Un des outils financiers fondamentaux est la valeur relative. L’investisseur
intéressé par la vraie valeur des choses est toujours à
la recherche de ce qui offre la plus forte valeur intrinsèque
lorsqu’on le compare à des investissements similaires. C’est du bon sens lorsque
l’on fait ses courses, que l’on achète de l’essence,
des vêtements ou des choses plus importantes comme une voiture, un
ordinateur ou un appartement.
Nous recherchons instinctivement le meilleur rapport
qualité/prix. Il ne s’agit rien d’autre que d’en
avoir le plus possible pour son argent.
Et c’est la chose la plus importante en matière
d’investissement. Nous
voulons investir non seulement dans les meilleures classes d’actifs,
mais également dans les meilleurs produits. Si on décide
d’acheter des obligations, on se met à la recherche des
meilleures obligations : cela vaut aussi pour les actions,
l’immobilier, ou toute autre forme d’investissement. Basique, mais très vrai.
L’élégance de la valeur relative est qu’une
fois que vous avez décidé du secteur dans lequel vous allez
investir, trouver la meilleure affaire est un processus relativement simple.
Si vous avez choisi les actions, par exemple, votre recherche se limite
à trouver les plus intéressantes. En pratique, cela revient
à comparer les actions les unes par rapport aux autres ; il
n’y a pas là de grand débat macro-économique.
En résumé, il n’y a rien de compliqué
à trouver le meilleur investissement une fois que vous avez choisi
votre secteur. Il suffit
d’acheter celui qui offre le meilleur rapport qualité prix,
c'est-à-dire le moins cher parmi tous ceux avec une valeur
intrinsèque comparable.
Je pense que les matières premières représentent
le meilleur secteur à long terme, du fait de la démographie, de
la croissance mondiale et de la difficulté à augmenter leur
production rapidement. Je vous en
dirai un peu plus plus loin, et pourquoi je pense
que l’argent est le meilleur choix relatif dans ce secteur. Même si je n’emporte
pas votre adhésion
concernant les matières premières, il est toujours
intéressant de réfléchir et de décider quel actif
est le plus intéressant à l’intérieur de
n’importe quelle classe, parce que, même si vous vous êtes
trompé dans votre choix de secteur, vous pourrez tout de même
bien vous en sortir.
Dans le secteur des matières premières j’ai choisi
de m’intéresser aux métaux non ferreux majeurs, dont le
cuivre, l’aluminium, le nickel et le plomb. La plupart de ces métaux
viennent d’atteindre leurs plus hauts niveaux au moment où
j’écris cet article.
Je n’ai pas inclus l’étain (parce qu’il est
insignificatif financièrement par rapport aux autres) mais ai inclus
l’or et l’argent : l’argent est, bien entendu,
considéré comme un métal industriel et précieux,
et j’inclus l’or parce qu’il est le compagnon
évident et logique de l’argent. J’ai exclu tous les autres
métaux précieux, dont le platine et le palladium, pour diverses
raisons.
Cette approche comparative des métaux n’est pas un concept
nouveau et j’ai déjà beaucoup écrit à ce sujet, en comparant
notamment les quantités disponibles sur le marché et les prix,
ainsi que les ratios production sur le prix du cuivre, de l’or et de
l’argent.
Avant de faire des comparaisons spécifiques, laissez
moi vous expliquer pourquoi j’ai choisi les matières
premières comme secteur de prédilection, et plus
particulièrement les métaux non-ferreux.
Le total de la production du monde (PNB mondial) est d’un peu
plus de 45 trillions de dollars par an.
Ce montant augmente d’environ 5% par an depuis quelques
années, soit plus de 2 trillions par an. Sans les matières
premières (énergie, alimentaire, métaux et autres) il
n’y aurait pas d’économie, tout comme il n’y aurait
pas de vie sans air, eau ou nourriture. Les matières premières
sont un élément essentiel et vital de l’économie
mondiale.
De plus, il n’y aurait pas d’économie moderne sans
les métaux industriels (comment pourrait-il en être
autrement ?). Cependant,
dans notre économie de 45 trillions de dollars, le coût total
pour le monde entier de tout le cuivre, de tout l’aluminium, de tout le
nickel, de tout le zinc, de tout le plomb et de tout l’argent (plus
l’or, bien qu’il ne soit pas consommé) est de seulement
315 milliards de dollars.
Je vous remercie de réfléchir à ceci pendant un
instant. Le coût de ces métaux est de moins de 1% de toute
l’économie mondiale.
Cependant, sans eux, il n’y aurait pas d’économie
mondiale. Et remarquons que ces
315 milliards sont après que tous ces métaux aient au moins
doublé, certain triplé, quadruplé ou quintuplé.
Mon argument est simple : le coût de tous ces métaux pour
l’économie mondiale reste très faible, même
après les fortes augmentations de ces dernières
années. Cela ne veut pas
dire que les prix ne redescendront pas à un moment ou un autre, mais
à moins de 1% du total, ils n’ont pas à descendre parce
qu’ils sont trop chers ou qu’ils soient devenus excessifs. Rajoutez l’accroissement de la
demande aussi loin que le regard puisse porter, et vous avez les raisons de
mon choix concernant mon secteur d’investissement de
prédilection.
Maintenant, pour des comparaisons spécifiques, vous trouverez
ci-dessous le coût en dollars pour l’économie mondiale
pour les métaux en question, base sur les prix actuels compares aux
prix d’il y a quatre ans (sources : LME World Gold Council).
(En milliards de dollars)
2002 2006
Aluminium -
35
65
Cuivre
-
22
115
Nickel -
7
36
Zinc
-
7 34
Plomb-
3
9
Or -
24
48
Argent
-
3
8
TOTAL
101
315
Quelques observations à propos de ces données, avant de vous
livrer mes conclusions.
L’augmentation du coût total de ces produits pour
l’économie mondiale en quatre ans est de 214 milliards de
dollars. Comparé à l’accroissement de 8 milliards de
dollars du PNB mondial au cours de la même période, cela
signifie que l’accroissement de ces métaux est de moins de 3% de
la croissance de l’économie mondiale. Comme mentionné ci-dessus, leur
coût total est de moins de 1% du PNB mondial de 45 trillions de
dollars.
Pour mieux mettre cet accroissement en perspective, l’augmentation
du prix du pétrole depuis 2002 a coûté un trillion de
dollars supplémentaires, ou presque cinq fois l’accroissement du
coût de tous ces métaux confondus.
Ma première conclusion est qu’il apparait que le monde
peut facilement se permettre les augmentations de prix de ces métaux.
Je ne connais aucune analyse crédible mentionnant le fait que la
hausse de leur prix mettrait en péril l’économie
mondiale. De plus, en rajoutant que les stocks et les ressources faciles
à mettre en production ont été consommés ces
dernières années, ces éléments ne pourront plus
avoir une influence négative sur les prix comme ils ont eu dans le
passé.
En conséquence, il va falloir désormais une augmentation
de la production minière et une diminution de la consommation pour
équilibrer l’offre et la demande. Il n’y a que le prix qui
permette de réaliser cet équilibre. C’est là le
véritable cœur de mon analyse.
Il faut également remarquer que la hausse du prix de ces
métaux provient d’un accroissement de la demande et de la
vigueur de l’économie mondiale. Il n’est pas possible que tous
ces métaux puissent simultanément voire leur
disponibilité et leurs stocks diminuer sans une forte croissance de
l’économie.
Si on analyse maintenant l’argent, il est impossible que tous ces
métaux deviennent de plus en plus rares sans qu’il se passe la
même chose sur le marché de l’argent. Après tout, on peut dire
que les métaux de base sont sensibles à l’évolution du
PNB et de la démographie.
C’est encore plus vrai pour l’argent, dont les diverses
applications industrielles sont encore plus variées que celles de tous
les autres métaux combinés.
Du coté de l’offre, et puisque l’argent est
principalement le sous produit des métaux dont nous avons
parlé, toute suggestion que la production d’argent puisse rapidement augmenter tandis que
la production de cuivre, de nickel, de zinc ou de plomb serait stagnante est
tout simplement absurde. Il y a un lien extrêmement étroit entre
l’argent et le reste de ces métaux, que ce soit du point de vue de
la production ou de la consommation.
Ma principale conclusion concernant les chiffres de ce tableau est la
suivant. En un mot,
l’économie mondiale ne peut pas exister dans sa forme actuelle
sans le cuivre, le zinc, le nickel, le plomb ou toute autre matière
première industrielle.
L’économie paiera donc le prix qu’elle doit payer
pour avoir ces métaux. Il n’y a pas d’autre choix
possible. La même chose
vaut pour l’argent.
Alors demandez vous, si le monde peut se permettre un accroissement du
coût annuel de 93 milliards de dollars pour le cuivre, ou 29 milliards
pour le nickel, ou 27 milliards pour le zinc, voire 24 milliards pour
l’or, et ce sans le moindre problème, combien sera t’il
prêt à payer pour de l’argent. Tiré de cet exemple, il
semblerait que le monde puisse se permettre de l’argent à 50 ou
150 dollars.
En conséquence, sur la base du prix, il semble que
l’argent ait encore beaucoup de chemin à faire pour rattraper
les autres métaux. Cela
lui donne, à mon avis, le meilleur rapport qualité / prix de
tous les autres métaux (sauf l’or). Mais il y a d’autres
considérations importantes qui augmentent encore son
intérêt. Citons au premier chef son côté pratique.
Comment diable un investisseur moyen pourrait il acheter du cuivre, du
zinc, du nickel ou du plomb ? La
réponse est tout simplement qu’il ne le peut pas. Il peut
acheter des actions de sociétés minières, mais cela
induit d’autres complications (et c’est la raison pour laquelle
je ne les recommande pas). Il
peut acheter des contrats purement fiduciaires sans aucun support
métal, dont le contrat sur le nickel du LME, actuellement en
défaut de livraison. Mais ce n’est pas la même chose que
d’acheter et de posséder le métal par lui-même. Avec l’argent, il peut acheter
et posséder le métal.
Le choix est parfois facile.
C’est le cas si on compare l’achat de l’argent et
celui de tous les autres métaux industriels. Non seulement l’argent a le
meilleur avantage comparatif du point de vue du prix, mais c’est aussi,
avec l’or, le seul qui permette une possession personnelle. Si quelqu’un décidait de
choisir le secteur des matières premières et voulait faire le
meilleur choix possible, j’aurais de grandes difficultés
à comprendre comment son choix pourrait ne pas être
l’argent.
Theodore Butler
Investmentrarities.com
Disclaimer : personne ne peut prédire l’avenir et il se peut que
l’analyse de Theodore Butler soit prouvée incorrecte. L’argent
peut monter, mais peut aussi baisser. Il vous appartient de vous renseigner,
d’analyser et d’arriver à vos propres conclusions. La prudence nous oblige à vous
rappeler que les métaux précieux pourraient ne pas correspondre
à vos besoins d’investissement.
Theodore Butler est
contributeur à 24hGold.com. Les vues
présentées sont les siennes et peuvent évoluer sans
qu’il soit nécessaire de faire une mise à jour. Les articles
présentés ne constituent en rien une invitation à
réaliser un quelconque investissement. L’auteur, 24hGold ainsi que
toutes parties qui leur seraient directement ou indirectement liées
peuvent, ou non, et à tout instant, investir ou vendre dans tous les
actifs présentés dans ces colonnes. Tous droits
réservés.
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