Obama demande aux
Irakiens de résoudre leurs dissensions sectaires
— Gros titre, The New York Times
Les Américains ont-ils tenté
une formation sur la diversité ? J’en doute fort. Ce n’est pas ainsi que
les choses sont faites dans le trou à rats autrefois connu sous le nom
d’Irak. Tout n’est plus question que de chasseurs de têtes. Pour le moment,
l’Etat islamique en Irak et au Levant n’a pas ressenti le désir d’abandonner
le moindre de ses trophées. Sa méthode de préservation du souvenir des temps
qui courent est de publier des vidéos de décapitations sur internet.
Contentons-nous de sauter le passage qui présente ce que ressentent les deux
camps.
Les évènements se sont
déroulés assez rapidement la semaine dernière, mais au cas où vous ne
l’auriez pas remarqué, Humpty Dumpty
est tombé du haut de son mur. Les médias américains sont trop sonnés pour
poser les bonnes questions, comme par exemple : est-ce tout ce qu’il a
fallu pour mettre fin à huit ans de travail après peut-être deux trillions de
dollars injectés dans la reconstruction du pays ? Oh, et n’oublions pas
les 4.000 morts et 50.000 blessés dans le camp américain. Voici quelle serait
ma question : quand seront lancées les récriminations politiques ?
Probablement très bientôt, et je ne serais pas étonné de les voir s’avérer
perverses. La guerre en Irak aura peut-être été plus chère encore que la
guerre au Vietnam.
Ne trouvez-vous pas quelque
peu pervertis les discours sur l'alliance de l’Iran avec « le grand
Satan » pour soutenir le gouvernement majoritairement Shiite de Nouri al-Maliki ? Ma
prédiction : cela ne se passera pas. Les évènements se succèdent si
rapidement que le scénario le plus catastrophique semble le plus
évident : l’Etat islamique en Irak et au Levant va pénétrer la
« zone verte » qui encercle l’ambassade américaine à Bagdad. Des
gens seront pris en otage et le personnel américain sera décapité un par un.
Je n’aimerai pas que cela se produise, notez que je ne fais que présenter le
fond de ma pensée. Il semblerait que ce possible dénouement ait aussi fait
réfléchir le Département d’Etat américain…
Vous pouvez être certain
qu’Obama sera critiqué pour avoir retiré ses troupes en 2011 et pour ne pas
être retourné au combat pour protéger son investissement de deux trillions de
dollars. Je ne doute pas que la méfiance envers le contrôle du secteur
militaire américain par un groupe d’officiers atteindra des sommets. Elle ne
se manifestera peut-être pas tout de suite, mais les effets des troubles
politiques au Proche-Orient pourraient faire des vagues sur la sphère
politique américaine. La défaite d’Eric Cantor pourrait être le début de ce
qui deviendra peut-être le démantèlement du système fédéral.
Le fiasco irakien menace déjà
de faire grimper le prix du pétrole bien au-delà de 107 dollars le baril.
Voilà qui écraserait l’économie des Etats-Unis, ou ce qu’il en reste. Dieu
sait ce qu’une hausse du prix du pétrole pourrait faire à l’économie
parallèle financiarisée de Rube Goldberg qui
recouvre un abysse de dette impayable. La découverte des prix ne pourra pas
être écrasée indéfiniment. Nous nous réveillerons peut-être un matin pour
découvrir que le prix à payer pour tout cela aura été notre héritage
politique.
Autre chose: personne ne porte
beaucoup d'attention à l’Arabie Saoudite, mais notez qu’elle a supporté le
soulèvement Sunnite partout sauf au sein de ses propres frontières, et que le
génie qu’elle a laissé s’échapper de son vase pourrait bien revenir la
réduire en pièces, notamment du fait qu’à 90 ans, le roi Abdullah n’est rien
de plus qu’une momie, et que bien des clans autres que les Saoud aspirent au trône (et aux revenus du pétrole).
Ajoutez à ces tensions la possibilité de voir se développer une insurrection
similaire à l’Etat islamique en Irak et au Levant en Arabie Saoudite, qui
mettrait en scène des puritains islamiques venus de la région entière, et
vous obtenez le cocktail parfait pour une catastrophe globale. Beaucoup de
vases seront cassés. Compte tenu des jalousies dirigées vers l’Arabie
Saoudite, il est étonnant que ces trente dernières années n’aient vu personne
faire exploser le terminal pétrolier Ras Tenura
dans le Gold Persique. De quoi déstabiliser les lignes d’approvisionnement
pétrolières à l’international et lancer une guerre mondiale.
Pour le moment, il est
difficile de croire que la situation pourra s’améliorer en Irak. L’Etat
islamique en Irak et au Levant pourrait faire suffisamment de dégâts pour
suspendre la production de pétrole irakienne indéfiniment. Une troisième
guerre mondiale est susceptible d’en naître. Le mouvement pourrait inspirer
des insurrections dans le monde musulman comme ailleurs. Le califat qui sera
établi aura ensuite à déterminer comment supporter une population vingt fois
plus importante que la région serait capable de supporter avec une économie
médiévale. Tôt ou tard, des têtes ratatinées se vendront au souk.