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Crise du subprime, une crise publique de plus

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Publié le 19 février 2008
1406 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

En Août 2007, j'émettais l'hypothèse (soufflée par Thomas Sowell, je n'ai aucun mérite) selon laquelle les réglementations étatiques en vigueur aux USA pourraient être les principales responsables de la crise des subprimes que nous vivions. Notamment, les réglementations anti-discrimination s'appliquant aux établissements de crédit, telles que le Community Reinvestment Act, n'avaient elle pas empêché les banques de jouer un rôle prudentiel qu'elle devraient tenir en refusant d'accorder des crédits par trop risqués ?

 

J'ai reçu quelques mels à la limite de l'insulte à l'époque. Comment pouvais je ne pas voir, satané ultra libéral, que "la crise que nous vivions était celle de la spéculation financière, d'un système capitaliste à bout de souffle", et que sais-je encore ? (non, je n'ai trouvé personne qui ait mis la crise du subprime sur le dos du réchauffement climatique...)

 

Aujourd'hui, Stan Liebowitz, professeur à l'université de Dallas, me donne raison. Il revient de façon détaillée sur l'histoire des actions menées par les activistes anti-discriminations, et sur leurs conséquences en terme de politiques suivies par les établissements de prêt. Lui non plus, visiblement, ne gobe pas le mythe de "la crise du capitalisme financier". Selon lui, il ne fait aucun doute que la distorsion opérée par les lois votées sous la pression des groupes anti-discrimination est la cause majeure de la crise que nous vivons. Extrait, traduit par l'excellentissime Institut Molinari:

 

Face à la situation de désarroi actuel, vous pouvez penser que les banques ont avancé elles-mêmes l'idée d'assouplir les critères d'obtention de crédit, tandis que les autorités de régulation ont fermé les yeux. En réalité, ce furent les autorités de régulation qui ont allégé ces critères – sous le pression de certains groupes communautaires et des forces politiques « progressistes ».

Dans les années 1980, des groupes comme les militants de l'ACORN (Association of Community Organizations for Reform Now) ont commencé à lancer des accusations de discrimination, selon lesquelles les banques traiteraient différemment certaines minorités pour ce qui est des prêts hypothécaires. En 1989, des membres du Congrès ralliés à cette cause firent adopter le Home Mortgage Disclosure Act, amendé pour obliger les banques à collecter des données raciales concernant les emprunteurs potentiels. Celles-ci ont fait l'objet de nombreuses études qui semblaient valider l'accusation initiale.

En fait, même si les dossiers des candidats au prêt issus des minorités étaient rejetés plus fréquemment que les autres ; la raison principale n'en était pas une quelconque discrimination raciale, mais le fait que les personnes dans ces minorités ont en général des revenus plus modestes. Cependant, une étude de la Réserve Fédérale de Boston qui fait date a conclu en 1992 que les discriminations concernant les prêts hypothécaires étaient systématiques.

Cette étude comptait un nombre incroyable d'erreurs. Avec un collègue, nous avons démontré par la suite que les données utilisées contenaient des milliers d'erreurs grossières, comme des prêts à des taux d'intérêts négatifs. Notre étude a montré qu'il n'y avait aucune preuve de discrimination.

Cependant, l'ordre du jour politique a primé – accompagné par les explications du Président de la Réserve Fédérale de Boston selon lesquelles aucune étude supplémentaire n'était nécessaire, et par les autorités de régulation bancaire qui soutenaient la mesure.

L'encre de cette étude sur les discriminations n'avait pas eu le temps de sécher que la Réserve Fédérale de Boston, s'exprimant au nom de la Réserve Fédérale tout entière, a produit un livre à destination des prêteurs hypothécaires, expliquant que « des discriminations peuvent être observées quand les critères de prêt incluent des données arbitraires ou démodées qui excluent de nombreux candidats au prêt urbains ou originaires des minorités ».

Ces critères « démodés » incluaient la valeur du bien hypothéqué par rapport au revenu, l'historique des crédits, l'épargne accumulée par le passé, ou le revenu. À la place, la Réserve Fédérale de Boston a décidé que la participation à un programme d'éducation sur la manière de contracter des prêts devait être considérée comme une preuve de la capacité à rembourser un crédit.

Tout cela vous paraît aberrant ? En effet. C'est critères « démodés » existaient pour limiter les défauts de paiement. Mais les autorités de régulation bancaire ont demandé de les assouplir, avec l'accord des hommes politiques et des personnes bien-pensantes. En 1995, un renforcement du Community Reinvestment Act (CRA) a imposé aux banques de trouver des moyens de fournir des prêts hypothécaires aux membres des communautés les plus pauvres. Cela a aussi permis aux membres de ces communautés d'intervenir lors de l'examen annuel des banques.

Les banques qui recevaient des critiques négatives ont été punies ; certaines ont vu leurs plans de fusion empêchés ; d'autres ont eu à faire face à des problèmes légaux avec le Ministère de la Justice.

Les prêts accordés sur des critères allégés se sont donc développés, même si l'on observait des taux de défauts de paiement plus élevés que pour les prêts classiques. Sur Internet, vous pouvez toujours trouver des prêts CRA disponibles via ACORN avec « 100 % de financement ... pas d'évaluation de vos crédits passés ... pas de critères de revenu ... même si vous ne le signalez pas sur votre déclaration d'impôts ». Mais les programmes d'éducation sur la manière d'utiliser le crédit sont requis, bien évidemment.

Ironie du sort, un rapport enthousiaste de la Fannie Mae Foundation a choisi de distinguer un cas de prêteur non-discriminant, qui travaillait avec les communautés et appliquait « les critères d'attribution de crédit les plus flexibles ». L'engagement de ce prêteur envers les bas revenus était de 1 milliard de dollars en 1992, et avait crû à 80 milliards en 1999 et à 600 milliards en 2003.

Quel était ce créancier particulièrement vertueux ? Countrywide, le plus grand émetteur de crédits hypothécaires aux Etats-Unis, et récemment à la une de l'actualité parce qu'il avançait tout droit vers la faillite. Dans un récent article de journal exaltant les mérites des critères allégés d'attribution de crédit, le directeur général de Countrywide se vantait en expliquant que pour accepter les dossiers provenant des minorités qui auraient été rejetés, « les prêteurs ont dû assouplir un peu les règles ». Il ne se vante plus aujourd'hui.

Pendant des années, la hausse des prix de l'immobilier a masqué les problèmes de défauts de paiement car un refinancement rapide était possible pour les banques. Mais maintenant que les prix de l'immobilier ont cessé de croître, nous pouvons clairement réaliser les dommages causés par l'assouplissement des critères d'attribution de crédits.

Ces dommages étaient prévisibles : « Quand l'idéal réconfortant et flou des 'critères flexibles d'attribution de crédit' disparaîtra, nous découvrirons peut-être qu'il ne sont ni plus ni moins que des critères conduisant à de mauvais prêts. [...] De telles politiques n'auront pas rendu service à leurs bénéficiaires supposés, si ceux-ci se trouvent dépossédés de leurs logements ». J'ai écrit cela avec Ted Day en 1998, dans un article académique.

 

Ceux qui demandent plus de réglementation du crédit par l'état devraient peut être se poser la question de savoir si on peut résoudre les problèmes avec les remèdes qui les ont créés, administrés par ceux qui les ont créés.  Les banques doivent pouvoir déterminer elles mêmes les critères prudentiels d'attribution de crédit, sans risquer de faire face à des accusations de discriminations parce que le nombre de prêts accordés aux membres des minorités les plus pauvres est plus faible que les autres.

 

La crise du Subprime ? Marchés accusés, état coupable. Comme d'habitude.

 

Vincent Bénard

Objectif Liberte.fr

Egalement par Vincent Bénard

 

Vincent Bénard, ingénieur et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org), deux thinks tanks francophones dédiés à la diffusion de la pensée libérale. Spécialiste d'aménagement du territoire, Il est l'auteur d'une analyse iconoclaste des politiques du logement en France, "Logement, crise publique, remèdes privés", ouvrage publié fin 2007 et qui conserve toute son acuité (amazon), où il montre que non seulement l'état déverse des milliards sur le logement en pure perte, mais que de mauvais choix publics sont directement à l'origine de la crise. Au pays de l'état tout puissant, il ose proposer des remèdes fondés sur les mécanismes de marché pour y remédier.

 

Il est l'auteur du blog "Objectif Liberté" www.objectifliberte.fr

 

Publications :

"Logement: crise publique, remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat

Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république, bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La doc française, avec Pierre de la Coste

 

 

Publié avec l’aimable autorisation de Vincent Bénard – Tous droits réservés par Vincent Bénard.

 

 

 

 

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