La situation
n’est pas sous contrôle.
Des rejets
radioactifs qualifiés de « très importants » dans
l’atmosphère ont eu lieu lors de l’explosion du
réacteur n°1 de Fukushima, selon l’Institut de
Radioprotection et de Sureté Nucléaire français.
Tepco,
l’opérateur japonais de la centrale, a reconnu que les pompages
d’eau de mer n’étaient « pas encore suffisants
» pour faire baisser le niveau de pression dans les réacteurs
n°1 et 3. Ce qui signifie que la température ne baisse pas et que
les risques de fusion demeurent.
Un rejet
contrôlé de la vapeur sous pression au sein du réacteur
semble toujours impossible, en raison probablement de la radioactivité
importante relevée près des valves, comme cela avait
été signalé auparavant et n’est pas
précisé.
Une explosion
dans le réacteur n°3 est toujours considérée comme
possible, selon le porte-parole du gouvernement, qui ajoute qu’elle ne
créerait pas de problème pour le réacteur. Il n’a
toutefois pas précisé s’il fallait s’attendre
à d’importants nouveaux rejets radioactifs dans
l’atmosphère, comme lors de l’explosion déjà
intervenue.
Selon des
informations complémentaires de l’IRSN, des rejets de produits
radioactifs en provenance du réacteur n°3 de la centrale n°1
ont eu lieu, après le début de la fusion du cœur.
Cela peut se
comprendre comme ils n’ont plus le choix, car une des analyses
possibles de la situation est que l’opérateur de Fukushima se
trouve placé devant une décision impossible: relâcher
dans l’atmosphère une vapeur devenue très radioactive pour
faire baisser la pression interne au réacteur, ou laisser celle-ci
monter, ainsi que la température, accroissant le risque de la
poursuite d’une fusion qui a été probablement
déjà entamée, les pompages d’eau de mer ne
parvenant pas faire baisser à eux seuls la température.
Le
gouvernement japonais a reconnu dans la nuit européenne qu’il
est « hautement probable » que des processus de fusion sont
survenus au sein des réacteurs n°1 et 3 de la centrale nucléaire
Fukushima n°1. Il a été par ailleurs relevé une
nouvelle hausse du taux de la radioactivité, après qu’il
eut décliné, et une seconde explosion d’hydrogène
est désormais redoutée dans le bâtiment d’un
réacteur de la centrale Fukushima n°2.
Les propos des
autorités se veulent rassurants, mais la maîtrise de la
situation est incertaine, tout dépendant des tentatives en cours de
refroidir les coeurs des réacteurs afin d’éviter
qu’un éventuel processus de fusion – dont seules des
manifestations indirectes peuvent être détectées, telles
des fuites de césium – se poursuive, aux conséquences
imprévisibles.
La panne des
systèmes de refroidissement des centrales est considérée
par les experts nucléaires comme un événement hautement
improbable mais très critique, faisant entrer dans un territoire
inconnu, avec comme références Three Mile Island et Tchernobyl.
La suite des événements, si la fusion devait se poursuivre,
dépendant de la solidité de la structure de confinement.
Le
contrôle de la situation dépendra de la capacité des
opérateurs à refroidir par tous moyens – y compris des
expédients comme de l’eau de mer salée – le coeur
des réacteurs, qui sont arrêtés, avant que le processus de
fusion soit suffisamment avancé pour devenir
irrémédiable.
Les
autorités donnent des informations partielles, tandis que les
évacuations contribuent à la situation déjà
très chaotique que connaît le Japon, alors que l’on
découvre de nombreuses nouvelles victimes du tsunami. Dans un rayon de
20 kilomètres, quelques 215.000 habitants autour des centrales
Fukushima n°1 et 2, distantes de 12 kilomètres entre elles, ont
été évacuées. Dans la ville même, à
80 kms des centrales, les reportages décrivent une atmosphère de
peur et de stockage de vivres, une situation proche de la pénurie
d’essence. De nombreux habitants portant des combinaisons et des
masques chirurgicaux.
(D’après
agences de presse)
Billet
rédigé par François Leclerc
Paul Jorion
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