Nous connaissons tous ce panneau “un train peut en cacher un autre” qui
raisonne comme une mise en garde sur chaque passage ferroviaire.
Il en va exactement de même en Europe où chaque “bonne nouvelle” peut en
cacher une nettement moins bonne et ce week-end illustre parfaitement la
difficulté génétique de gouvernance européenne, profondément dysfonctionnelle
et dont les temps de réponse sont de moins en moins compatibles avec le temps
de l’économie ou, pire encore, des marchés.
L’Europe a été bloquée pendant des mois en raison d’une crise politique
majeure en Allemagne, première économie de la zone euro dirigée par “la poids
lourd” Merkel qui n’arrivait pas à constituer de gouvernement majoritaire.
C’est désormais chose faite, et le SPD, par le vote de ses militants,
permet à Merkel de gouverner mais sous une forme de “tutelle”. Bon, cela
reste de la tambouille germanique, là où cela commence à nous concerner c’est
évidemment sur les avancées en termes de construction européenne que souhaite
le président français Emmanuel Macron, qui n’a pas manqué de saluer en
grandes pompes cette “immense avancée pour l’humanité” (il n’a pas dit cela,
mais en gros c’était l’idée un poil outrancière du communiqué de presse), et
que le couple franco-allemand allait être en mesure de changer l’Europe.
À voir… à voir, tant de rivalités et de problèmes idéologiques subsistent,
tout en sachant que la clef technique pour rendre l’Europe et l’euro
fonctionnels réside dans la capacité des Européens à faire une intégration
fiscale, sociale et budgétaire complète. On peut résumer cela par soit
beaucoup plus d’Europe, soit plus d’Europe du tout.
Le plus d’Europe du tout, c’est un peu justement la bonne nouvelle qui
cache la mauvaise, et pendant que l’on salue le 4e mandat de Merkel, on
oublie un peu vite aussi bien les difficultés et les fragilités qu’entraîne
le Brexit, sans oublier la potentielle nouvelle crise politique qui s’en
vient sans doute dès aujourd’hui sur l’Italie, qui va venir remplacer le
feuilleton allemand !
Alors il est certain qu’une Europe avec un couple franco-allemand
opérationnel est moins fragile qu’une Europe avec une Italie en faillite, une
Angleterre qui s’en va, et une Allemagne sans gouvernement. Mais un
gouvernement en Allemagne, ce n’est pas la certitude d’une absence de crise
en Europe.
Si l’on en croit Ray Dalio, le patron du plus gros hedge fund mondial
Bridgewater, l’Europe reste tellement fragile qu’il a parié, comme je vous
l’ai déjà dit, 22 milliards contre l’Europe.
En réalité, il prend un pari contre l’Italie. L’Italie, cela tombe bien, à
partir de ce matin, vous avez commencé à en entendre beaucoup parler.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !