Les Éditions de L’Herne ont eu l’excellente
idée de rééditer un petit opuscule de Benjamin Franklin,
intitulé Comment devenir riche.
On ne présente pas Benjamin Franklin, un des rédacteurs
de la Déclaration d’indépendance, mais aussi de la
Constitution, des États-Unis. Il négocie, en 1778, le
traité d’alliance franco-américaine qui prévoit l'envoi
d’un soutien militaire français en Amérique pour
combattre les forces britanniques durant la guerre d’indépendance.
Il négocie également le traité de Paris qui, en 1783,
mit un terme à cette guerre. L’Assemblée constituante
française reconnut à sa mort, en 1790, combien Benjamin
Franklin fut un grand ami de la France en décrétant trois jours
de deuil national.
Comment
devenir riche comprend 8 textes écrits entre 1750 et
1784 et publiés dans différents journaux ou dans L’Almanach du Pauvre Richard
qu’éditait Franklin. Ces textes ont été
republiés ensuite dans son autobiographie.
Il n’y a dans ces quelques pages, aucune recette miracle,
simplement, comme le dit lui-même l’auteur, « quelques
maximes du bon sens de tous les siècles et de toutes les
nations ».
Quels sont ces conseils? À mon sens, on peut en retenir huit,
que l’on trouve éparpillés dans la soixantaine de pages
de l’ouvrage :
-
Être économe…
« Celui
qui tue une truie pleine, détruit sa progéniture
jusqu’à la centième génération. Celui qui
assassine une piastre, perd tout ce qu’elle aurait pu produire,
peut-être même des vingtaines de livres sterling ».
« Ne
dédaigne ni la perte minime, ni le gain minuscule ».
-
… et se
méfier du crédit, à l’achat comme à la
vente,…
« Songez
bien à ce que vous faites, quand vous vous endettez. Vous donnez
à un autre des droits sur votre liberté ».
« Couchez vous sans souper, plutôt que de vous lever
avec des dettes ».
« Celui
qui va faire un emprunt, va chercher une humiliation ».
-
…permet d’épargner.
« Un
centime épargné est un sou gagné. Une épingle par
jour, c’est cinq sous par an ».
« Un
homme qui ne sait pas épargner à mesure qu’il gagne,
mourra sans laisser un sou, après avoir eu toute sa vie le nez
collé sur son ouvrage ».
-
Par ailleurs, ne se fier qu’à soi-même, du moins pour les
affaires importantes,…
« Celui
qui veut prospérer par la charrue, doit la conduire
lui-même ».
« Ne
pas surveiller vos ouvriers, c’est laisser votre bourse à leur
discrétion ».
« Le
trop de confiance dans les autres est la ruine de bien des gens ».
-
…ne jamais
gaspiller son temps,…
« Ce
qui peut être fait, fais le dès aujourd’hui ».
« Celui
qui dilapide sottement un temps valant cinq shillings, perd cinq shillings,
et pourrait aussi bien jeter cinq shillings dans la mer ».
-
… et toujours travailler.
« Si
nous sommes laborieux, nous ne mourrons jamais de faim, car la faim regarde
dans la maison de l’homme qui travaille, mais n’ose pas y
entrer ».
« Ne
mettez point de gants pour prendre vos outils. Souvenez-vous qu’un chat
ganté n’attrape point de souris ».
-
Enfin, être
humble, en toutes circonstances…
« L’impôt de notre paresse
nous coûte le double de la taxe du gouvernement ; notre orgueil le
triple, et notre folie le quadruple ».
« L’orgueil
déjeune avec l’abondance, dîne avec la pauvreté, et
soupe avec la honte ».
-
… honnête,…
« Que
la probité soit comme le souffle de ton âme ».
« Sois
constamment probe et laborieux ».
-
… sans oublier d’être heureux.
« Bannis
loin de toi la tristesse qui glace ton âme, et vis indépendant.
Tu sera alors vraiment un homme ».
Des préceptes frappés au coin du bon sens. Il serait
judicieux que les hommes politiques lisent et relisent chaque soir avant de
se coucher, et chaque matin avant de se mettre au travail, l’ouvrage de
Benjamin Franklin. Peut-être réfléchiraient-ils davantage
avant d’agir ?
Deux autres passages de l’ouvrage de Benjamin Franklin ont
retenu mon attention.
Le premier évoque l’impôt :
« S’il existait un gouvernement
qui obligeait les sujets à donner la dixième partie de leur
temps pour son service, on le trouverait assurément très dur
[…] ».
Vous avez bien lu : 10 % d’impôt apparaît, en
1758, comme quelque chose d’inouï.
Le second extrait traite des parlementaires :
« On ne peut s’empêcher
d’être étonné, quand on voit combien les affaires
de ce monde sont conduites à contresens. […] Nous assemblons des
parlements et des conseils, pour profiter de leur sagesse collective ;
mais en même temps, nous avons nécessairement
l’inconvénient de leurs passions réunies, de leurs
préjugés et de leurs intérêts personnels. Par ce
moyen, des hommes artificieux triomphent de la sagesse, et trompent
même ceux qui la possèdent ; et si nous en jugeons par les
actes, les arrêts, les édits qui règlent la
destinée du monde et les rapports du commerce, une assemblée
d’hommes importants est le corps le plus fou qui existe sur la
terre ».
Il suffit de suivre les débats actuels de
l’Assemblée nationale pour savoir qu’il n’y a aucun
mot à enlever de ces quelques phrases.
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