Commentaire de l’éditeur :
Voilà ce que j’appelle un pactole à long terme. Un océan inépuisable d’eau
radioactive, qui se déverse dans le Pacifique de jour en jour. Les effets de
ces déchets nucléaires, notamment sous la forme de césium 137 et de strontium
90, sont épidémiques – et restent dissimulés par un refus catégorique de
parler du désastre, et par le caractère diffus des réseaux d’informations
biologiques globaux.
Bien que les consommateurs d’actualités,
et de biens alimentaires, ne s’en rendent pas compte, ces matériaux
radioactifs déciment les populations et contaminent la chaine alimentaire. Une
vache de Californie, par exemple, pourrait n’avoir été exposée qu’à une
quantité minuscule de ces radiations, mais a certainement mangé de l’herbe
dans un champ déjà entièrement contaminé. Pour les humains, qui se trouvent
au sommet de la chaine alimentaire, cela représente une exposition plus
importante que ce que nous montrent les mesures directes.
C’est une situation qui
semble interminable, et personne n’est encore parvenu à attirer l’attention
du public vers l’importance continue du problème.
L’hémisphère nord en
grand danger : les radiations de Fukushima atteignent des niveaux « inimaginables »
par Michael Snyder
Le niveau de radiation à l’intérieur
du réacteur endommagé de la centrale nucléaire de Fukushima est désormais
devenu inimaginable. Parce qu’énormément de déchets nucléaires s’écoulent
dans l’Océan Pacifique, de nombreux scientifiques pensent que la catastrophe
représente le pire désastre environnemental de l’Histoire humaine, bien qu’une
majorité des gens soient persuadés que, parce que les médias n’en parlent
plus que très peu, la situation est certainement sous contrôle. Ce n’est
malheureusement pas le cas. A dire vrai, PBS a rapporté l’année dernière qu’il
est incorrect
de dire que la situation à Fukushima est sous contrôle, parce que le niveau
de radiation dans l'océan suggère une fuite continuelle. Nous venons en
effet d’apprendre que le niveau de radiation dans le réacteur numéro 2 est
désormais si élevé qu’aucun humain qui s’y trouverait exposé ne pourrait y
survivre.
Selon le Japan Times, le niveau de
radiation à l’intérieur de la cuve de confinement du réacteur numéro 2 est
désormais estimé à 530 sieverts par heure.
Le niveau de radiation dans la
cuve de confinement du réacteur numéro 2 de la centrale nucléaire numéro 1 de
Fukushima a atteint un maximum de 530 sieverts par heure, son niveau le plus
élevé depuis la triple-fusion du cœur en mars 2011, comme l’a expliqué Tokyo
Electric Power Co. Holdings Inc.
Tepco a annoncé jeudi que la mesure
de radiation avait été prise à l’entrée de la cuve, juste en-dessous du
réservoir sous pression, dans lequel se trouve le cœur du réacteur.
Cette mesure indique qu’une
partie des combustibles en fusion qui se sont échappés du réservoir sous
pression se trouve à proximité.
Il m’est difficile de trouver
les mots pour exprimer le sérieux de la situation.
Si vous étiez exposé à un niveau
de radiation de 10 sieverts par heure, vous auriez toutes les chances de
mourir. 530 sieverts par heure est simplement aberrant. Selon le Guardian, les scientifiques auraient
utilisé le terme « inimaginable » pour décrire l’ampleur du
problème.
La récente mesure, qualifiée d’inimaginable
par les scientifiques, est bien plus élevée que le précédent record de 73
sieverts par heure enregistré dans la même partie du réacteur.
Une seule dose de sievert suffit
à causer des maladies attribuables aux radiations et des nausées ; 5
sieverts suffiraient à tuer la moitié des personnes exposées sous un mois, et
une seule dose de 10 sieverts seraient fatale sous seulement quelques
semaines.
La mauvaise nouvelle, c’est qu’une
fissure de deux mètres semble avoir été formée par le combustible nucléaire
en fusion « dans
la grille métallique sous le réservoir sous pression, dans la cuve de
confinement primaire du réacteur ». Voici ce qu’en dit Bloomberg :
De récentes photographies
montrent ce qui semble être du combustible nucléaire en-dessous du réacteur
endommagé de Fukushima, et marquent un potentiel tournant dans la recherche
du combustible en fusion, près de six ans après l’un des pires désastres
atomiques de l’Histoire.
Tokyo Electric Power Co.
Holdings Inc., le plus gros fournisseur d’énergie du Japon, a publié lundi des images qui
montrent une grille couverte de résidus, juste en-dessous du réacteur numéro
2 de la centrale nucléaire de Fukushima Dai-Ichi. La société, mieux connue
sous le nom de Tepco, pourrait y envoyer un robot dès le mois de février pour
prélever la température et la radioactivité des résidus.
Si cela ne vous semble pas
suffisamment effrayant, une source japonaise a rapporté que ces combustibles en
fusion sont depuis entrés en contact avec les eaux souterraines qui proviennent
du flanc de montagne.
Le combustible en fusion est
depuis entré en contact avec les eaux souterraines qui proviennent du flanc
de montagne, et contamine ces eaux chaque jour. Afin de démanteler le
réacteur, il est nécessaire d’en retirer le combustible en fusion, mais le
niveau de radiation très élevé à l’intérieur du réacteur entrave jusqu’à
présent les travaux de recherches des débris en fusion.
Si ce désastre se limitait au
Japon, le reste de l’hémisphère nord ne risquerait rien.
Mais ce n’est pas le cas.
Une majorité de la contamination
nucléaire de Fukushima a terminé dans l’océan Pacifique, et à partir de là, s’est
propagée à l’ensemble de la planète. Voici ce que nous en dit PBS :
Plus de 80% des déchets
radioactifs issus du réacteur endommagé ont terminé dans l’océan – bien plus
que les déchets nucléaires de Tchernobyl et de Three Mile Island. Une petite
fraction se trouve actuellement sur les fonds marins – le reste a été emporté
par le courant de Kuroshio, la version occidentale du Gulf Stream, pour être
mélangé et dilué dans les eaux du Pacifique Nord.
Je ne sais pas si les deux faits
sont liés, mais je trouve intéressant que les pêcheries de la côte ouest des
Etats-Unis soient aujourd’hui en faillite en raison d’un déclin considérable
des populations de poissons. Voici un extrait d’un article publié le 18 janvier :
La secrétaire américaine du
commerce, Penny Pritzker, a mentionné neuf faillites de pêcheries
commerciales de saumon et de crabe en Alaska, en Californie et à Washington.
Ces dernières années, chacune de
ces pêcheries a fait l’expérience d’un déclin soudain et inattendu des
populations de poissons, ou en ont perdu l’accès en raison de conditions
climatiques océaniques inhabituelles. Les communautés de pêcheurs pourront
désormais demander l’assistance aux sinistrés au Congrès.
La situation est
particulièrement mauvaise en Alaska, et les biologistes éprouvent des
difficultés à comprendre ce qui se passe.
En 2016, la pêche de saumons
roses à Kodiak, Prince William Sounds, Chignik et Cook Inlet a été très inférieure aux attentes,
et les biologistes ont du mal à comprendre pourquoi.
La valeur estimée des activités
de pêche de Kodiak pour l’année 2016 est de 2,21 millions de dollars, contre
une moyenne sur cinq ans de 14,64 millions de dollars. A Prince William
Sound, elle est de 6,6 millions de dollars, bien moins que la moyenne sur
cinq ans de 44 millions de dollars. Dans l’ensemble de l’Etat, la pêche n’avait
plus été aussi mauvaise depuis la fin des années 1970.
Bien que les biologistes ne
soient pas encore prêts à en annoncer la cause, le Département du commerce a
attribué le désastre à des « situations océaniques et climatiques
inhabituelles ».
Plus au sud, il a été rapporté
le mois dernier que des millions de sardines mortes
se sont échouées sur les rives du Chili.
Il existe des exemples à foison,
et je pourrais continuer, mais j’espère que vous comprenez où je veux en
venir.
Quelque chose d’étrange se passe
dans le Pacifique, et beaucoup de gens pensent que c’est à cause de
Fukushima.
Il n’y a pas si longtemps, j’ai
écrit au sujet des élites de la Silicon Valley qui ont commencé à s’adonner
au survivalisme, mais la vérité, c’est que nous devrions tous en faire de
même. Si vous avez besoin de conseils pour vous lancer, vous pourrez trouver
mon livre ici.
Notre planète devient de plus en plus instable, et le désastre de Fukushima n’est
qu’une pièce du puzzle.
Bien qu’il en soit une pièce de
grande importance. Les déchets nucléaires de Fukushima se propagent
continuellement dans la chaine alimentaire, et une fois qu’ils rentreront
dans nos corps, ils irradieront lentement nos organes des années durant. Ce
qui suit est un extrait de l’excellent article d’opinion d’Helen Caldicott,
publié par le Guardian :
Les radiations internes, en
revanche, émanent d’éléments radioactifs qui entrent dans le corps par le
biais de l’inhalation, de l’ingestion ou de l’absorption par la peau. Les radionucléides
dangereux comme l’iodine-131, le césium 137 et autres isotopes qui se
déversent actuellement dans les océans et dans l’air autour de Fukushima se
concentrent à chaque étape des diverses chaines alimentaires (dans les
algues, les crustacés, les planctons, les poissons, et puis les humains ;
ou dans la terre, l’herbe, la viande et le lait de vache, et encore une fois les
humains). Après qu’ils pénètrent dans le corps humain, ces éléments – appelés
émetteurs internes – migrent vers des organes spécifiques tels que la thyroïde,
le foie, les os et le cerveau, où ils continuent d’irradier de petits volumes
de cellules avec de grosses doses de radiations alpha, beta et/ou gamma. Au
fil des années, ils peuvent causer une réplication des cellules – c’est-à-dire
un cancer. Une majorité des nucléides demeurent radioactifs dans l’environnement
des générations durant, et continuent de causer des cancers et des maladies
génétiques au fil du temps.
Parvenez-vous à comprendre le
sérieux de la situation ?
Malheureusement, cette crise restera
avec nous pendant encore de nombreuses années.
Selon Bloomberg, les opérations de récupération
des combustibles en fusion ne commenceront pas avant 2021, et le
démantèlement des réacteurs pourra prendre « jusqu’à 40 ans ».
Le démantèlement des réacteurs
coûtera 8 trillions de yens (70,4 milliards de dollars) selon les estimations
publiées en décembre dernier par le Ministère de l’économie, du commerce et
de l’industrie. La récupération des combustibles est l’une des étapes les
plus importantes de l’opération de nettoyage, qui pourra prendre jusqu’à 40
ans.
La nature sans précédent du
désastre de Fukushima signifie que Tepco repose sur des technologies encore
en développement pour retirer les combustibles en fusion des réacteurs.
La société s’attend à décider d’une
procédure de récupération des combustibles dans le premier réacteur au cours
de l’année fiscale qui se terminera en mars 2019, et à lancer les opérations
en 2021.
Beaucoup de ceux qui meurent en
conséquence de cette crise ne sauront jamais que Fukushima est responsable de
leur mort.
Pour ce qui me concerne, je suis
convaincu qu’il s’agit de la plus grosse crise environnementale que l’humanité
ait jamais traversée, et si les récentes mesures peuvent nous indiquer
quelque chose, c’est que la situation vient de tourner au pire.