Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Depuis quelques semaines, sans doute parce que les élections européennes approchent à grands pas, il est de bon ton d’acclamer le retour du beau temps après la pluie dans des pays comme l’Espagne (qui va beaucoup mieux et qui n’est plus en récession), comme le Portugal (qui croule sous l’argent et la richesse) ou encore évidemment comme la Grèce qui n’a jamais été aussi en forme. La preuve d’ailleurs, la Grèce est même retournée se financer toute seule comme une grande sur les marchés financiers ! Elle a réussi à lever 3 fois plus de fonds que prévu, quel succès tout de même !! Mais ce n’est pas tout. Elle va tellement mieux que bien la Grèce qu’en plus, des « zinvestisseurs » suffisamment fadas ou crétins (à vous de choisir) ont même prêté massivement à un taux largement inférieur à 5 % à ce pays surendetté à plus de 178 % du PIB…
Évidemment, rien de tout cela n’est vrai. Il s’agit d’une grande illusion orchestrée par ceux qui nous dirigent et qui sont dans une forme de fuite en avant. L’un de ces aspects à cette fuite est évidemment la communication et la manipulation. Comme de toutes les façons, on est bien incapable dans le cadre actuel de pouvoir apporter des solutions crédibles à la crise multifactorielles que nous traversons, autant aller au bout du mensonge et faire croire que tout va mieux en espérant qu’à force de le répéter les gens finiront bien par le croire… Voilà à quoi se résume la politique économique à peu de chose près depuis 3 ans partout dans le monde. Faire croire que tout va bien en espérant que ces incantations deviendront autoréalisatrices.
Alors autoréalisatrices, ce n’est sans doute pas gagné pour nos amis Grecs qui se débattent dans la misère économique et sociale la plus dramatique.
Votre bébé retenu en otage jusqu’à ce que les parents paient les frais d’accouchement !
Vous pourrez voir ci-dessous un extrait d’un reportage de France 5 consacré à la Grèce où un médecin grec témoigne de la réalité et du quotidien des Grecs face à la crise.
Il y a dans cette réalité rien de moins que les conséquences d’une déflation et d’une crise économique profonde. Il n’y a, dans ce que vous allez voir, que ce à quoi vous devez vous préparer car nous y allons tout droit tant nos dépenses sociales ne sont plus finançables avec une économie qui patine et patinera encore des années. Ne venez pas me dire qu’il y a beaucoup d’argent dans notre pays car c’est non seulement simpliste (mais ce n’est pas grave) mais surtout c’est faux.
N’oubliez JAMAIS que l’épargne, votre épargne, ou celle des riches que toutes les bonnes âmes sont en général prêtes à ruiner sans sourciller n’EXISTE plus. Je répète : même le pognon du riche n’existe plus. Pour une raison simple : c’est qu’il est placé. S’il est placé c’est pour qu’il rapporte. Pour qu’il rapporte, il n’y a aucun secret il faut le prêter. À qui on prête ? À celui qui a besoin de fric. Qui a besoin de sous ? Les États ! Pourquoi faire ? Pour financer leurs déficits… En clair, les sous que les épargnants donnent aux États à travers leurs placements servent à financer des dépenses non couvertes par les impôts. Si demain tous les épargnants exigent le remboursement à la France de ses 2 000 milliards d’euros de dettes, croyez-vous sérieusement une seule seconde que la France peut rembourser ? Donc l’argent des riches n’existe plus. CQFD.
Une fois que vous aurez compris cela, ou que vous l’aurez admis si vous êtes atteint de déni chronique, alors vous commencerez à regarder la situation de la Grèce comme la direction que prend notre pays et donc la direction que va prendre votre niveau de vie dans les prochaines années. Nous ne valons guère mieux que les Grecs et nous sommes certainement beaucoup moins courageux qu’eux, même s’ils ne paient pas leurs impôts ! (C’est d’ailleurs faux en grande partie mais on vous le fait croire pour que vous pensiez que justement vous ne deviendrez pas Grecs non plus)…
À propos de mensonges justement, un superbe article de La Tribune (que m’a envoyé notre camarade contrarien Hakim que je remercie au passage) nous explique comment la Commission européenne de Bruxelles est en train d’empapaouter tout son petit monde en grugeant dans les grandes largeurs les statistiques des finances grecques (à côté, Goldman Sachs c’était de la petite bière) afin de pouvoir affirmer que la Grèce présente un « excédant » primaire donc que tout va vachement mieux que super bien tellement c’est top !
« Comment Bruxelles a créé l’illusion de l’excédent primaire grec »
Voici le titre de cet article de La Tribune qui est déjà tout un programme en soi ! Et il commence fort !
« Hourrah ! Mercredi, Eurostat a confirmé que la Grèce avait dégagé en 2013 un «excédent primaire» de ses comptes publics. Un excédent de 1,5 milliard d’euros qui représente 0,8 % du PIB hellénique. Aussitôt, les sectateurs de la politique menée depuis 2010 y ont vu une preuve du succès de cette stratégie de réduction radicale et rapide des déficits puisque la troïka s’attendait encore à un déficit pour l’an dernier. L’austérité aurait donc fait preuve d’une efficacité redoutable et l’idée selon laquelle en détruisant la croissance elle rend la consolidation budgétaire plus difficile serait donc battue en brèche… » Sauf qu’évidemment, tout le reste de l’article va vous prouver que tout cela n’est que de l’habillage comptable et que c’est complètement bidon ! Ceux qui veulent tout savoir iront lire en entier cet article et je vous mets le lien en bas de page.
Disons que pour résumer, l’essentiel dans l’histoire c’est de tout simplement ne pas prendre en compte certaines très grosses dépenses de la Grèce.
Une nouvelle façon de calculer le solde primaire
« Selon ce critère, la Grèce affiche un déficit de 15,8 milliards d’euros, soit 8,7 % de son PIB puisque, selon les données mêmes du ministère hellénique des Finances, le déficit budgétaire grec était de 23 milliards d’euros et les intérêts de la dette de 7,2 milliards d’euros. Comment alors Athènes a-t-elle pu dégager ce fameux excédent ? En appliquant une méthode statistique pour «mieux refléter la position budgétaire structurelle» de la Grèce selon un porte-parole de la Commission européenne citée par le Wall Street Journal.
Du coup, Eurostat a ôté du calcul plusieurs éléments. D’abord, les dépenses d’aide aux banques grecques, ce qui réduit le déficit «primaire» de 10,8 % du PIB. L’effet «positif» du transfert des bénéfices de la BCE sur le rachat d’obligations grecques (1,5 % du PIB) a été également exclu du calcul. Au final, le solde «corrigé» donne un excédent de 0,8 %. »
Et voilà la belle entubade ! Pour afficher un excédant alors que l’on est en déficit, il suffit juste de gommer suffisamment de pertes en disant que finalement, eh bien… elles ne comptent pas ! C’est beau la comptabilité publique tout de même. Là, nous atteignons quand même des sommets dans la bêtise et finalement personne ne dit rien ni n’y trouve rien à redire. Et vous savez pourquoi ?
Personne ne veut que tout s’effondre !
Et comme personne ne veut que tout s’effondre, eh bien tout le monde est complice consentant d’un système aux abois prêt à tout et n’importe quoi pour continuer à tourner comme si de rien n’était encore un peu, encore un peu plus longtemps.
En vous disant cela, je sais que j’ai profondément raison et d’ailleurs ce n’est ni une critique ni assentiment. C’est juste une constatation de la façon dont se passent les choses. En fait, pour être plus précis, disons que moi non plus, vous non plus, aucun d’entre nous n’a vraiment envie que tout cela s’effondre. Alors, ma foi, nous préférons majoritairement croire que finalement tout finira sans doute par s’arranger…
Sauf que ce ne sera pas le cas. Nous nous effondrerons ou pas. Peu importe. Car ce qui est certain c’est que nous allons à un moment ou un autre vivre des bouleversements monumentaux y compris de notre niveau de vie. Pour beaucoup d’ailleurs, ceux que l’on appelle les chômeurs, cela a déjà commencé.
Ce que je veux juste vous montrer, c’est qu’un individu raisonnable doit aujourd’hui agir comme si la France, demain, allait devenir comme la Grèce d’aujourd’hui. Et d’ailleurs vous savez quoi ? En Grèce, la misère est vraiment profonde, et pourtant… la Grèce ne s’est pas effondrée mais les Grecs, eux, oui.
Préparez-vous et restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez bien !!
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes »