Tout le monde
rêve d’un système idéal dans lequel la
création de richesses serait incitée par les récompenses
qu’elle offrirait tout en
assurant qu’elle bénéficie à la communauté
entière, et notamment aux plus pauvres. Or, ce miracle existe :
c’est l’économie de marché. L’intervention
gouvernementale, elle, ne fait qu’enrayer son mécanisme.
Ludwig von Mises faisait ainsi remarquer que le capitalisme,
loin d’être une jungle où les plus forts prospèrent
aux dépens des plus faibles, constitue un gigantesque système
d’externalités positives, au sens où la population
générale bénéficie gratuitement de la recherche
concurrentielle de profits par les entrepreneurs.
Depuis
l’essor de la libre entreprise au XIXº siècle, les salaires
réels ont été démultipliés, et cela pour
un temps de travail diminué, et une population accrue. Les biens de
consommation se sont constamment diversifiés et
démocratisés, améliorant la qualité de la vie.
Une vaste classe moyenne est apparue, qui regroupe désormais
l’essentiel de la population, et la pauvreté
d’aujourd’hui n’exclut pas un confort inconnu aux plus
riches d’alors : eau courante et électricité,
télévision et automobile, lave-linge…
Mais, comment
les travailleurs d’aujourd’hui peuvent-ils être à ce
point plus productif qu’il y a deux siècles ? Rien
d’autre que le fait que leurs services aient été toujours
mieux mis à profit.
Notre niveau
de vie – s’il dépend évidemment pour partie de nos
efforts, tient avant tout à un phénomène qui nous
dépasse. En effet, nous bénéficions du fait que ceux qui
cherchent à faire des profits ont besoin, à cette fin,
d’améliorer sans cesse la productivité du travail
qu’ils nous achètent pour produire des marchandises de qualité
croissante à des coûts décroissants.
Le livreur de
chez Domino’s n’est pour rien dans
l’idée même du service qu’il offre, non plus que
dans la constitution ni la gestion si complexe des capitaux que, sans le
savoir, il met en mouvement. Et le client n’est pour rien non plus dans
le fait qu’il puisse, pour si peu, mobiliser tant de ressources et
s’offrir un tel dîner.
Beaucoup
croient encore que les capitalistes « exploitent » leur
monde, les travailleurs ne recevant qu’une partie du produit de leur
travail, le reste étant indûment accaparé sous la forme
de profits. Mais, c’est l’inverse qui est vrai : ce sont
ceux qui poursuivent le profit qui n’en bénéficient que
marginalement. En rendant le travail plus productif, les entreprises mieux
organisées, les produits moins coûteux et de meilleure
qualité, ils sont le moteur d’un enrichissement qu’ils
doivent partager pour que les fruits leur en reviennent.
Mieux encore,
cet effort des plus aptes à la création de richesse profite
nécessairement le plus à ceux qui y sont le moins habiles par
eux-mêmes.
À moins
qu’il ne soit extrait par la force publique, tout enrichissement est
ainsi, d’une manière ou d’une autre, et malheureusement de
moins en moins perceptible à mesure que l’activité
économique se complexifie, à la fois mérité et
partagé.
C’est
pourquoi la taxation des plus riches, c’est-à-dire de ceux qui
produisent le plus de richesses, ainsi que des entreprises qu’ils font
prospérer, se fait à terme aux dépens de ceux qui
bénéficient des emplois qu’elles créent, de la
productivité qu’elles élèvent via des
investissements plus nombreux, et des revenus réels qu’elles
augmentent grâce à une hausse de la production.
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