A quel moment de l’Histoire
l’humanité se découvre-t-elle ? Où en sommes-nous aujourd’hui ? Au
cours de ces derniers siècles, l’étude des sciences physiques, née au XVIe
siècle avec l’établissement par le Britannique Francis Bacon de la Méthode
scientifique, a eu un tel succès et a tant influencé l’humanité, que les
sciences sont devenues une science mondiale du matérialisme.
Le problème central de notre
époque moderne est que les économistes grand public tentent d’appliquer la
Méthode scientifique à l’élaboration de politiques économiques
gouvernementales, bien qu’elle ne soit pas applicable à l’activité humaine.
La Méthode scientifique ne peut pas être appliquée aux questions sociales,
parce que la matière physique et les êtres humains se comportent de manières
différentes. La matière n’effectue pas de choix, alors que les êtres humains
choisissent leur comportement. Alors qu’une action appliquée à la matière
produit des conséquences prévisibles, une action appliquée aux êtres humains
doit prendre en considération le fait que les Hommes effectuent des choix,
ont diverses options, et que leurs comportements ne peuvent pas être prédits,
quantifiés ou exprimés en termes d’équations. Les économistes du monde
ignorent cette réalité fondamentale, et formulent des plans économiques pour
l’Etat qui finissent toujours par devenir contre-productifs, parce que leurs
conséquences sont toujours contraires à ce qui était attendu au départ.
Il n’en est pas moins que
l’influence des sciences physiques soit si importante qu’une fausse science
économique est aujourd’hui enseignée dans toutes les universités du monde.
Cette fausse science tente d’appliquer la méthodologie des sciences physiques
à l’étude de l’économie et à la formulation de politiques économiques. C’est
une grossière erreur, qui a plongé l’humanité dans les ténèbres qui nous
entourent aujourd’hui.
Confus par les fausses
sciences économiques qui prévalent sur une humanité ignorante, les systèmes
financiers du monde – basés sur le dollar – ont généré de gigantesques
quantités de dette qui font aujourd’hui vaciller les plus grosses banques du
monde et menacent leur solvabilité. Leur insolvabilité signifierait de
lourdes pertes pour leurs créditeurs. Les déposants des banques sont en fait
leurs créditeurs. Ainsi, les craintes de voir s’effondrer des banques a
généré une hausse du prix de l’or parallèle à la crise actuelle du système
financier. Le public s’inquiète de la sécurité de ses dépôts, de la valeur de
ses actions et de la liquidité des obligations d’entreprise et
gouvernementales qui représentent la dette du monde.
A l’heure actuelle, nous
pouvons déjà voir que les forces combinées de la Russie et de la Chine
forceront un jour les Etats-Unis à abandonner ses politiques guerrières de
par le monde. Les Etats-Unis vont bientôt devoir cesser de rêver à la
domination du monde.
A mesure que l’influence
militaire des Etats-Unis diminuera, de plus en plus de questions seront
posées quant au système monétaire global, basé sur le dollar, qui jusqu’à
présent a été omnipotent.
Nous devrions voir se
multiplier les discussions quant à un possible retour de l’étalon or, le seul
système monétaire qui ne nécessite pas de contrainte militaire pour être mis
en place, parce que l’or est une monnaie de substance, est politiquement
neutre et est source de paix entre les nations.
Nous ne pouvons pas déterminer
la manière dont le monde s’en retournera à un étalon or. Il se peut que cela
se passe en pleine période de crise. Mais quel que soit l’environnement de
son retour, il impliquera des changements douloureux pour toutes les
économies nationales du monde, parce que le recours à l’or limite fortement
la capacité des gouvernements à s’endetter. Et lorsque les gouvernements ne
seront plus en mesure de s’endetter, le monde tel que nous le connaissons
aujourd’hui disparaîtra.
Il est important de percevoir
la connexion qui existe à notre époque entre le comportement de l’humanité et
les politiques monétaires du monde depuis l’abandon de l’étalon or, en
conséquence des coûts excessifs de la première guerre mondiale. Cette guerre
a éclaté en août 1914, et à l’époque, beaucoup d’Européens pensaient qu’elle
ne durerait pas même jusqu’en décembre parce que les gouvernements en guerre
finiraient rapidement par ne plus avoir de fonds. En revanche, les partis
belligérants ont eu recours à l’impression monétaire pour financer leurs
dépenses, ce qui a marqué le début de la fin de l’étalon or.
Au cours des années qui ont
suivi, la disparition de l’étalon or a eu des effets relativement modestes,
parce que les banques centrales du monde ont dû conserver leur or dans le
cadre de leurs réserves, ce qui a limité l’expansion de leur crédit.
En revanche, le 15 août 1971,
quand les Etats-Unis ont unilatéralement fait défaut des accords de Bretton
Woods de 1944, les réserves d’or des banques centrales ont perdu de leur
importance. Ce qui est devenu nécessaire et important pour leurs réserves a
été le dollar – non-échangeable.
A partir de ce moment-là, les
politiques des Etats-Unis ont été libérées du besoin de restreindre le crédit
en dollars de peur de perdre l’or de leurs créditeurs. L’expansion du crédit
qui s’est ensuite développée aux Etats-Unis a donné lieu à une orgie du crédit
ou, devrais-je dire, de la dette, qui aujourd’hui s’exprime en des nombres
presqu’inconcevables.
L’expansion de la dette
signifie aussi une expansion de la monnaie – papier comme digitale – en des
proportions égales tout autour du monde.
Ainsi, l’humanité, au cours de
ces 45 dernières années, s’est enivrée de dette.
Les gouvernements du monde
sont devenus de plus en plus dépensiers, parce qu’il n’existe plus aucune
limite à leur capacité à s’endetter, une capacité qui était autrefois
restreinte par l’étalon or, et partiellement limitée sous Bretton Woods.
Leur capacité à s’endetter
affecte le comportement des êtres humains. Un débiteur coutumier dépense
jusqu’à se retrouver en banqueroute. Son comportement devient de plus en plus
désordonné et licencieux.
Les gouvernements du monde, au
cours de ces 45 dernières années, se sont comportés à la manière de débiteurs
coutumiers, et leurs dépenses illimitées ont transformé les comportements de
l’humanité. Les comportements personnels ont été dérangés ; le vice s’est
installé ; des familles se sont divisées parce que le père, qui
autrefois travaillait à la survie de sa famille, a perdu son autorité ;
sa femme a maintenant la possibilité de quitter le domicile familial et peut
travailler et gagner sa vie ; ses enfants peuvent ignorer son autorité
et peuvent rester chez eux à ne rien faire plutôt qu’aller travailler. Il n’y
a plus aucun consensus quant à la manière de s’habiller – une manifestation
évidente des transformations sociales dont a souffert l’humanité au cours de
ce dernier demi-siècle. Combien de centaines de millions de jeunes ont leur
propre téléphone portable ? Combien de centaines de millions de voitures
circulent dans les villes du monde ? Combien de millions d’écrans
gardent l’humanité en état d’hypnose ? Le crédit qui a été offert pour
l’accumulation de toutes ces choses tire ses origines de la capacité des
gouvernements à s’endetter et à faire pleuvoir de l’argent sur leurs
populations.
Voyez aussi l’explosion du
tourisme international. Des millions de touristes parcourent le monde chaque
jour. Le monde est-il vraiment plus riche qu’il l’était en 1971 ? Non,
il ne l’est pas. Nous en avons pourtant l’impression. Nous pensons que la
rareté est une chose du passé, parce que les gouvernements du monde empruntent
continuellement, et avec leurs politiques de dépenses excessives, ils
encouragent les loisirs – et personne ne s’inquiète de la dette qui
s’accumule en conséquence.
Les politiques
gouvernementales de dépenses sociales, qui jouissent d’un énorme soutien
politique, sont financées par l’endettement des gouvernements et ont pour
effet de réduire les responsabilités individuelles. Par le passé, la
générosité des individus permettait aux moins fortunés de s’en sortir.
Aujourd’hui, les dépenses des gouvernements visent à rendre tout le monde
confortable.
Le destin du débiteur
coutumier est la banqueroute. Ce même destin attend aujourd’hui notre monde.
Pendant de très nombreux
siècles, les Hommes ont vécu en ayant peur d’avoir faim. En le chassant du Paradis,
Dieu a dit à Adam : « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton
front ». Au cours de ce dernier demi-siècle, l’humanité a peu à peu
oublié la peur de la faim, parce que les gouvernements ont emprunté pour
pouvoir offrir toutes sortes d’assistances monétaires à leurs peuples et leur
éviter de gagner leur pain à la sueur de leur front.
Viendra bientôt un jour où un
effondrement financier mondial nous surprendra au réveil. Que vont bien
pouvoir faire ceux qui sont habitués de vivre grâce aux dépenses des
gouvernements, que ce soit directement ou indirectement (une majorité d’entre
nous) ? Seuls les Aborigènes de l’Amazonie, de Nouvelle-Guinée ou de
Bornéo seront capables de traverser cette épreuve sans souffrances.
Malheureusement, beaucoup des sept milliards d’humains que compte notre
planète subiront de grandes souffrances voir même une mort anticipée.
La dette du monde est indiquée
en obligations, qui sont des contrats qui promettent le remboursement d’une
dette. Pour ce qui est des plus fortunés qui possèdent les plus grosses
quantités de dette : quand l’effondrement se produira, leurs obligations
ne vaudront plus rien. C’est là la mauvaise surprise qui les attend.
Les politiques qui pourraient
faire du Mexique une nation prospère et puissante sont connues depuis
longtemps : un gouvernement qui ne collecte que peu d’impôts, un
gouvernement qui respecte ses limites budgétaires sans emprunter pour
accroître ses dépenses, un gouvernement qui n’impose pas de régulations
excessives à sa population, une devise solide, une protection légale de la
propriété privée, des dépenses en infrastructures limitées au budget du
gouvernement... Telles étaient dans l’ensemble les politiques de notre
président Gustavo Díaz Ordaz (1964-1970). A la fin de son mandat, la dette étrangère
du Mexique était de 4 milliards de dollars, et notre banque centrale
possédait cette somme dans ses bilans.
Il est difficile d’imaginer
que nous puissions un jour profiter à nouveau de telles politiques. Les
Mexicains font face à un sombre avenir.
Au vu du grand chaos que le
monde endurera lorsque se produira l’effondrement de la valeur de la dette
qui plane au-dessus de lui, je ne peux que vous recommander à tous
d’accumuler une épargne sous forme de pièces d’or et d’argent, puisque ces
deux métaux ont toujours été, au travers de l’Histoire, les sauveurs de ceux
qui les ont possédés.
Telle est mon opinion de la
nouvelle aube qui attend le monde.
Je vous remercie de votre
attention.
Hugo Salinas Price
Président, Association civile mexicaine pour l’argent, A.C.
Discours donné par Hugo
Salinas Price lors de la cérémonie d’inauguration de la quatrième convention
de l’Association of Mining Engineers à Durango, au Mexique, le 25 août 2016.