A quoi servent encore les parlements? Nous avons déjà abondamment abordé
la thématique du démembrement des Etats, de la réorganisation du monde, de la
centralité du marché économico-financier et de sa suprématie face à la
démocratie et les textes de lois constitutionnelles.
Nous avons vu comment en France et en Suisse l’administration a été
décentralisée remettant entre les mains de structures hybrides
privées/publiques une part grandissante de puissance publique. Cela signifie
que l’Autorité hier dévolue aux institutions publiques sous le contrôle
suprême des élus et cadrée par la Constitution a été morcelée et distribuée à
des entités inscrites au registre du commerce avec des numéros Siren. Les
exemples sont nombreux. retenons juste AMF et Tracfin pour la France et FINMA
ou Swissmedic pour la Suisse. Les enjeux sont gigantesques. Les lobbies des
firmes transnationales ont gagné. Les droits des citoyens ont reculé
d’autant…
Bref le mondialisme n’a que faire de la chose publique et encore moins des
parlements.
Si vous aviez encore le moindre doute, voici un article de Médiapart qui
vous aidera à très vite le dissiper.
Bonne lecture.
LHK
Angela Merkel abolit la démocratie parlementaire, Kai Littman,
Médiapart
Pour faire plaisir au «Big Brother» américain, la chancelière
invalide le droit du parlement fédéral de contrôler les services secrets et
le gouvernement.
(KL) – Le scandale des écoutes des services secrets allemands, qui avaient
espionné les partenaires européens ainsi que de grandes entreprises dans
plusieurs pays, prend une tournure surprenante. La commission d’enquête du
Bundestag chargé d’élucider ce scandale, avait demandé à ce qu’elle puisse
vérifier les tristement célèbres liste de «sélectors» qui comportent les
cibles et mots-clés des écoutes. Seule la vérification de ces listes
permettrait d’évaluer exactement l’étendue de ces écoutes. Après avoir joué
la montre, en indiquant qu’il fallait que les Etats-Unis donnent
l’autorisation que la commission d’enquête puisse prendre connaissance de ces
listes (ce qui constitue déjà une énormité – on demande à
l’accusé s’il est d’accord à ce que les pièces à conviction soient utilisées
ou non…), la chancelière vient de faire une nouvelle proposition –
celle d’invalider le droit du parlement allemand de contrôler les services
secrets et son propre gouvernement. Le pire – le Bundestag dominé par la
«Grande Coalition», acceptera sans doute sa mise au placard.
Concrètement, la chancelière propose à ce qu’un «enquêteur
spécial» chargé par sa chancellerie, puisse visionner les documents en
question, pour ensuite en relater à la commission d’enquête, en lui
fournissant les informations dont la chancellerie estime que la commission
puisse les avoir. Ce «filtrage» est complètement anticonstitutionnel et
prouve une nouvelle fois que la chancelière n’a pas la conscience tranquille
dans ce dossier.
La loi allemande sur les commissions d’enquête est pourtant claire – les
enquêteurs doivent être indépendants des partis impliqués, ce qui n’est
certainement pas le cas pour un enquêteur nommé et instruit par la
chancelière. Pour faire gober la pilule au parlement, Angela Merkel
accorde aux députés allemands un «droit de proposition» quant à la personne
de l’enquêteur. Cela est bien pour la communication politique, mais
constitue également un scandale, puisque ce «droit de proposition» ne veut
pas dire que la personne nommée au final, soit celle que le Bundestag aura
proposé. Il n’y a aucun doute que la majorité écrasante CDU-SPD au
Bundestag acceptera de se passer désormais d’une de ses fonctions les plus
fondamentales de la démocratie allemande – celle du contrôle du gouvernement
et par conséquent, celle des services secrets. Au fond, cela revient
à renoncer à la démocratie parlementaire – les décisions quant au pouvoir de
la représentation du peuple se prennent désormais, en toute occurrence, à Washington.
La soumission de la chancelière que les Allemands peuvent actuellement
admirer également dans le dossier du traité sur les libres échanges TTIP,
trouve ainsi son point culminant – ce sont les Etats-Unis qui décident ce que
le parlement allemand puisse contrôler.
On serait en droit de s’attendre à un cri d’indignation de la part des
élus allemands. Mais non, la discipline politique des deux partis au pouvoir,
la CDU/CSU et le SPD, veut qu’on accepte tout et n’importe quoi, dans un
«intérêt supérieur» qui est celui d’une soumission totale de l’Allemagne aux
intérêts des Etats-Unis.
Il ne faut pas s’étonner que les gens se résignent soit en pensant «tous
pourris» ou qu’ils cherchent un refuge chez des extrémistes de toute sorte.
La politique d’Angela Merkel n‘est non seulement meurtrière en Europe, mais
met en péril les restes de la démocratie dans les pays occidentaux.
Une telle politique équivaut à un appel à la rébellion – ce
gouvernement composé de conservateurs et de socio-démocrates aura trahi toutes
les valeurs qui sont chères aux gens, tout en menant des campagnes de
communication d’une telle intensité que la majorité des Allemands ne s’en
rend même pas compte. (…)
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Médiapart
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