Paris, le 27 février 2017.
Traditionnellement, en France, les comptables ou statisticiens laissent de côté
la mesure des échanges de choses menés par les Français, sauf dans le cas où il
est question des échanges de choses que ceux-ci ont menés hors frontières, avec
les étrangers et qu'ils dénomment "échanges extérieurs" ou "échange du commerce
extérieur".
C'est ainsi que les échanges dans leur totalité, à savoir les égalités d'offre
et demande d'objets ou services abouties, ne sont pas connus!
1. Echanges extérieurs d'objets et services.
A l'opposé, il s'avère que, selon les mesures que fournissent, par
exemple, les statistiques de l'administration des douanes (cf. ce
texte d'août 2009 et graphique ci-dessous), on constate que les échanges
d'objets et services avec l'extérieur sont restés stables de 2012 à 2016, de
l'ordre de
€ 450 milliards pour les exportations et
€ 500 milliards pour les importations.
et le solde annuel entre exportations et importations a été de l'ordre de
:
€ 50 milliards
montant du "déficit extérieur" de la France.
2. L'œil politique.
Dans le passé, beaucoup d'économistes ont fait l'hypothèse que leur nation
était maîtresse au monde, laissant ainsi de côté les règles de droit
(exemplaire est l'école du "mercantilisme").
Ils ont considéré qu'elle n'avait pas à se soucier des échanges de choses entre
leurs compatriotes et d'éventuels partenaires étrangers (mis à part ceux qui se
sont intéressés à la notion théorique de "coût ou d'avantage comparatif" et à
ses développements).
Depuis lors, beaucoup ont prêté attention aux seuls échanges extérieurs.
A coup sûr, non pas pour faire valoir "l'arche sainte du protectionnisme",
comme Vilfredo Pareto aimait à dénommer la notion de "balance commerciale",
i.e. la mise en regard des exportations et des importations de marchandises,
leur solde (cf. billet du 7 décembre 2008 intitulé "Le Péril
socialiste" (recueil d'articles de Vilfredo Pareto) ), et comme s'épuisent
à le faire certains
ministres aujourd'hui comme hier, étant donnée leur ignorance, au moins
apparente, de la question.
3. La relation des échanges extérieurs au revenu
national.
Beaucoup d'économistes ont fait alors la double hypothèse théorique
- que les importations d'objets et services variaient dans le même sens que le
"revenu national" (donnée de l'I.N.S.E.E. créé en 1946) et
- que les exportations étaient exogènes...
On en est là, le plus souvent, aujourd'hui.
4. L'influence économique empirique des exportations et des
importations.
Ex post, des économistes ont aussi fait apparaître, avec des
chiffres, les variations passées des uns et des autres.
Et ils en ont induit l'impact des exportations ou des importations sur le
revenu national ou le produit intérieur brut, avec ou sans explication
théorique.
Soit dit en passant, le "produit intérieur brut non marchand" rassemble
les services fournis par les administrations publiques et privées ... "à
titre gratuit ou quasi gratuit" (de fait payés par les impôts et autres
prélèvements de toute nature).
Il est, par convention - exorbitante -, évalué à son coût de production, une
"valeur" non économique, purement arbitraire.
http://www.journaldunet.com/economie/magazine...b-de-la-france/
5. Proportion des échanges extérieurs et intérieurs.
A défaut de ces gymnastiques intellectuelles, il y a une grande question qui
est évoquée de temps à autre : les échanges extérieurs sont-ils proportionnels
aux échanges intérieurs ou en sont-ils indépendants ?
Soit dit en passant, l'équation des échanges chère à target="_blank" Irving Fisher
(1911) ne faisait pas référence aux échanges extérieurs, mais
seulement aux échanges intérieures!
On ne peut que s'en étonner.
a.
Taux des échanges extérieurs aux échanges intérieurs.Une réponse avancée par certains est que les échanges extérieurs ne sont jamais
qu'un rapport, un taux, un indicateur approximatif des échanges intérieurs,
rarement calculés, mais pourtant moins approximatifs que ce qui est calculé et
qu'est le revenu national ou le " target="_blank";P.I.B. " du monopole de
production de statistiques, informations, données qu'est l'I.N.S.E.E..
b. Taux des échanges intérieurs aux échanges
extérieurs.
Il y a aussi la réponse, symétrique, mais jamais considérée, que les échanges
intérieurs sont un indicateur approximatif des échanges extérieurs.
A défaut de connaître les premiers, à savoir les échanges intérieurs, on
les induit des échanges extérieurs mesurés en faisant intervenir l'indication
de la proportion en supposant qu'elle est exacte ...
6. Retour au principe de la causalité.
Mais alors que les échanges intérieurs correspondent à l'égalité des offres et
demandes d'objets ou services aboutie, les échanges extérieurs sont divisés en
deux parties, celle des exportations et celle des importations.
Une question est de savoir si ce sont les exportations, les importations ou
l'addition des deux qui ont un effet économique.
Additionner les exportations et les importations n'est guère d'actualité chez
les puissants, mais n'est-ce pas la bonne donnée à employer ?
7. Retour sur les mesures empiriques.
Reste que les notions théoriques d'exportations et
d'importations ne doivent pas être confondues avec leur mesure par les
comptables et statisticiens.
Exemplaire a été la première grande modification de la mesure de la différence
entre les exportations et les importations des Etats-Unis d'Amérique dans la
décennie 1960, à savoir celle du solde de la balance des paiements (cf.
Rueff, J. (1965),
Le lancinant problème des balances de paiements ou ce texte target="_blank"
d'octobre 2011).
La modification avait conduit à distinguer deux soldes, l'un sur la base
des règlements officiels et l'autre sur la base des liquidités.
La dernière en date, aux Etats-Unis d'Amérique est en cours:
cf. target="_blank"
http://www.boursorama.com/actualites/etat...91ce4c7173af8ba
Certains économistes estiment que la nouvelle "méthodologie" pourrait fausser
les chiffres du commerce extérieur, faisant apparaître les déficits plus
importants qu'ils ne le sont en réalité, en particulier si les
"ré-exportations" sont ôtées seulement de la colonne "exportations" mais pas de
celle des "importations".
Larry Summers, l'ancien secrétaire au Trésor de Bill Clinton, a jugé sur
Twitter que la nouvelle méthode était "idiote, malhonnête et
dangereuse", ajoutant que la manipulation de statistiques allait encourager le
protectionnisme.
Caroline Freund, experte auprès du Peterson Institute for International
Economics à Washington, assure, elle, que les statistiques actuelles
surestiment les importations qui sont destinées exclusivement au marché
américain, au risque de creuser le défit sur un plan comptable.
Les déficits vont ainsi apparaître démesurément exagérés si on ne calcule pas
les "ré-exportations", affirme-t-elle. "Je pense que cela va se retourner
contre eux. Jouer comme ça avec des chiffres va leur faire perdre leur
crédibilité", ajoute Caroline Freund.