Mes chères contrariennes, mes chers contrariens
!
En cette veille de Noël,
hélas, pour les pays du sud, il n’y a rien de nouveau. La
misère poursuit son avancée inexorable et touche de plus en
plus de monde. Des classes sociales jusque-là
privilégiées sont impactées de plein fouet par la crise.
Il s’agit de la plus grande paupérisation depuis la Seconde
Guerre mondiale. La déflation est un phénomène
économique terrible pour les patrimoines des gens et leur niveau de
vie.
En Italie, les mouvements de
protestation ne faiblissent pas et même les forces de l’ordre
sont un peu moins impliquées dans la défense d’un
système qu’un nombre croissant de citoyens tendent à
rejeter massivement. Je voulais partager avec vous ces trois informations sur
l’Espagne, Chypre et la Grèce. Encore une fois, ce qui arrive
dans tous ces pays n’est pas le fruit du hasard. Ce n’est en
aucun cas parce que ces peuples se sont plus mal tenus que nous. Il
s’agit essentiellement d’un problème de
compétitivité lié à une économie
désormais mondialisée. La véritable question, le
véritable enjeu, celui dont personne ou presque ne vous parle, est
celui de notre compétitivité par rapport au système
chinois d’une efficacité redoutable.
La réduction
systématique de nos droits démocratiques n’est pas non
plus un hasard. Le modèle chinois est basé sur une forme de
libéralisme extrême en terme économique et une dictature
politique du parti unique. Pas de droit social ou presque. Pas de
liberté politique, mais la liberté de consommer et
d’entreprendre (dans les limites fixées par le parti). Le tout
dans un contexte de salaires bas.
Le choix pour le reste du monde est
en réalité assez simple. Soit vous fermez les frontières
en mettant en place de véritables politiques protectionnistes, soit
vous retrouvez de la compétitivité en modifiant votre
système politico-économique pour le rapprocher du modèle
chinois. C’est évidemment la direction que nous avons choisie en
Europe et en particulier pour les pays du sud. Cette mise à niveau par
le bas ne peut être effectuée qu’au prix d’une
période déflationniste terrible puisqu’il faut ni plus ni
moins baisser de façon drastique les coûts donc les salaires et
les dépenses publiques. Un corollaire évidemment logique est
que cette baisse massive des salaires et des droits ne peut que s’accompagner
d’une résistance plus ou moins forte des peuples.
D’où la nécessité de l’accompagner
d’une réduction massive des droits et de la démocratie.
Nous sommes donc condamnés à voir la démocratie, telle
que nous la connaissions, disparaître. Nous sommes condamnés
à voir nos niveaux de vie massacrés. En France, la seule
différence par rapport aux autres pays du sud sera la vitesse de
délitement plus lente qu’ailleurs. Mais à
l’arrivée, nous serons tous Grecs, Espagnols ou Italiens, sans oublier
au passage que nous serons également tous Chypriotes, lorsque
l’État dans sa grande mansuétude nous laissera
l’usage de 80 % de notre épargne, ce qui est une excellente
nouvelle (comprendre qu’en réalité l’État
vous aura taxé d’office de 10 à 20 % de votre
épargne pour éviter la faillite).
Car n’oubliez jamais que le
problème de la déflation, c’est que si tout baisse, les
salaires, la dépense publique, le PIB baisse, mais le stock de dettes
lui, au mieux, reste constant. Lorsque tout a diminué, le
résultat c’est l’insolvabilité… et seul le
braquage massif de l’épargne permettra éventuellement de
l’éviter ou de reculer ce moment encore un peu. C’est pour
cette raison que l’on prépare les esprits à
l’acceptation d’une telle décision qui ne sera prise
« qu’en dernier recours » et pour « votre bien
».
La reprise en Espagne ? Un grand
nombre d’Espagnols ne la voit pas
« C’est bientôt
Noël. Mes enfants vont me demander des cadeaux. Je fais comment ? se
désole Esmeralda Inglés
venue, sans l’avouer à son mari et à ses enfants, prendre
son petit déjeuner dans le centre d’accueil Caliu
de Barcelone et chercher de quoi les nourrir.
Après trois ans sans emploi
et la fin des indemnités de chômage, Esmeralda
a dû recourir à l’aide de cet établissement ouvert
depuis trois ans et géré par des bénévoles, dans
ce quartier modeste de Horta.
Chaque matin, après avoir
mené les enfants à l’école, elle vient dans ce
réfectoire qui, loin de voir les effets d’une timide reprise
célébrée par les autorités espagnoles et les marchés,
ne désemplit pas. Au contraire. »
Voilà comment commence cette
dépêche de l’AFP qui se penche sur ce miracle de reprise
économique vanté par le gouvernement espagnol qui
n’existe que dans l’esprit de dirigeants complètement
malades et qui tentent désespérément de gagner du temps
et de « redonner confiance » aux agents économiques. Mais
les vrais gens, eux, ne voient rien venir, ce qui est normal puisqu’il
n’y a toujours pas de travail.
« Un récent rapport du
Conseil de l’Europe a relevé le
« développement inquiétant de la pauvreté des
familles qui menace un cinquième des 47 millions d’habitants en
Espagne et « le taux croissant de pauvreté chez les
enfants » (30,6 % en 2011). » 30 % de pauvres chez les
enfants, cela commence à faire beaucoup et l’on se rapproche
progressivement des standards des pays dits en voie de
développement… mais comme c’est exactement le but
recherché, il n’y a pas de quoi s’étonner.
« Esmeralda,
comme de nombreux autres, se retrouve sans le sou une fois payées les
factures dans un pays qui est le troisième de l’Union
européenne où l’électricité coûte le
plus cher, pour un salaire minimum de 752 euros sur 12 mois. Avec ses trois
enfants de 10, 8 et 3 ans et son mari, ses factures d’eau, de gaz et
d’électricité s’élèvent à au
moins 100 euros par mois auxquels s’ajoutent 600 euros de loyer,
explique Esmeralda. »
Car c’est cela les
conséquences d’une déflation des salaires qui, vous le
noterez, ne s’accompagne pas de la baisse des prix de
l’énergie par exemple, qui eux poursuivent leur progression. En
effet, il ne faudrait surtout pas que les grandes multinationales fassent un
peu moins de profit. La crise au détriment des peuples oui. Pas en
diminuant les profits des gentils actionnaires.
« Voyant se multiplier ce
type de situation, le gouvernement de Catalogne, grande région
nord-ouest de l’Espagne, a décidé d’interdire les
coupures d’énergie pendant l’hiver pour les familles les
plus vulnérables. » Cela pourrait sembler une mesure de bon
sens, mais cette mesure a été rejetée au niveau national
par le gouvernement et le parti conservateur au pouvoir !
Le problème c’est qu’en Espagne, en Grèce ou
Chypre, on vous fera payer vos crédits, vos factures qui continuent
à augmenter jusqu’au bout. N’attendez aucune remise,
aucune réduction, aucun geste à part un immense bras
d’honneur réalisé en cœur par nos zélites économiques et nos mamamouchis
économiques qui se moquent des peuples comme de l’an 40 ! Nous
ne sommes rien d’autre que de la piétaille sacrifiable
et sacrifiée en toute connaissance de cause.
Chypre : recours croissant à
la charité, après des décennies de
prospérité
Autre dépêche AFP,
autre pays, et même misère.
« On n’aurait jamais pensé en arriver là un jour,
soupire Chris, venu comme un nombre croissant de Chypriotes chercher un sac
de nourriture gratuite dans une église de Nicosie, signe que la crise
sociale s’aggrave dans le pays en pleine récession.
Je travaillais comme menuisier, ma
femme dans l’agroalimentaire, nous avions deux voitures, une vie facile
jusqu’à ce qu’on perde notre travail, il y a quelques
mois, explique-t-il. Aujourd’hui, on s’éclaire à la
bougie parce qu’on a même plus de quoi payer
l’électricité, et je viens chercher de l’aide ici,
une démarche impensable il y a quelques mois dans cette île
longtemps prospère. »
Vous remarquerez encore le poids de
l’énergie dans les budgets des gens. Vous remarquerez
également qu’il ne s’agit pas des pays où il fait
froid… En France, nos budgets chauffage sont beaucoup, beaucoup plus
élevés. D’où l’intérêt de
prévoir une bonne cheminée, un bon poêle à bois,
et la forêt allant avec ou presque.
« Le chômage, longtemps
aux alentours de 5 %, est monté en flèche ces derniers mois,
atteignant 17 %, un record, et continue à grimper. Nombre de
salariés subissent d’importantes baisses de revenus, ainsi que
fonctionnaires et retraités dans le cadre des mesures
d’austérité destinées à sauver
l’île de la faillite. » Vous lirez la suite si vous le
souhaitez, et vous profiterez d’autant plus de votre réveillon
de Noël et de l’opulence que certains parmi nous peuvent encore se
permettre ! Nous avons de la chance. Tout est très relatif.
Grèce : majorité
réduite d’une voix suite au vote d’un nouvel impôt
foncier
En Grèce, rien de bien
nouveau non plus, que le gouvernement grec de coalition ait vu sa
majorité réduite d’une voix suite au vote au parlement
d’un nouvel impôt foncier exigé par les créanciers
internationaux du pays est d’aucune importance tant la succession de
différentes majorités a toujours, depuis presque 6 ans,
voté le même type de loi. C’est un jeu politique
destiné à occuper une « plèbe » qui commence
à comprendre que la couleur politique du bourreau ne changera rien
à l’exécution du petit crime entre amis
perpétré par l’Europe.
« Le nouvel impôt, qui
se substitue aux précédents impôts fonciers, devrait
rapporter à l’État 2,65 milliards d’euros, a
indiqué le ministre des Finances. »
« Toutefois les syndicats et
les partis de gauche ont dénoncé dans la nouvelle loi une
taxation excessive de la propriété immobilière dans un
pays qui détient avec plus 70 % de personnes détentrices de
leur logement le taux le plus élevé de propriétaires
fonciers en Europe. »
Ce qui est génial avec les
impôts sur le foncier… c’est que le foncier ne se
délocalise pas, éventuellement il se revend… et encore,
dans ces pays-là, le marché immobilier
n’est pas vraiment à la fête et personne n’en veut
plus. D’ailleurs, plus personne n’a les moyens d’acheter
quoi que ce soit. 60 % des Grecs des villes rêvent de devenir des Grecs
des champs… mais il est presque devenu impossible de vendre un
appartement en tout cas pour une valeur décente.
« Le principal dirigeant de
l’opposition, Alexis Tsipras, a accusé
le gouvernement de se livrer à un braquage des propriétaires et
d’avoir détruit le rempart qui protégeait des milliers de
familles grecques du désespoir. »
Les créanciers, l’Europe et la troïka s’en fichent
comme d’une guigne. Les peuples paieront. Les peuples seront
réduits à une forme moderne d’esclavage et la
démocratie également. La fin justifie les moyens.
Mais au bout du compte, la faim
aussi justifiera les moyens. Ce n’est qu’une question de temps.
Alors n’hésitez pas
à demander au Petit Papa Noël, un stock de raviolis, une belle
maison à la campagne, des graines pour votre potager, un nouveau
terrain, ou encore un peu d’or et d’argent. N’oubliez pas
dans votre petit soulier du bois de chauffage ou une forêt, car qui
peut le plus, peut le moins.
Il faut être conscient que ce
qui arrive là-bas va nous arriver aussi. L’État
français s’y prépare vigoureusement et intensément
avec ses nouvelles législations liberticides et en s’octroyant
le droit de nous espionner en temps réel, de nous écouter en
temps réel sans même l’autorisation d’un juge !!
L’État assassine la démocratie, fut-il socialiste et
dégoulinant de mots bienfaisants comme le « drôat
» ou la « libêêêrté
». Il ne le fait pas uniquement par plaisir ou perversité, mais
parce que vous assassiner économiquement va vous faire râler,
alors autant prévoir dès maintenant la méthodologie et
le cadre juridique nécessaire pour pouvoir vous embastiller
massivement lorsque le besoin s’en fera sentir.
Hollande est le fossoyeur de notre
démocratie et de notre économie. Mais la drôate
n’y trouve pas grand-chose à redire. Aucun député
n’a cru bon déposer un recours devant le Conseil constitutionnel
alors que le principe de la démocratie, le principe intangible, est
celui de la séparation des pouvoirs. Cette nouvelle est
anticonstitutionnelle. Totalement. Intégralement. De façon
évidente. Pourtant, elle a été adoptée. Elle est
en vigueur. Nous verrons donc à la rentrée comment y
échapper, et je vous prépare un petit dossier spécial
à ce sujet.
En attendant le numéro
hors-série de demain (une petit surprise), je
vous souhaite déjà de très belles fêtes de fin
d’année et un très beau réveillon. Profitons-en
tous car nous ne savons pas ce que demain nous réserve, mais chaque
moment de bonheur est précieux.
Restez à
l’écoute.
À demain… si vous le voulez
bien !!
Charles SANNAT
Éditorialiste et
rédacteur du Contrarien Matin
Directeur des études économiques AuCOFFRE.com
http://www.lecontrarien.com/
Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de
reproduction en tout ou en partie à condition que le présent
alinéa soit reproduit à sa suite. Le Contrarien
Matin est un quotidien de décryptage sans concession de
l’actualité économique édité par la
société AuCOFFRE.com. Article écrit par Charles SANNAT,
directeur des études économiques. Merci de visiter notre site.
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