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Il existe deux
écologies.
L’écologie
scientifique cherche à connaître les incidences négatives
de l’action humaine sur l’environnement, et à apporter des
solutions destinées à minimiser ces incidences. Elle est
éminemment respectable, quand bien même ses spécialistes
tendent parfois à négliger le contrecoup économique des
solutions qu’ils proposent, car il est difficile d’être
à la fois un écologue et un économiste pointus. Cette
écologie de la raison, on ne l’entend plus guère.
La seconde est
l’écologie religieuse. Elle vise à utiliser tous les moyens
possibles pour forcer les humains à adopter certains comportements
présupposés « écologiquement corrects » au
nom de sa morale.
Comme toute
idéologie sectaire, l’écologie religieuse a ses mythes
fondateurs.
Le premier mythe
est celui du monde perdu, de Gaïa, Eden, du paradis terrestre,
où il faisait si bon vivre autrefois. La propagande diffusée
autour de ce mythe est tellement efficace que bien peu de personnes savent
que l’air que nous respirons aujourd’hui est bien plus propre que
celui qui était le nôtre dans les années 70 quand la
dépollution des émissions automobiles était en
gestation, et bien plus encore que celui de nos ancêtres entre les
XVIèmes et milieu du XXème siècle, quand des usines mal
dépolluées crachaient leurs sous produits au milieu des villes,
lorsque les habitants de ces mêmes villes utilisaient le bois ou le
charbon comme première source de chauffage, via des poêles
rudimentaires ou des cheminées, et que les rues étaient
jonchées des excréments d’animaux qui propulsaient
carrioles et charrettes qui approvisionnaient les marchés et
échoppes de l’époque. Naturellement, confronté
à la raison, ce mythe ne tient guère : on peut
aujourd’hui déjeuner en terrasse à Paris sans être
recouvert d’une pellicule de suie, les lichens urbains qui avaient
disparu depuis Napoléon III réapparaissent depuis les
années 80, et l’espérance de vie des individus en
occident ne pourrait avoir tant progressé sans quelques progrès
notables en termes d’hygiène ambiante.
Le second mythe
fondateur de l’écologie religieuse est celui du pêché originel.
L’homme, par sa seule existence, pollue nécessairement la
planète, et toute modification qu’il apporte à la nature
pour en maîtriser les caprices est en fait une agression. L’homme
menace la biodiversité, est évidemment responsable des
changements climatiques qui entraînent toute une série de
catastrophes dont les autres êtres vivants sont les premières
victimes. Ce mythe a pu être justifié au temps de la
révolution industrielle, où une méconnaissance de
certains phénomènes a conduit nos aïeux à
négliger la qualité de leur environnement. Aujourd’hui,
grâce à l’inventivité de milliers de chercheurs et
entrepreneurs opérant dans le domaine de l’écologie
scientifique, il est pour le moins exagéré d’affirmer que
toute action de l’homme agresse notre environnement, quand bien
même subsistent des problèmes.
Le
troisième mythe est celui de l’apocalypse, du jugement
dernier. Ainsi, tout doit être fait pour que les masses crédules
croient qu’un degré de plus en moyenne atmosphérique
serait susceptible d’entraîner d’inimaginables catastrophes
que l’humanité serait parfaitement incapable de maîtriser.
Tout doit être fait pour que, par peur de l’apocalypse finale,
les masses abruties de propagande apocalyptique se jettent dans les bras de
tout joueur de bonneteau endossant les habits verts du clergé
écologiquement correct.
Le
quatrième mythe est évidemment celui du sauveur, du messie, du
prophète, quelque nom qu’on lui donne. Quoiqu’il soit
difficile d’identifier précisément une personnalité
unique qui puisse revendiquer ce statut enviable, - ne devient pas
Jésus, Mahomet ou Ron Hubbard qui veut ! - certains
s’y essaient. Et déjà, leurs
théories engendrent un clergé, dont les stars s’appellent
Hulot, Bové, et quelques autres. Suivez les grands prêtres, et
peut être échapperez vous à l’apocalypse promise
par Saint Al Gore (non, ce n’est pas le coiffeur de Miss France) ou
Monseigneur Hulot.
N’oublions
pas le cinquième mythe, utile lorsque des résistances
à la religion se constatent encore, celui du martyr: Saint José
Bové, condamné au cachot par les suppôts du grand
complexe industriel et du lobby pétrolier réunis, et pour
lequel les fidèles sont priés de se décarcasser.
Ceci nous
amène au Sixième mythe, celui de Satan. Toute religion
se doit d’avoir son ennemi mortel qui servira de repoussoir afin de
mobiliser les masses converties à la sainte vérité
révélée. Comme dirait Desproges, sans ennemi, la guerre
perdrait tout intérêt. L’ennemi, ici, c’est ce
capitalisme libéral triomphant, celui qui permet à
l’homme d’accroître sa domination sur mère nature
par l’usage de la raison, dans une course matérialiste
effrénée à la recherche hédoniste de toutes les
nouveautés qui nous rendront la vie plus longue, plus agréable,
plus facile.
Tout
clergé a ses modérés et ses intégristes. Alors
que dans tous les états de droit, la séparation de
l’église et de l’état est devenue la règle,
les écolo-évangélistes prônent le retour à
la religion d’état, réussissant avec succès
à introduire dans les tables de la loi de tous les pays des
obligations que bien des écologistes scientifiques jugent totalement
exagérées.
Mais ces voix de
la raison tendent à être étouffées. Fautes
d’arguments rationnels contre leurs objections pourtant fondées
sur l’expérience scientifique, les grands muftis de Gaïa,
les Torquemada de l’inquisition verte lancent à leur encontre
anathèmes et fatwas, et la presse, par peur d’être
associée aux grands Satan, reprend en chantant la logorrhée des
mythes fondateurs propagés par la nouvelle religion.
Négationniste je suis, et en danger de perversion négationniste
par le grand Satan capitaliste vous êtes, vous qui lisez ce blog et qui
pourrez peut-être, si je me montre suffisamment convaincant, en nourrir
quelque méfiance vis-à-vis des grands prêches du dogme
dominant. Voir même acheter, O suprême abomination, le dernier
livre de Christian Gérondeau, « Ecologie, la grande Arnaque
», ou celui d'Allègre. Quelques séances d'exorcisme
s'imposent !
Pour cela, il
faut empêcher la raison de revenir dans le débat. Erreurs volontaires dans les
informations diffusées par l’université du clergé
(le GIEC), exagérations en tout genre, dont seuls les initiés
liront le démenti, tir de barrage nourri contre la personne des
sceptiques, plutôt que contre leurs arguments, et voilà comment
l’on anesthésie l’esprit critique des masses. Les cinq
prières quotidiennes sont remplacées par les «
comportements d’achats citoyens », et le recueillement
obligatoire devant les 30 minutes quotidiennes du journal
télévisé, dont les journalistes convertis à la
nouvelle religion, qui auront pris soin de s’assurer d’une place
dominante dans la médiasphère, auront soin de rattacher tous
les problèmes de l’humanité à nos nouveaux
pêchés.
L’écologie
religieuse devient un totalitarisme. A l’encontre
d’autres totalitarismes passés ou présents, qui
prétendent ou prétendaient que l’homme n’est
mauvais que lorsqu’il a le mauvais goût de s’opposer
à la religion dominante, le totalitarisme écologique
prétend frapper tous les hommes du sceau de l’infamie, au nom de
son second mythe fondateur, celui du pêché originel.
Et les
zélotes de la nouvelle religion de proposer ni plus ni moins
qu’une extinction e l’humanité pour en finir avec
l’agression de l’homme sur Gaïa la belle. Tel médecin
australien propose de taxer les bébés
à la naissance, pour punir leurs parents de cet
égoïsme atavique qui les pousse à se reproduire, aggravant
la pression écologique subie par notre terre. On n'est plus
très loin de l’éloge du parti communiste chinois, qui
s’autorise à déterminer quelles grossesses sont
illégales, et à y mettre fin jusqu’aux minutes
précédent l’accouchement si nécessaire.
Plus radical, un
schisme de cette religion, la deep ecology, propose d’en finir avec
l’humanité, ses grands gourous, avec la tête de
l’emploi, proposant de répandre
des cultures de virus Ébola ou de la grippe
espagnole sur les masses urbaines pour réduire de 90% la population
humaine. Les braves gens. Le pire est que l’on trouve des admirateurs
qui affirment « vénérer » ce genre
d’énergumènes.
Naturellement,
ces ultras sont fort heureusement marginaux, mais leurs cousins plus «
soft », émules de Latouche ou Georgescu Roegen, proposent
tout de même d’imposer la voie de la décroissance
économique au monde, ce qui nous rendrait bien plus vulnérables
aux tourments que Gaïa la belle, qui sait aussi parfois se montrer
salope envers ses rejetons, ne manquerait pas de nous infliger : mauvaises
récoltes (mais naturellement, c’est « notre »
réchauffement climatique qui en est responsable),
phénomènes climatiques extrêmes (idem), virus mutants,
baisse de l’activité solaire, etc…
Et le pire est
que ces grands architectes d’un ordre nouveau, leurs jésuites et
leurs idiots utiles sont en passe d’introduire dans les
législations de moult pays le ferment de cette décroissance, en
imposant à l’humanité de consacrer une part insupportable
des ressources qu’elle produit à des problèmes
d’ordre au mieux secondaire, au pire imaginaires, et
d’auto-limiter leur performance économique en rationnant leur
consommation énergétique. Leur objectif ultime : imposer une
« gouvernance mondiale » qui sanctionnerait toute peuplade osant
se démarquer des oukases des grands théologiens de
l’apocalypse verte. l'ONU est leur Rome, le protocole de Kyoto leur
évangile, Grenelle leur évêché, et notre
gouvernement verrait bien la France en fille aînée de
l'église nouvelle.
Fort
heureusement, il existe quelques hérétiques qui savent encore
convaincre quelques décideurs
de ne pas offrir leurs moutons de panurges citoyens en sacrifice aux grands
prêtres de l’écologie anthropophobe. Vilipendés et
pourfendus, ils ne sont pas encore voués au bûcher, le
développement du règne de la loi fondée sur la raison
est passé par là.
L'humanité
connut une spectaculaire évolution technologique à partir du
moment où les hommes commencèrent, non sans mal, à
accepter que la raison, l'esprit critique et la science prennent le pas sur
le dogme religieux comme principale référence intellectuelle
dans les débats d'idées. Il en ira de même avec les
problèmes environnementaux: les solutions que nous leurs trouverons
seront d'autant plus rapides et meilleures que les intégristes verts
disparaîtront du paysage intellectuel mondial.
Vincent
Bénard
Objectif Liberte.fr
Egalement par Vincent Bénard
Vincent Bénard, ingénieur
et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org), deux thinks tanks francophones
dédiés à la diffusion de la pensée
libérale. Spécialiste d'aménagement du territoire, Il
est l'auteur d'une analyse iconoclaste des politiques du logement en France,
"Logement,
crise publique, remèdes privés", ouvrage publié
fin 2007 et qui conserve toute son acuité (amazon), où il
montre que non seulement l'état déverse des milliards sur le
logement en pure perte, mais que de mauvais choix publics sont directement à
l'origine de la crise. Au pays de l'état tout puissant, il ose
proposer des remèdes fondés sur les mécanismes de
marché pour y remédier.
Il est l'auteur du blog "Objectif
Liberté" www.objectifliberte.fr
Publications :
"Logement: crise publique,
remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat
Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république,
bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La
doc française, avec Pierre de la Coste
Publié avec
l’aimable autorisation de Vincent Bénard – Tous droits
réservés par Vincent Bénard.
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