La monnaie virtuelle est-elle appelée à devenir réelle ? Cette semaine,
l’Allemagne a reconnu officiellement le bitcoin comme une “monnaie privée”.
Une décision qui permet au pays de taxer cette nouvelle monnaie virtuelle…
mais qui montre aussi l’importance grandissante qu’elle prend.
Loretlargent.info fait le point sur cette alternative pas si virtuelle que
cela, et qui présente aussi des risques.
Une genèse informatique
Pour mieux comprendre le rôle actuel du bitcoin, il faut remonter à ses
origines. La monnaie a été imaginée en 2009 par Satoshi Nakamoto, un
personnage resté dans l’ombre de plusieurs forums sur internet. Car le
bitcoin est bien une monnaie virtuelle, destinée aux échanges sur la toile.
Il n’est adossé à aucun système bancaire : son fonctionnement dépend d’un
protocole informatique. Pour pouvoir échanger leurs bitcoins, les internautes
doivent donc utiliser un logiciel. Les transactions peuvent être effectuées
depuis un ordinateur, un smartphone ou une tablette.
Confidentiel, anonyme, sécurisé et universel : le bitcoin a comme objectif de
faciliter les transactions entre internautes. C’est à la fois une devise
monétaire et un système de paiement.
Après la bulle, le bitcoin lance les débats !
Ces avantages sont aussi les failles qui inquiètent les autorités
monétaires officielles.
Les flux de monnaie, les échanges ou les transactions ne sont pas visibles
pour les institutions financières et économiques. C’est d’ailleurs le genre
de dérive qui a conduit les autorités américaines en juin à inculper l’émetteur de monnaie Liberty Reserve,
qui aurait servi à blanchir “six milliards de dollars en sept ans à
travers le monde“.
Le bitcoin se trouve donc sous surveillance. Les services financiers de
l’Etat de New York par exemple aimeraient bien trouver le moyen de réguler
les flux de monnaie… et d’identifier les origines des transactions.
Reconnu en Allemagne, interdit en Thaïlande… quel est le statut du
bitcoin ?
En Allemagne, le bitcoin vient de vivre une reconnaissance à double
tranchant. Le gouvernement a reconnu le bitcoin comme monnaie privée. Les
échanges sont autorisés, mais cette reconnaissance officielle permet surtout
à Berlin d’imposer une existence juridique, première base d’une taxation.
En France, les transactions avec des bitcoins ne sont pas interdites. Mais
d’autres pays pourraient se diriger vers la solution allemande, pour donner
un cadre légal au bitcoin. C’est le cas du Canada, des Etats-Unis et de
l’Australie : cette réflexion est accompagnée d’enquêtes sur le rôle de la
monnaie dans les blanchiments d’argent, les transactions illégales et les
risques bien réels de vols.
Enfin, en Thaïlande, le bitcoin est tout à fait interdit.
La liberté, mais des risques !
Certes, l’idée d’une monnaie qui ne dépend ni d’un Etat, ni d’un
établissement bancaire peut séduire. Mais le bitcoin est aussi limité par ses
propres inconvénients.
Celui d’une sécurité limitée d’abord. Comme partout sur internet, le
risque de piratage est bien présent. Au début du mois d’août 2013, une faille
de sécurité a d’ailleurs été découverte sur les portefeuilles bitcoin sous
Android. Cette faille a entraîné le cambriolage bien réel des portefeuilles
de monnaie virtuelle de nombreux internautes. Et ce n’est pas la première
attaque dont est victime le réseau. Si bien que les conséquences peuvent être
sensibles pour les autres utilisateurs aussi, en cas de perte de confiance et
de chute du cours de la monnaie…
Celui de la dévaluation, ensuite. La chute du cours peut être entraînée
par une perte de confiance, mais pas uniquement. Et le bitcoin, même virtuel,
n’échappe pas aux mêmes risques de crise qu’une monnaie fiduciaire.
Spéculation, inflation et dévaluation sont bien des termes à garder en tête.
On ne peut donc absolument pas parler de valeur refuge, au contraire de l’or qui garde toujours la même valeur intrinsèque.
La confidentialité et l’anonymat du bitcoin entraînent aussi un effet
direct sur sa valeur. Si des pays comme les Etats-Unis et le Canada
suivaient l’exemple de la Thaïlande et interdisaient le bitcoin, c’est tout
un système monétaire qui pourrait s’écrouler. Les utilisateurs honnêtes
paieraient les pots cassés pour toutes les transactions illégales et les
blanchiments d’argent dont est soupçonné l’univers du bitcoin. Et, dans ce
cas, il n’y aurait aucune possibilité de recours… Un véritable krach pour la
monnaie virtuelle, mais bien sensible dans le monde réel !
Que peut-on acheter avec des bitcoins ?
Sur fond de crise économique majeure, l’installation d’un guichet automatique de bitcoins avait été annoncée en avril à
Chrypre. Une inauguration qui suivait logiquement le succès de la monnaie
virtuelle en Espagne, tout autant soumise à la crise.
Mais que peut-on donc acheter avec des bitcoins ? La réponse est simple :
tout, pourvu que le vendeur accepte cette monnaie. D’abord destinée aux
transactions en ligne, la monnaie s’est peu à peu fait une place dans le
monde réel. En ligne, c’est par exemple la plateforme WordPress qui accepte désormais le bitcoin.
Mais ailleurs, c’est récemment un pub londonien qui a annoncé accepter le règlement avec cette monnaie…
Bitcoin : vraie monnaie virtuelle ou retour dans le giron bancaire
?
La réalité des transactions pose quand même une question d’importance.
Quelle est la vraie valeur du bitcoin en cas de crise ? La monnaie peut
s’échanger contre des euros et des dollars. Mais elle n’est pas adossée à une
réserve d’or tangible. Cela rend encore plus palpable le risque de
dévaluation et de perte de valeur.
Enfin, le bitcoin intéresse de plus en plus les Etats et les institutions
bancaires. A l’image de l’Allemagne, qui a reconnu le bitcoin pour mieux le
taxer, il était question d’une carte de paiement soutenue par une banque. Et, dans
ce cas, le bitcoin perdrait son statut de paiement alternatif, hors des
circuits bancaires. Avant d’en arriver à ce stade, il est encore temps de convertir les derniers bitcoins à l’or… Et d’opter pour
des solutions sûres : l’or et l’argent.