Le président Obama a envoyé au
Congrès il y a deux semaines un projet
de loi qui l’autoriserait à recourir à la force contre l’Etat islamique en
Irak et au Levant et à tout « individu ou force associé » n’importe
où dans le monde, pour ces trois prochaines années. Voilà qui permettrait au
président de déclarer autant de guerres qu’il le souhaite, et il semblerait
que le Congrès soit sur le point d’accepter cette demande coûteuse et
dangereuse.
Selon Project on Defense Alternatives, le budget militaire américain pour
cette année est déjà plus élevé que jamais, à l’exception peut-être des pics
de dépenses enregistrés pendant la guerre du Vietnam et du développement de
l’appareil militaire sous Reagan. Voudriez-vous savoir quelles sommes
d’argent seront ajoutées aux dépenses militaires en conséquence de cette
nouvelle autorisation ?
Les Etats-Unis ont déjà
dépensé près de deux milliards de dollars dans la guerre contre l’EIIL qui a
commencé l’été dernier, sans pour autant avoir abouti à des résultats
spectaculaires. Une nouvelle guerre internationale contre l’EIIL ne servirait
que d’outil de recrutement pour les djihadistes. Nous avons appris la semaine
dernière que les bombardements américains ont poussé 20.000 nouveaux
combattants étrangers à rejoindre l’organisation. Combien en rejoindront les
rangs la prochaine fois qu’une bombe américaine s’écrasera sur un village ou
viendra interrompre une cérémonie de mariage ?
Les médias font tout un plat
des fameuses limitations à la capacité du président d’avoir recours à des
troupes armées qu’imposerait cette loi, mais en réalité, il n’est rien qui
lui imposerait des limitations spécifiques. L’interdiction d’utiliser des
troupes armées pour mener des opérations de combat « offensives »
ou « durables » est suffisamment vague pour n’avoir aucune valeur.
Et qu’est-ce que « durable » veut dire ? Serait-il si
difficile que cela de déclarer une guerre « offensive » en la
qualifiant de guerre pour la « défense » des Etats-Unis ? Rien
que la limitation de trois ans n’est que propagande : qui pourrait
penser qu’un renouvellement puisse ne pas être automatique si les Etats-Unis
ne se retrouvaient pas impliqués dans une variété de nouvelles guerres ?
Et comme si cette demande
n’était pas suffisamment aggravante, le président a annoncé qu’il enverrait
600 hommes en Ukraine le mois prochain pour participer à l’entraînement des
troupes ukrainiennes. Alors que les Européens semblent capables de négocier
un cessez-le-feu entre les deux camps de cette guerre civile, le président
Obama jette de l’huile sur le feu en envoyant des militaires sur le terrain.
Les accords de cessez-le-feu signés la semaine dernière incluent la demande
de voir l’ensemble des troupes étrangères quitter l’Ukraine. Voilà qui
devrait apaiser les tensions. Mais pourquoi Obama pense-t-il que ces
restrictions ne le concernent pas ?
La semaine dernière, le Sénat
confirmait également l’arrivée d’Ashton Carter au poste de Secrétaire de la
Défense. Carter arrive au Pentagone directement depuis le complexe
militaro-industriel, et a déjà annoncé son support à l’envoi d’armes
destructrices en Ukraine. La défense de Carter par le Sénateur John McCain
n’est pas un signe que le nouveau Secrétaire se montrera prudent avant de
demander de nouvelles interventions.
Alors que nous continuons de
basculer vers la catastrophe, les interventionnistes de Washington, quel que
soit leur parti, restent campés sur leurs positions. Les dizaines de
milliards de dollars additionnels qui financeront ces guerres contribueront
non seulement à déstabiliser davantage notre économie, mais seront aussi une
menace pour notre sûreté. Quelqu’un pourrait-il mentionner un seul succès
rencontré par les interventionnistes au cours de ces vingt-cinq dernières
années ?
Comme je l’ai déjà dit, ce
militarisme prendra fin d’une manière ou d’une autre. Soit suffisamment
d’Américains se réveilleront et demanderont de mettre fin à l’aventurisme de
Washington, soit ils finiront par ne
plus pouvoir dépenser un seul dollar pour maintenir en place l’Empire
américain.