Le monstre conciliant qu’est l’opinion
internationale avait semble-t-il l’esprit ailleurs quand de petits soldats
américains armés de manettes de jeu faisaient exploser à distance des salles
de mariage et des ânes au Pakistan, au Yémen et en Afghanistan, sans parler
du bombardement de ce pauvre Irak innocent. Elle n’accorde ces jours-cis pas
énormément d’attention à la progression de l’EIIL qui se taille un chemin à
la manière d’un psychopathe au travers du Proche-Orient et marque son avancée
d’exécutions sommaires de fonctionnaires et d’infidèles, et de crucifixions
occasionnelles d’ennemis et traitres présumés. Le secrétaire des Nations-Unies,
Ban Ki Moon, est tant occupé à condamner Israël qu’il
a oublié de poser une question fondamentale au Hamas : Dans la phrase « cessez-le-feu »,
quels termes ne comprenez-vous pas ?
Les forces démoniaques sont de
nouveau à l’œuvre, cent ans après que l’Europe ait explosé de toutes parts
sans raison apparente. (Pourquoi ? Parce qu’un jeune Serbe inconnu de
tous a assassiné l’héritier du trône autrichien dans une ruelle de Sarajevo ?)
Peut-être est-ce une erreur de croire qu’une quelconque rationalité s’applique
aujourd’hui. Ici, au cœur des Etats-Unis dépravés et désintégrés, nous aimons
prétendre que l’Afghanistan menace nos intérêts nationaux depuis son
territoire lointain, et continuons de nier le fait que la Russie puisse avoir
quoi que ce soit à voir dans les affaires de son voisin en décomposition (et
ancienne province) qu’est l’Ukraine – dont la décomposition a été promue et
financée par le Département d’Etat des Etats-Unis et la CIA.
Les conséquences lourdes et dégrisantes de la seconde guerre mondiale sont maintenant
derrière nous, et l’opinion internationale peut une fois de plus jouer le
rôle de bête sauvage se ruant sans réfléchir vers un cataclysme. En partant
du principe que rien ne soit plus drôle que le malheur, n’est-il pas amusant
que les Etats-Unis s’occupe des soulèvements au Proche-Orient et en Europe
alors qu’ils ne sont même pas capables de protéger leurs propres citoyens du
pillage et des escroqueries de Wall Street – sans mentionner la location au
gros de membres de Congrès, de secrétaires du cabinet, de juges de la cour
suprême et de membres de la Maison blanche par les corporations américaines ?
L’opinion internationale a
tendance à apprécier s’imposer en tant que défenseur des enfants qui ont été
délibérément mis en danger par des adultes cyniques. Les Nations-Unies ont
été, si je puis dire, moins que fastidieuses suite à l’accumulation par le
Hamas de missiles et de matériel de guerre dans les écoles de Gaza. A dire
vrai, elles n’en ont soufflé mot pendant des années, et osent désormais dire
que ces réserves d’armements sont prises pour cibles, sans que le Hamas ne
cesse pour autant de lancer des missiles. Les Nations-Unies ont-elles
seulement imaginé la possibilité qu’elles aient pu se faire avoir ?
Notons également, sans vouloir changer de sujet trop brutalement, la manière
dont des enfants sont utilisés pour suspendre les lois sur l’immigration par
les partis politiques américains. Au vu des plaidoyers malhonnêtes de gens
qui n’ont pas même cherché à se documenter, c’est à se demander quelle partie
des termes « immigrants clandestins » demeure incomprise…
Voici ce qui, d’après moi,
devrait se passer. Israël va se retirer de Gaza. Les capacités d’attaque du
Hamas ont été lourdement dégradées, mais aucune de ses futures offensives ne
restera sans réponse. Peut-être les citoyens de Gaza changeront d’avis quant
au groupe qu’ils désirent voir les représenter. Tous les yeux se tourneront
de nouveau vers les horreurs perpétrées par l’EIIL en Irak et en Syrie. L’EIIL
est devenu un poids lourd, il a saisi suffisamment de capital et d’actifs
(puits de pétrole et de gaz) pour élargir ses opérations. Ses objectifs sont
clairs : rétablir un califat fondamentaliste – effectuer un retour en
arrière jusqu’au XIe siècle. Je pense personnellement que c’est là exactement
l’avenir qui attend le Proche-Orient, puisque sa brève aventure en tant que
région modernisée productrice de pétrole atteint aujourd’hui ses limites
naturelles. Le spectre de ce destin suffit à déstabiliser les fragiles
arrangements politiques de la région, et pourrait hâter la manifestation de
ces limites naturelles à mesure que l’EIIL mettra fin aux opérations rationnelles
des sociétés qui gèrent puits de pétrole, pipelines et terminaux de
transport. Observez ce qu’il se passera alors sur les marchés des capitaux, en
l’absence desquels la production de pétrole chuterait partout dans le monde.
En parlant de marchés de
capitaux, observez attentivement les indices américains. Jamais une telle
fragilité n’a été enregistrée à une telle proximité d’une telle montagne de
conséquences. Ce sera bientôt l’enfer.