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Question du jour : Pourquoi Jon Corzine
est-il toujours au large ? Dans quels restaurants de Manhattan a-t-il
passé son temps à déguster des plats de homard et des cinghiale ai frutti di bosco
dans le même temps que les citoyens de sa république en
péril ont eu à collecter leurs repas dans les poubelles des
parkings de Walmart ?
Existe-t-il encore un procureur général aux
Etats Unis ? Quelqu’un se
décidera-t-il enfin à suivre Eric Holder
dans une allée sombre afin d’observer s’il laisse
derrière lui des traces de sciure ? Le Congrès a-t-il
réagi aux affaires de fraude de la même manière que la
Fed a délivré pour 7,7 milliards de dollars de plans de
sauvetages en 2008 (soit bien plus que les chiffres officiels de 800 millions
de dollars) sans que personne ne s’en rende compte
jusqu’à ce qu’un journaliste de Bloomberg ne mette la main
sur ces données dans un fichier de l’Acte de la Liberté
d’Information ? Au passage, pourquoi la Fed a-t-elle
délivré des milliards de dollars à Royal Bank of
Scotland ? L’Ecosse a-t-elle également rejoint furtivement
l’Union ? Où est-ce que Jamie Dimon
l’a simplement achetée en cadeau à Barack Obama du fait
de sa passion pour le golf ?
C’est ainsi que va la vie aux Etats-Unis : les
choses se font et se défont, et vous ne vous en rendez compte que des
années plus tard. Seule une nation désespérée
choisirait de vivre d’une telle manière, dans une
société où la loi est optionnelle, où la monnaie
signifie tout et n’importe quoi, et où personne n’a aucune
idée de ce que la monnaie est réellement (où vers
où elle se dirige, et pour quoi faire).
Jon Corzine n’a pas
révélé le montant
de son pillage (qui
pourrait être n’importe quel nombre entre 600 millions et 2,5
milliards de dollars, selon les estimations) qui s’est évanoui
des comptes de ses clients chez MF Global . La
rumeur voudrait qu’il ait mis ce pillage en place afin de couvrir un
important appel de marge de la part de la banque de Jamie Dimon,
JP Morgan, après qu’il ait pris des positions à risque
sur les obligations européennes. Au-delà de la question de
savoir pourquoi Jon Corzine n’est pas
déjà en prison, posons-nous la question suivante :
pourquoi le département de la justice n’a-t-il pas
inspecté l’affaire, ne serait-ce que pour rassurer les victimes
et les marchés financiers quant à son souci de ne pas laisser
les injustices impunies – et de respecter les procédures qui lui
sont imposées ?
Les clowns et vilains que sont les dirigeants des
Etats-Unis ont accompli une mission des plus épiques : ils ont
vaincu leur propre signification. A dire vrai, il semblerait que tout ait
depuis peu perdu son sens. Tout est possible. Et les paris sont ouverts. Ce
n’est pas là une situation rassurante. Il se pourrait que plus
de sang soit déversé dans nos ruelles. Lorsque plus rien
n’a de sens, certaines personnes réunissent leurs efforts afin
de rétablir l’économie et la vie politique, puisque sans
elles, la vie civilisée ne peut pas être. Au cours de ces
moments historiques durant lesquels la vie semble suspendue, certaines
personnes travailleront plus durement que jamais afin de redonner du sens
à ce qui les entoure. Quelquefois, cependant, comme en Allemagne dans
les années 30, la civilisation devient elle-même une
intoxication avant de redevenir positive.
Les choses semblent désormais voler en
éclats, juste à temps pour l’arrivée du
père Noël. Les refinancements des obligations européennes
sont sur le point de noyer la zone Euro en cette saison de l’Avent, et
plus personne n’est en mesure de payer ses intérêts, qui
ne seront encore une fois que reportés ‘à la semaine
prochaine’, sans que l’univers étrange des swaps de
défauts de crédits ne soit remis en question –
existe-t-il encore sur notre planète bleue une contrepartie qui soit
en mesure de pouvoir se permettre un remboursement ? Bien sûr que
non. Toute l’affaire n’était qu’une belle blague.
Il existe des héros aux Etats-Unis, des gens qui
préfèrent encore la réalité à la
télé-réalité, qui aient encore un goût
prononcé pour le sens de la vie, qui réalisent parfois durement
de la réalité de certaines choses, et de
l’irréalité d’autres. Et je peux vous assurer que
le chemin de la réalité est de loin le plus sûr. Ce qui
est réel, c’est que l’ordre des choses tel que nous le
connaissons touche à sa fin, et qu’une nouvelle organisation se
dirige vers nous. Nous sommes en voie vers une remise à zéro.
Remontez vos manches, nous avons encore du pain sur la planche pour
qu’une telle chose se produise. Nous n’attendons plus que vous.
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