Mes chères contrariées, mes chers contrariens,
Je suis très inquiet de la tournure des
événements dans notre pays.
La
récession de 2013 risque d'être très forte
Alors que le gouvernement se lance dans une politique massive d'augmentation
des impôts, nous connaissons déjà, à l'avance, le
résultat économique que cela va provoquer. Un effondrement de
la demande, de la consommation et de l'investissement. Pourquoi une telle
certitude ? Parce que nous avons comme exemple le Royaume-Uni, pays
libéral, disposant de sa propre monnaie, qui, suite à de la
rigueur budgétaire mâtinée de hausses d'impôts
très fortes – ayant provoqué au passage quelques
émeutes –, connaît pareille situation.
Nous avons comme exemple la Grèce qui n'en finit plus de
plonger, et je fais partie de ceux qui, dès 2008, disaient que la
France connaîtrait un avenir à la grec.
Nous avons l'exemple de nos amis portugais, pour qui le quotidien
devient de plus en plus pénible.
Et enfin, nous pouvons désormais regarder nos camarades
espagnols ou italiens et voir leur détresse.
Chaque augmentation d'impôt conduit invariablement à une
aggravation de la récession, qui entraîne une baisse des
rentrées fiscales et une augmentation des déficits.
La politique de rigueur est vouée à l'échec et
nous n'avons plus les moyens d'une politique de relance.
Le facteur
psychologique
Plus grave. Dans notre pays, un facteur psychologique majeur va
commencer à jouer à plein. Je sais. Les riches sont des
méchants, les entrepreneurs des exploiteurs, et les auto-entrepreneurs
des profiteurs.
Voilà au bout de 100 et quelques jours la réalité
sur le terrain.
Alors que notre ministre du Redressement improductif joue le
comédien sur les plateaux de télévision, notre
gouvernement a réussi, non pas un choc fiscal, non pas un choc de
compétitivité, encore moins un choc social mais un choc
psychologique.
Ce choc psychologique n'est pas quantifiable comme le PIB, la
croissance ou plutôt un taux de récession. Il n'est pas
quantifiable quoique nous ayons de très forts indices, mais il est
désormais palpable.
La France qui crée, la France qui investit, la France qui
travaille (je sais c'est un gros mot), la France qui construit et bâtit
celle de demain, cette France-là est désormais
traumatisée.
Je discutais aujourd'hui avec un camarade Contrarien.
Il me disait quelque chose de très juste. La présidente du
Medef – oui je sais, c'est la patronne des patrons, donc c'est
forcément une mauvaise et une méchante – a
déclaré qu'il y avait un climat de « racisme
anti-entreprise ». Ce sentiment anti-entreprise est
véhiculé par un gouvernement qui compte dans ses rangs 38
ministres, dont 37 sont issue de la fonction publique.
Vous rendez-vous compte. La présidente du Medef (aussi
méchante soit-elle) obligée de mettre en garde nos 37
fonctionnaires chefs sur le climat anti-affaires, anti-business
instauré en moins de 100 jours.
C'est un symbole gravissime. La révolte des
« Pigeons », ou le nombre d'éditorialistes (dont
je fais partie) vent debout sur ces mesures anti-entrepreneur, est immense.
La fronde est forte et réelle. Rarement pour des raisons
idéologiques d'ailleurs. Ce qui est surprenant même, c'est que
c'est la blogosphère et les réseaux sociaux qui expriment cette
colère « populaire » reprise après par
les grands médias.
Il faut bien comprendre que, désormais, le mal est fait et pour
les cinq prochaines années. Et c'est dramatique.
On ne doit
pas opposer le « patron » au « salarié »
Nos amis socialistes ont commis une erreur stratégique fondamentale,
qui explique la chute de popularité du gouvernement et du
Président. Ils ont voulu diriger par
« catégorie » de Français. Là
interviennent les études et sondages qui permettent de découper
la France en tranches.
Les patrons, les entrepreneurs, votent majoritairement à
droite. Taxons-les, rasons-les, ruinons-les, de toute façon ils ne
voteront jamais à gauche.
Les profs et les banlieues votent à gauche ? Donnons-leur la
priorité dans les moyens et les dépenses. Recrutons 40 000
profs de plus, ils seront contents, nous conserverons notre base
électorale et faisons payer majoritairement ceux qui
« votent » à droite.
Ils se croyaient malins en mettant en place une telle politique
cynique. Cynique car il ne s'agit pas de l'intérêt
supérieur de la nation, mais de basses manœuvres stupides qui ne
répondent plus ni aux enjeux, ni à la situation de notre pays.
Lorsque notre Président et notre gouvernement nous expliquent
que les augmentations sont justes, il faut comprendre que majoritairement
elles frappent les électeurs statistiquement de droite. Donc elles
sont justes... pour les gens de gauche.
Le problème, c'est qu'il vient d'y avoir un effet
collatéral non-prévu qui vient d'enrayer brutalement cette
belle mécanique politique.
La fronde des entrepreneurs, des riches, des auto-entrepreneurs, qui,
eux, n'ont absolument pas l'intention de se faire massacrer sans rien dire.
Le problème de notre Président et de notre gouvernement,
c'est que les salariés qui votent à gauche sont salariés
de patrons qui aujourd'hui ont perdu totalement confiance dans l'avenir.
Il y a la rigueur, certes. Tous les patrons savaient que ce serait
difficile. Mais ils pouvaient essayer tant bien que mal de gérer la
situation. Ce qu'ils ne peuvent assumer en plus, c'est un climat
délétère à leur égard.
Le résultat, c'est qu'aujourd'hui, je n'ai pas envie
d'investir, je n'ai pas envie de recruter, d'abord parce que la conjoncture
est mauvaise et surtout parce que je ne sais pas de quoi sera fait demain,
quels nouveaux droits, quelles nouvelles taxes je devrais supporter ou payer.
NON, le
capital et le travail, ce n'est pas la même chose
Nous avons opposé les « recruteurs » aux
« recrutés ». Notre gouvernement explique
doctement (en s'apprêtant à faire marche arrière) qu'il
est normal de taxer le capital comme le travail. Sauf que, sauf que l'on
oublie plusieurs choses.
Le capital disponible est le fruit de l'épargne. Cette
épargne a été constituée par le travail qui lui a
déjà été taxé. Lorsque vous percevez votre
salaire, vous payez vos impôts. Une fois le tout acquitté, vous
mettez ces sommes de côté. Elles seront à nouveaux
taxées sur ce qu'elles rapporteront. On peut toujours dire qu'il n'y a
pas assez d'impôts mais à partir d'un moment, l'ensemble devient
confiscatoire.
Ce capital va être investi par un créateur dans une
entreprise qui va créer de la valeur pour la collectivité et
qui va payer plein d'impôts et de charges. Au bout de 10 ou 20 ans, le
chef d'entreprise revend sa société – car il fait partie
de la toute petite minorité à ne pas avoir fait faillite ne
serait-ce que dans les 5 premières années. L'année de la
revente, il sera donc imposé à 60 % sur le montant de la vente,
comme les revenus. Le fruit de 10 ou 20 ans de travail,
considéré en une fois comme des revenus.
Rassurez-vous braves gens, l'honneur est sauf, car nos artistes, nos
footballeurs (je n'ose pas parler de nos handballeurs par les temps qui
courent), eux, bénéficient de mécanismes de lissage. Un
revenu sportif ou artistique est un revenu « exceptionnel »,
pas ceux d'un entrepreneur. Rassurez-vous aussi, les tableaux de
maîtres restent également défiscalisés...
Le ministre de l'Économie et des finances, Pierre Moscovici, a
déclaré jeudi soir « ce
que nous voulons taxer, c'est la rente, pas le risque », en
précisant qu'il était en revanche « hors de
question » de remettre en cause le principe de l'alignement de la
fiscalité du revenu du capital sur celui du travail.
Ce qui ressemble à un
rétropédalage va poser quelques problèmes politiques.
Une gauche de la gauche voulant tuer le rentier, et au milieu un principe de
réalisme indispensable à l'art de gouverner.
Il ne faut jamais oublier
qu'au-delà d'un certain seuil, la fiscalité devient
confiscatoire et donc démotivante.
La haine du « riche »,
la haine de « l'entrepreneur », la haine du « possédant »
Je reproduis ci-dessous la proposition n°83 d'un « think tank » de gauche qui a proposé
100 mesures pour le programme de la gauche.
« 83. Inclure dans l'assiette de l'impôt sur le
revenu les "revenus fictifs" que le propriétaire tire de sa
résidence principale.
De même que placer de l’argent sur un livret
d’épargne génère un revenu (taux
d’intérêt versé par la banque), acheter son
logement principal rapporte un revenu fictif (le loyer qu’on n’a
pas à payer). Et de même que les intérêts des
placements, ces loyers fictifs devraient être imposés sur le
revenu, après déductions des intérêts
d’emprunt. »
Et voilà comment en 100 jours, la nouvelle équipe en
place a réussi à expliquer au monde entier qu'il ne fallait pas
venir investir en France et que nous n'étions pas très
accueillants, voilà comment en 100 jours l'ensemble des entrepreneurs
se sont mis à geler toutes leurs décisions par cause
d'insécurité fiscale et sociale et d'une impossibilité
à se projeter dans l'avenir, voilà comment en 100 jours, la
gauche théorise et met en pratique une certaine forme de haine du
riche, le riche étant très subjectif, puisque pour certains le
simple fait d'être propriétaire est suffisant pour vous classer
dans la catégorie des « possédants ».
Le résultat va être très simple et cela a
déjà commencé.
Gel total des investissements.
Gel des embauches et hausse du chômage.
Chute de l'immobilier, en raison du désengagement des
ménages aisés du secteur locatif, qui aura pour
conséquence une aggravation de la crise du logement et une nouvelle
crise financière les banques, ayant financé des biens
immobiliers à crédit sur des niveaux de prix très
élevés.
Exode de certaines catégories de Français qui profitent
de la libre circulation des biens et des capitaux pour choisir dans quel pays
ils se feront tondre, en privilégiant ceux où la tonte est la
moins courte.
Baisse des créations d'entreprises et, in fine, des
créations d'emplois.
Bref, à la récession naturelle provoquée par les
hausses d'impôts, nous venons de rajouter une récession
« psychologique » liée à la
stigmatisation des catégories de Français les plus
entreprenants et les plus innovants.
La récession en France sera terrible, et l'hiver sera
très rude. A l'arrivée, les plus touchés seront les
électeurs de Monsieur Hollande. Il est là le dégât
collatéral. Nous pourrions dire que ce ne serait que justice. Mais
c'est en réalité la chronique d'un drame annoncé pour
notre pays et cela aura pour conséquence ultime une déstabilisation
sociale sans précédent, sur fond de problèmes
interethniques et religieux explosifs.
Funeste politique.
Il ne faut jamais oublier que lorsque que les riches maigrissent, les
pauvres eux... meurent de faim.
Un pays a besoin de riches et de richesses, est-ce si difficile
à accepter ?
Charles SANNAT
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