La BNS vient de publier son bulletin
trimestriel 2015 relatif à la politique monétaire. Nous pouvons saluer
l’effort de transmission d’informations de la BNS même si certaines fois les
chiffres ne sont pas convergents à 100% avec d’autres sources -la
CNUCED par exemple.
Par ailleurs, les explications optimistes -du genre méthode Coué- qui
n’abordent jamais des mots tels que déflation ou récession finissent
par faire perdre de la valeur informative du document.Or, si on n’alerte pas
sur les problèmes, il y a peu de chance de les résoudre…
Restent les graphiques et les statistiques fournis par l’institution dans
lesquels nous nous faisons un plaisir de piocher.
Création vertigineuse de monnaie centrale
La BNS a fait exploser son bilan notamment par la croissance
des comptes de virement. Il s’agit de comptes courants que détiennent
les banques et certains instituts financiers auprès de la BNS. Il se trouve
que tout comme les billets en circulation, ce compte entre dans le calcul de
la monnaie centrale.
Il existe toutefois une différence de taille entre les deux. Les billets
partent dans les canaux de distribution locaux contrairement aux comptes de
virement dont bénéficient les institutions financières. Les billets
et autres numéraires sont une vraie source d’inflation alors que la création
de masse monétaire par les comptes de virement ne profite qu’au système de la
haute finance. Le processus serait même une cause majeure de déflation.
Le processus serait le suivant. Les capitaux « crées » par les
banquiers centraux -dont la BNS- migreraient vers des plateformes
internationales de trading et de clearing bancaire . Le boursicotage
généralisée se passe au-delà des entités nationales dans les circuits
transfrontaliers au-dessus des Etats. Même les surplus des balances de
paiements des Etats ne rentrent plus dans les pays bénéficiaires (cf dossier
Target). Cela a pour vertu d’assécher les liquidités et les crédits dans
les marchés locaux.
Le système Target -auquel s’ajoutent la compétitivité mondiale morbide et
la dégringolade du prix du pétrole- engendre une baisse de la masse monétaire
disponible au niveau local, des peuples et des PME/PMI. Il s’ensuit une
déflation. Elle va être logiquement suivie par une récession avec destruction
d’emplois.
Nous observons alors une hyperinflation au niveau de la bourse qui
flambe de manière irrationnelle et inexplicable d’une part et d’autre part,
une déflation voire une récession dans l’économie réelle.
Mais ce couple incroyable d’inflation pour le grand circuit financier et
déflation pour l’économie réelle préserve le système financier qui continue de
gonfler.
Déflation:
graphique 1:
On voit sur ce graphique, que la courbe bleue de l’inflation baisse
inexorablement depuis le 3ème trimestre 2014. Les prévisions optimistes
-jaune- de juin de la BNS ont été quelque peu douchées et revues à la baisse
avec la ligne rouge.
Nous constatons aussi que la situation semble plus grave qu’au dernier
trimestre 2011 date à laquelle la BNS a fixé le taux-plancher qui lui a
permis d’augmenter la masse monétaire centrale. Et maintenant que peut-elle
encore faire? Ses fonds propres doivent flirter sérieusement avec le zéro?
Va-t-elle baisser encore le taux d’intérêt? Peut-elle le ramener à -1.50%?
Jusqu’où ira-t-elle dans le processus des ponctions sur les retraites?
Graphique 2
Le 2ème graphique montre l’évolution de la baisse de l’IPC (indice des
prix à la consommation). Nous sommes face à ce qu’il conviendrait enfin
d’appeler une récession. La BNS devrait prendre ses responsabilités et
appeler un chat un chat! Il est bien évident que ce serait alors un aveu
d’échec dans la mesure où elle aura failli au niveau de la mission que la
Constitution lui a confiée.
Graphique 3
Le graphique 3 crée un malaise qui s’ajoute à celui qui précède et
l’amplifie.
Deux lignes méritent que l’on s’y arrête:
- La baisse des prix des services publics n’est pas
expliquée par le document. S’agit-il de services qui auraient été
privatisés et qui n’entrent plus dans les composantes de la ligne en
question? Si tel devait être le cas, les services correspondants devenus
privés, sont-ils calculés dans le panier de la ménagère ou fait-on
l’impasse dessus?
- La baisse vertigineuse des produits pétroliers serait du
genre à poser un très gros problème. Elle touche 2 rubriques du
panier de référence (ci-dessous) qui sert à l’indice des prix.: le
transport et le logement.
Comment une dégringolade pareille n’affecte pas plus l’indice de
prix? A-t-elle été compensée par une augmentation de taxes? Y a-t-il des
lieux d’inflation cachée? Des explications seraient les bienvenues.
Sur la base des éléments fournis par la BNS elle-même, on constate qu’elle
réussit un double tour de force:
- faire cohabiter une masse monétaire centrale
vertigineuse avec une déflation persistante.
- faire croire à un niveau d’indice des prix qui absorbe
la dégringolade du prix de l’énergie alors que l’on n’assiste pas à une
grosse inflation par ailleurs qui la compenserait….
Quant à la réalité de la vraie ménagère qui fait de vraies emplettes et
qui paient de vraies factures, elle n’a pas l’air de croire qu’il y ait
déflation.
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