La remonétisation de l’or, le rapport de Paul Mylchreest de Chevreux (une
filiale du Crédit Agricole) décrit en 2006 la manipulation du
marché de l’or.
«
Les banques centrales possèdent de 10 à 15 000 tonnes
d’or de moins que les 31 000 tonnes de réserves officielles
affichées dans leurs comptes » annonce le rapport de Chevreux. « Cet or a été
prêté aux banques qui agissent sur le marché physique de
l’or, les bullion banks, et à leurs consœurs et a
déjà été vendu pour en faire des bijoux,
etc. Les non-producteurs d’or représentent la majeure
partie de ces emprunts et ils seront peut-être incapables de couvrir
leurs positions à découvert sans provoquer une augmentation du
prix de l’or ».
En
d’autres termes, « les ventes cachées (via les
prêts des banques centrales) ont artificiellement déprimé
le prix de l’or pendant 10 ans [et
une] forte augmentation du prix de l’or pourrait avoir des
conséquences sévères sur la politique monétaire
américaine et le dollar US».
Pour
ce qui est des autres banques centrales du monde, il semble qu’elles se
soient très mal débrouillées pour dissimuler leurs
« ventes à découvert » depuis le début
des années 2000. Aujourd’hui, le prix de l’or a fortement
augmenté pour les investisseurs et les épargnants
américains, et il en a fait presque autant pour les détenteurs
d’or en Européens et en Grande-Bretagne. Au Japon, les prix de
l’or se sont envolés.
Comment
cela se fait-il ? Quelles que soit la réalité de la
manipulation active et cachée, les banques centrales du monde ont
jusqu’ici bel et bien contrôlé le prix de l’or.
Comme
l’a déclaré en 1993 l’ancien gouverneur de la
Réserve Fédérale, Wayne Angell :
« Nous déterminons
grandement le prix de l’or…Mais l’impact majeur sur le prix
de l’or, c’est le coût d’opportunité de la
possession de dollars US… Nous pouvons contenir le prix de l’or
très facilement ; tout ce que nous avons à faire,
c’est de faire en sorte que le coût d’opportunité en
termes de taux d’intérêt et de bons du Trésor
américain rendent la possession d’or non rentable ».
En
faisant passer les taux d’intérêt sous le taux
d’inflation entre 2003 et 2005, la Fed de Greenspan a garanti un
marché haussier de l’or. En diminuant les taux
d’intérêts une nouvelle fois à la fin de
l’année 2007, même lorsque les prix du pétrole et
des céréales battent de nouveaux records, la Fed de Bernanke semble également décidée
à faire augmenter les prix de l’or.
En
effet, un rapport
de Citigroup, la plus grande banque des Etats-Unis, se range aux
conclusions du Crédit Agricole. « Les banques centrales ont
été obligées de choisir entre une récession
globale et le sacrifice du contrôle de l’or »,
déclarent John Hill et Graham Wark, de
Citigroup, « et [elles] ont choisi ce qui semblait être le
moindre mal. »
« Nous pensons que la
résolution politique de la situation critique dans laquelle se trouve
le crédit prendra la forme d’un « sauvetage reflationniste » dans un nouveau cycle, au
niveau mondial, de création de crédit et de dévaluations
concurrentielles de la monnaie. Il est possible que cela emmène
l’or à 1000 $ l’once, davantage peut-être ».
De
plus, les ventes massives d’or par les banques centrales au
début 2007 ont été « clairement
réalisées au meilleur moment pour plafonner le prix de l’or»,
poursuivent-ils. Mais si le but des banques centrales était
effectivement de limiter la hausse du prix de l’or, cela n’a
été que très peu efficace. Il vient juste
d’atteindre son prix le plus haut depuis 27 ans par rapport au dollar,
et depuis 16 mois, il atteint chaque jour des prix jamais vus pour les
investisseurs européens.
Les
allégations selon lesquelles les grandes banques centrales mondiales
travaillent activement ensemble à étouffer le prix de
l’or ont été appuyées en 2004, quand Paul Volcker, président de la Réserve
Fédérale en 1980, au moment où l’or battait tous
ses records , a écrit dans ses mémoires que « permettre
à l’or d’atteindre 850 $ l’once était une
erreur » à propos du dernier grand marché haussier de
l’or.
Lors
d’un des meetings conduits par Volcker
à la fin 1979, la commission de la Réserve
Fédérale nota la menace de
l’ « activité spéculative » sur le
marché de l’or. Cette activité spéculative se
répercutait sur les prix des autres matières premières.
Un représentant du Trésor américain déclara que
cette ruée vers l’or était « le symptôme
d’une inquiétude grandissante à propos de
l’inflation mondiale ».
« Nous devions nous occuper de l’inflation » a
déclaré Volcker dans une interview
pour PBS en septembre 2000, « il y avait une pression
spéculative importante ».
« C’était les années où tout le monde
voulait acheter des pièces de collection de New York. Le marché
était en plein boom, tout comme les autres marchés de produits
physiques car les gens avaient le sentiment que les prix des biens
subissaient une inflation et qu’il n’y avait aucun moyen de
l’arrêter ».
Mis
à part brandir un pistolet devant d’anxieux détenteurs
d’or, il ne semblait y avoir aucun autre moyen pour empêcher les
spéculateurs de profiter, ou plutôt de se défendre contre
la mort du dollar.
Cette
autre solution, c’est l’augmentation des taux
d’intérêt. La Fed de Volcker a
augmenté les taux d’intérêt américain
à 19 %...faisant passer le coût réel des dollars à
un peu plus de 9 % après ajustement à l’inflation. Le prix de l’or s’en est
trouvé presque divisé par deux en l’espace d’un an.
Parce
que, comme le dit Wayne Angell, le prix de l’or est réellement
déterminé par les banques centrales. Elles le maîtrisent
très facilement… en faisant simplement en sorte que le
coût d’opportunité, en termes de taux d’intérêt
et de bons du Trésor américain, rende la possession d’or
non rentable ».
Cependant,
pour y parvenir, il leur faut augmenter les taux d’intérêt
bien au-dessus du taux d’inflation. Si vous pensez que Ben Bernanke n’a pas les moyens d’augmenter les
taux d’intérets, et que les banques
centrales du monde entier poursuivront encore longtemps leur politique de
taux à 0%, vous devriez envisager d’acheter
de l’or aujourd’hui même.
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