher une invasion réussie et une
occupation des USA. C’est aussi simple que cela. Même les
légions du Roi Georges III environ deux cents ans auparavant, assez
bénignes en comparaison de celles de Berlin et de Tokyo, furent
finalement battues et boutées hors de ce qui fut bientôt
appelé les Etats Unis d’Amérique.
Mais,
encore une fois, pourquoi les Américains sont ils intervenus dans ce
qui est devenu la seconde guerre mondiale ? Et qui a
bénéficié le plus de la défaite de
l’Allemagne et du Japon ?
En
1937-38, l’Etat Providence du New Deal de Roosevelt était un
échec abject, coûteux, très impopulaire et en
sérieux danger d’être démantelé par un
public et une Cour Suprême hostiles (Cour Suprême que Roosevelt
essayait ouvertement et follement de museler à cette époque,
s’aliénant ainsi un bon nombre de ses plus fidèles
supporters) mais également un Congrès de plus en plus combatif
avec certains de ses critiques les plus acerbes recrutés
précisément dans les rangs des démocrates de la
majorité.
Ainsi
Franklin Roosevelt essaya-t-il une autre forme de socialisme domestique,
l’ « Etat de Guerre » inauguré sous les
auspices d’un couteux projet pharaonique appelé
« Location de la Terre (Land-Lease) ». Ce programme lui permit, ainsi
qu’à ses successeurs, de toucher le jackpot politiquement
parlant pour les décades qui suivront. L’Allemagne et le Japon
étaient des excuses pratiques et parfaites pour Roosevelt et Staline
pour réaliser son plan sur une échelle globale, d’une
manière que Marx et Lénine lui aurait envié.
La conduite
de la guerre garantit le succès du plan. Le bombardement japonais sur
Pearl Harbour, comme on s’y attendait, balaya rapidement un fort
mouvement non interventionniste très influent que
l’administration de Roosevelt (qui connaissait probablement bien les
plans de Tokyo à l’avance et fit tout ce qu’elle put
légalement et illégalement pour provoquer Tokyo à
réaliser cette attaque) était déjà vicieusement
et injustement en train de détruire et de discréditer.
L’ennemi présumé des Etats Unis était alors le
Japon, une nation à laquelle ils avaient vendu de grandes
quantités d’acier, de métal et de pétrole
subventionnés sous les auspices d’un traité commercial
signé en 1911.
Alors que
les GI combattaient férocement et mouraient en masse dans les Philippines,
sur Guam et sur l’Ile de Wake face aux japonais, Roosevelt ignorait
ouvertement ses soldats et poursuivit une politique deite
de l‘« Europe en priorité ». Un trait
caractéristique de cette politique incluait le transfert
immédiat de quantités importantes d’aides
matérielles et financières aux ex- alliés de
l’Allemagne, l’URSS de Staline, une nation dont les leaders,
comme ceux de l’Allemagne nazie et du Japon impérial se
souciaient ouvertement bien peu de « l’esprit
démocratique » de la Charte Atlantique et auxquels
Roosevelt (avec le concours du traitre Alger Hiss) fit une invitation
à Yalta en février 1945 pour qu’ils occupent
l’Europe de l’Est.
En
dépit de la politique de l’ «Europe
d’abord », aucune des troupes américaines ne foula le
sol des pays occupés sur le continent en nombre stratégiquement
significatif avant que l’Opération Overlord en juin 1944
n’ait lieu, après que les Soviétiques ne fussent
déjà à mi-chemin de leur poussée massive vers
l’ouest, conquérant la majeure part de l’Europe de
l’Est et une bonne portion de l’Est de l’Allemagne. Cette
dernière étant littéralement livrée aux soviets
alors que les GI avaient ordre de rebrousser chemin et de laisser
l’Armée Rouge s’emparer de Berlin et de ses alentours.
Cette politique mit littéralement le Général Patton et
d’autres en furie.
L’opération « Keelhaul »
qui renvoya des millions de prisonniers de guerre férocement
anti-communistes vers les soviets et vers une mort certaine était la
prochaine en lice.
En juillet
1945, à Potsdam, Roosevelt et Churchill successeurs d’Harry
Truman et de Clement Attlee confirmèrent les
engagements pris à Yalta concernant la mainmise sur l’Europe de
l’Est. Il permirent également à
l’Union Soviétique de briser son pacte de non-agression avec
Tokyo et d’entrer en Mandchourie, en Corée du Nord et sur
l’ile de Sakhaline pendant les derniers jours de la guerre contre un
Japon non encore vaincu.
Cet acte
final assura à Moscou un rôle décisif et facilement
obtenu dans le découpage de l’extrême orient en diverses
sphères d’influences. La défaite japonaise en Chine,
prédite par le président Hoover en 1931 et faisant partie de
son refus de demander au Congrès l’envoi de troupes en Chine
pour aider cette dernière contre l’empiètement
japonais, ainsi que son
effondrement dans le pacifique de l’ouest a ouvert un large vide du
pouvoir en Asie. En moins de cinq ans, ce vide fut rempli en très
large part par le trio brutal des
protégés asiatiques de Staline : Mao Tse Tung, Kim Il Song
et Ho Chi Minh, tout ceci avec l’aval de Roosevelt et de son
« Brain-trust » rouge.
Le gagnant de la seconde guerre mondiale, en
réalité, ce ne furent pas les alliés mais la
théorisation et la mise en place d’états collectivistes
et coercitifs à grande échelle, que ce soit sous la forme du
communisme ou d’Etats Providence de diverses sortes, incluant la
croissance d’un Tiers Monde violent, instable et appauvri.
Et grâce à cela, depuis 1945 nous
parlons une autre langue, qui n’est ni l’Allemand, le Japonais,
le Russe ou le Chinois. Nous parlons désormais le langage du
socialisme et de ses exigences perpétuelles pour toujours davantage de
« justice sociale et d’équité »
payée par des contribuables opprimés à une
échelle globale, pour ses « interventions
humanitaires » aux dépens de la véritable paix, de
la prospérité et de la liberté individuelle.
Et le prix, comme de coutume dans l’imposition
et le maintien du socialisme, est et sera toujours des millions de morts, de
gens appauvris et misérables et emprisonnés et dont on ne
parlera jamais.
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