Mes
chères contrariées, mes chers contrariens,
Haaa, ça y est !! Nous sommes le 7 novembre,
l'élection du roi du monde est passée. Le nouveau
Président de la planète est l'ancien. Ouf général
de soulagement en dehors de l'Amérique. Les démocrates ont
gagné, Obama est à nouveau avec nous pour 4 ans.
Maintenant,
les choses sérieuses vont pouvoir commencer. D'ailleurs, elles
semblent vouloir commencer rapidement. Il ne faudrait pas non plus aller trop
vite en besogne. Soyons sérieux. On nous a dit et
répété depuis 6 mois que tout allait beaucoup mieux que
bien, et hop voilà t’y pas Wall Street qui nous fait une belle
glissade.
Non,
il faut rassurer les « zinvestisseurs ».
Il ne faut surtout pas oublier que la crise est enfin derrière nous.
Bon,
nous avons rigolé de toutes ces simagrées, nous savions bien
que tout ça c'était pour amuser la galerie.
Le
programme des quatre prochaines années du mandat du nouveau chef du
monde libre (tous les autres sont les méchants) est assez simple
à deviner. D'ailleurs, c'est invariablement le même.
Année
1 : toutes les mauvaises nouvelles, mauvais chiffres, et mauvaises actions.
Bref c'est une année noire.
Année
2 : on continue à s'enfoncer et on ne voit pas le bout du tunnel.
Année
3 : l'espoir revient car on en a marre d'en avoir marre mais rien n'a
changé.
Année
4 : il faut préparer la réélection des petits copains
donc tout va mieux que bien grâce à la politique menée
brillamment par l'administration sortante, on sait que l'on va s'en sortir.
On peut trafiquer les chiffres et demander aux médias d'être
« responsables » et de ne pas interférer dans le
jeu démocratique.
D'un
autre côté, ce programme pourrait être mis à mal
par une réalité cette fois-ci vraiment noire.
Où en sommes-nous
en ce jour zéro du nouveau monde
Exactement
dans la même situation qu'il y a six mois mais en pire, avec des
défis économiques majeurs à relever.
Côté
États-Unis, les agences de notations ont déjà
prévenu aujourd'hui même qu'elles dégraderaient les USA
si ces derniers n'étaient pas capables et rapidement de montrer des
signes tangibles de redressement budgétaire.
Les
marges de manœuvre fiscales en Amérique existent puisque les
impôts, là-bas, sont de 15 points plus faibles qu'en France par
exemple. Mais il ne faut pas se leurrer. Couper dans les dépenses et
augmenter les impôts fortement dans une économie fragile ne
conduiront qu'à la récession. Certains évoquent déjà
le chiffre de 3 % si les coupes automatiques prévues par l'accord
entre républicains et démocrates venaient à être
mises en œuvre automatiquement en début d'année 2013.
Les
différents QE de la FED menée par Ben Bernanke,
qui redit qu'il souhaitait partir, montrent des signes d'efficacité de
plus en plus douteux et font peser des risques importants sur la valeur du
dollar.
En
Europe, les choses ne sont guère plus réjouissantes.
Endettement excessif, récession, et austérité au menu,
qui n'aideront pas à améliorer la croissance économique.
Les
problèmes de la Grèce et de l'Espagne sont toujours en suspens
et attendent un règlement alors que les différents pays membres
de la monnaie unique n'arrivent toujours pas à se mettre d'accord sur
une solution pérenne de règlement des difficultés.
Alors
nous risquons fort de reprendre les mêmes sujets et de recommencer
là où nous avions tout laissé il y a six mois.
Mario
Draghi, qui avait mis fin à une
séquence de panique par des déclarations tonitruantes sur le
mode « vous allez voir ce que vous allez voir, car moi j'ai la
planche à billets et soyez-en sûr, ce que je ferai sera
suffisant », n'est toujours pas passé à l'action.
Aujourd'hui,
le Commissaire « politique » européen en charge
des Affaires économiques, Olli Rehn, nous a fait quelques déclarations fort sympathiques et qui vont certainement remonter votre
moral (ce qui est ironique bien sûr).
Pour
Bruxelles, « la zone euro va encore traverser une zone de
turbulences en 2013, marquée par une croissance en berne, des
dérapages budgétaires et un chômage de masse, avant
d'espérer une éclaircie, notamment en Grèce après
six années de récession ».
Il faut donc comprendre que cela va
être pire qu'avant et peut-être qu'un jour ce sera mieux, mais
pas pour le moment....
Plus
pessimiste qu'auparavant, Bruxelles estime, dans ses prévisions
économiques d'automne publiées mercredi, que la zone euro
devrait sortir de récession en 2013 mais avec une croissance au point
mort (+ 0,1 %). Elle devrait renouer avec la croissance l'année
suivante (+ 1,4 %). Avec cette croissance atone, la zone euro fera face en
2013 à un chômage s'approchant des 12 %, un niveau record, et
une dette publique à 94,5 % du PIB.
Il faut donc comprendre que la Commission
Européenne tente de nous faire le coup de la croissance Z'Ayrault... Nous, on y a déjà eu droit
chez nous, alors nous n'y croyons absolument pas.
Pour
le patron de la Banque centrale européenne, Mario Draghi,
« les chiffres du chômage sont tragiquement
élevés. La situation économique d'ensemble est faible et
cela ne devrait pas changer dans un délai proche ».
.
Ça,
s'il m'avait posé la question, j'aurais pu lui répondre
très rapidement et facilement. D'ailleurs, vous pourrez lire plus bas
que, désormais, les barquettes de viandes sont équipées
d'antivol...
Pour
notre Olli Rehn internationnal, « l'Europe traverse une
période difficile de rééquilibrage
macroéconomique qui va encore durer un certain temps. (...) Les
tensions sur les marchés se sont apaisées, mais il est trop
tôt pour s'en réjouir ».
Il faut comprendre que cela va durer et
s'empirer et que personne ne sait combien de temps cela va durer. Sans
compter que celui qui croit que sur les marchés ça va mieux
risque de déchanter rapidement.
Pour
lui, il est donc indispensable de « continuer à combiner
des politiques budgétaires saines et des réformes structurelles
afin de créer les conditions qui permettront une croissance durable,
capable de réduire le chômage par rapport aux niveaux
élevés actuels, qui sont inacceptables ».
Il faut comprendre qu'il va tous falloir
que nous fassions de gros efforts de compétitivité, que l'on
baisse nos salaires et que l'on paie beaucoup, beaucoup plus d'impôts
et rien ne dit qu'en plus cela marchera....
Concernant
l'Allemagne, même si le pays se porte mieux que la plupart de ses
voisins, son économie devrait être encore ralentie par la crise
en 2013 (+ 0,8 %), ont toutefois prévenu mercredi les cinq « sages »
qui conseillent le gouvernement allemand.
Il faut comprendre qu'en Allemagne cela
commence à aller mal aussi...
Enfin,
devant le Parlement européen, la Chancelière Angela Merkel a plaidé pour un renforcement « courageux
et ambitieux » de l'Union économique et monétaire,
quitte à changer les traités.
Elle
a insisté sur la nécessité de « corriger les
erreurs de conception » de la zone euro, tout en soulignant qu'on
pourrait « aller plus loin en donnant à l'UE un droit de
regard sur les budgets nationaux ».
Il faut donc comprendre que les finances de
tous les pays devraient être confiées à nos
« amis » allemands, il suffit de changer les
traités... la difficulté n'étant pas de les changer mais
de se mettre d'accord sur les modifications...
Alors
je trouve cette avalanche de mauvaises nouvelles étrange, alors que
vous savez, tout allait bien et la crise est derrière nous.
Parfois,
je me demande si nous n'attendions pas le 7 novembre pour ne pas
interférer dans l'élection américaine.... meuh non,
impossible, tu vois le mal partout dirait ma femme...
Nous
devrions donc connaître assez rapidement plusieurs séquences de
psychodrames de part et d'autre de l'Atlantique.
La
fin d'année 2012 et l'année
2013 s'annoncent difficiles. D'un autre côté, c'est normal,
c'est bientôt le 21 décembre 2012 et les Mayas avaient tout
prévu il y a déjà 2 000 ans !!
Alors
ce soir je suis content, je me dis qu'il va se passer plein de choses, et que
je vais avoir plein de machins à critiquer, de bidules à juger,
bref, on va bien s'amuser... Enfin, s'amuser, intellectuellement, parce que
dans la vraie vie, hélas, cela risque d'être nettement moins
drôle pour beaucoup d'entre nous.
Soyez
prudents.
Charles SANNAT
Directeur
des Études Économiques Aucoffre.com
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