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Ce serait folie…

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Publié le 24 février 2011
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

L’onde de choc qu’a suscité l’immolation par le feu d’un jeune Tunisien désespéré n’a pas fini de se propager. Avant-hier, des Américains faisaient explicitement référence à la contestation qui parcourt le monde arabe dans les rues de Madison (Wisconsin), les dissidents chinois se sont depuis emparés du symbole de la révolution du jasmin, aujourd’hui les Grecs en grève générale manifestent dans Athènes, à Salonique et au Pirée sous une banderole proclamant « Nous n’en pouvons plus  ! ». La prochaine fois ce sera « Dégage ! ».

 

Rien a priori ne relie ces événements éparpillés, mais tout pourtant les rassemble. Tous ont comme même origine de refuser de continuer à silencieusement accepter l’inacceptable, les atteintes instituées à la liberté ou renforcées aux moyens d’existence. D’opposer une détermination accrue aux pressions et moyens répressifs utilisés pour faire taire et rentrer dans le rang, dompter et soumettre.

 

Il est particulièrement impressionnant de voir comment sont déjouées les habituelles diversions destinées à diviser pour régner. Entre musulmans et laïcs en Tunisie, avec les coptes en Egypte, ou bien entre sunnites et chiites ou nordistes et sudistes au Yémen. En dépit des difficultés qu’ils rencontrent, les Algériens vont finalement le plus loin, en demandant non pas le départ d’un dictateur mais la fin d’un système, car c’est de cela qu’il s’agit. Quant au danger islamique dont la menace imminente résonnait en Europe et justifiait les pires soutiens à des dictatures censées y faire rempart, qu’en reste-t-il dans un monde certes chaotique mais enivré de liberté et de promesses de mieux-être ?

 

Pour le moins, les Européens n’en sont pas encore là, à l’exception de ceux qui protestent, placés au cœur de la zone des tempêtes et devant supporter le poids de charges accablantes. Sans doute peuvent-ils compter, pour que s’élargisse le front du refus, sur la constance avec laquelle les dirigeants européens passent et repassent les mêmes faux-plis.

 

La place d’honneur revient aux Allemands, qui imposent leur règle à toute l’Union européenne. Partis de la coalition gouvernementale, Bundestag et Bundesbank contribuent à une confusion grandissante, ne permettant pas de comprendre où ils veulent en venir, s’ils le savent !

 

En imposant d’être consulté avant tout accord dans le cadre des discussions européennes en cours, le parlement allemand vient de restreindre encore plus les marges de manœuvre d’Angela Merkel et de rendre les négociations sur le renforcement du fonds de stabilité financière encore plus incertaines. Pour ne pas parler du futur fonds qui doit être lancé en 2013, ou bien des refus qui se multiplient en tous sens de toute solution qui allégerait la charge de la dette des pays en difficultés, pour leur imposer de racler jusqu’à l’os. Les unes après les autres, toutes les portes sont fermées : eurobligations, achats obligataires par le fonds, financement du rachat de leur dette par eux-même, etc…

 

Un seul credo subsiste, que la BCE vient à nouveau d’énoncer en réclamant l’instauration de plus d’automatisme dans le contrôle des politiques économiques et budgétaires des pays de la zone euro, et la mise en place d’un régime de sanctions financières pour les contrevenants. Un rappel qui suit la déclaration de Jean-Claude Trichet s’exclamant que « la dernière bêtise à faire » serait d’augmenter les salaires, expliquant du haut de son magistère : « Nous ne pouvons rien contre l’augmentation immédiate des prix du pétrole ou des matières premières. Mais en revanche, nous devons éviter à tout prix ce que nous appelons les effets de second tour, c’est-à-dire que les autres prix se mettent à bouger », précisant que les salaires en faisaient partie. Voilà un choix clairement énoncé.

 

La compétition à sa succession à la tête de la BCE, à l’automne prochain, est lancée. Elle donne déjà lieu de la part des candidats à une surenchère destinée à démontrer aux Allemands que chacun d’entre eux sera le meilleur défenseur de leur politique. L’Italien Mario Draghi et le Hollandais Nout Welling (l’actuel président de la BRI – Banque des Règlements Internationaux) rivalisent d’ardeur pour s’opposer à tout système de transfert fiscal au sein de la zone euro afin d’aider les pays les plus faibles. S’il est un front du refus déjà constitué, il ne faut pas aller le chercher ailleurs.

 

D’intenses négociations ont déjà commencé en vue de desserrer un peu les contraintes des plans de sauvetage de la Grèce et de l’Irlande, car elles ne sont pas tenables. A la stricte condition que deux tabous ne soient pas transgressés : pas de restructuration de la dette publique et pas de décote imposée aux créanciers seniors des banques. Le but est comme toujours de préserver les intérêts des banques, la seule ligne directrice que les dirigeants européens ont en réalité. Il ne reste alors comme éventualité qu’un petit allongement de la durée des prêts consentis aux Grecs et une baisse a minima du taux infligé aux Irlandais. Ce dernier est à juste titre jugé « punitif » (et d’ailleurs revendiqué ainsi par ceux qui l’ont imposé). Comme d’habitude, c’est reculer pour mieux sauter.

 

Que peuvent de leur côté espérer les Portugais et les Espagnols, toujours au bord de la zone des tempêtes ? Une mission de la Commission européenne et de la BCE se trouve actuellement à Lisbonne, avant de se rendre à Madrid, afin d’évaluer dans les deux capitales la situation budgétaire et les perspectives de croissance, ainsi que la solidité du système bancaire. Cette dernière question est d’autant plus cruciale que la BCE agite de plus en plus le chiffon rouge d’une prochaine augmentation de ses taux, ce qui réduirait le soutien dont les banques bénéficient et nécessiterait la mise en place immédiate de solutions alternatives, comme cela est déjà le cas en Irlande avec la banque centrale irlandaise.

 

Dans l’urgence, les Espagnols tentent donc de restructurer leurs Cajas, en les privatisant si possible pour n’avoir rien à débourser ; les Portugais sont quant à eux plus démunis. Les uns et les autres continuent de se financer sur le marché obligataire à des taux toujours très élevés, en dépit des interventions de la BCE qui tente de calmer le jeu en achetant de la dette du Portugal. Personne n’est prêt à parier que le pays pourra éviter de faire appel à un soutien financier européen, le Portugal s’apprêtant à rejoindre le club des pays condamnés à être sinistrés pour avoir été sauvés.

 

En visite à Lisbonne, Jerry Buzek, le président du Parlement européen, a appelé le gouvernement à accélérer les réformes structurelles pour accroître sa compétitivité, car « l’austérité ne suffit pas ». Il a précisé ce qu’il avait en tête : le marché du travail, l’âge de la retraite et le système des pensions. Lui succédant, Jean-Claude Trichet a appelé à suivre le programme engagé « de manière rigoureuse et impeccable » ainsi qu’a « respecter tous ses engagements ». Cela ne fait que commencer.

 

De leur côté, les Espagnols font face à la poursuite de l’explosion de leur bulle immobilière, tout en conservant les yeux rivés sur leur objectifs de réduction du déficit. Comme toujours, les prévisions de croissance établies pour les besoins de la cause pêchent par optimisme, quand ce ne sont pas comme en Grèce les rentrées qui ne sont pas au rendez-vous (ce qui explique l’exigence formulée par les représentants du FMI, d’importantes cessions du patrimoine du pays). Combien de temps le stock actuel d’un million de logements invendus mettra-t-il a être écoulé en Espagne ? De combien vont encore chuter les prix de l’immobilier sur le marché (l’hypothèse de 30 à 50% est évoquée) ? La réponse à ces deux questions commande la suite des opérations, et notamment la réussite incertaine du sauvetage des Cajas.

 

Le risque est élevé que des concours publics plus importants que prévus soient nécessaires, des solutions type bad banks étant à un stade avancé d’étude. Une solution à peu de frais, dans l’immédiat, pour améliorer les ratios comme exigé par le gouvernement, sans avoir à augmenter les fonds propres. Là encore, c’est reculer pour mieux sauter, car cela reviendra à affecter à la charge du budget de l’Etat des pertes qu’il faudra bien reconnaître.

 

Il n’y aura pas d’autre issue en Irlande, car la baisse homéopathique du taux d’intérêt des prêts européens – si elle intervient – ne rendra pas plus réaliste le plan de sauvetage, que seules des décotes des obligations seniors émises par les banques irlandaises et détenues par les banques européennes pourraient substantiellement soulager. Cette solution vraisemblablement rejetée, les Etats européens peuvent s’attendre à faire demain les frais d’un défaut irlandais et à être mis à contribution.

 

Une autre dimension de la crise est en train d’apparaître : ce ne sont plus seulement les banques qui sont sur la sellette et doivent être protégées. Moody’s vient de rendre publics des calculs selon lesquels le secteur des assurances serait menacé si la crise de la dette obligataire s’étendait à l’Espagne et à l’Italie, alors que leur exposition à la dette grecque, irlandaise et portugaise est limitée. L’Espagne est décidément le pont trop loin.

 

Il y a enfin un trou potentiel béant dans le dispositif européen. Si la BCE en venait à progressivement arrêter ses mesures non-conventionnelles d’achats obligataires, comme elle en est pressée par ses faucons, que se passerait-il si le fonds de stabilité actuel – ou son successeur – n’était pas en mesure de prendre le relais comme les surenchères actuelles semblent le présager ?

 

Tous ces éléments convergent pour confirmer que la barque est trop chargée et ne peut que couler. L’objectif assigné de faire payer la facture aux Etats et aux contribuables n’est pas réaliste. La tentative en cours de rééquilibrer l’édifice de la dette publique et privée – étroitement dépendantes l’une de l’autre – est voué à l’échec. Ne serait-ce qu’en raison de ce qu’elle suppose de faire endurer. Ce serait folie de les laisser poursuivre sur cette pente !

 

 

 Billet rédigé par François Leclerc

 

Paul Jorion

 

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.   

 

 

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