Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Vous savez à quel point j’aime me moquer de la dialectique de ceux qui nous dirigent et qui, à travers les mots et leur utilisation, cherchent à diriger nos pensées.
Si les mots ont un sens, il n’en demeure pas moins assez facile de déjouer les pièges sémantiques pour peu que l’on fasse attention.
Les crises, quelles qu’elles soient, sont toujours « imprévues », elles ne sont jamais « la faute » à quelqu’un mais toujours « la faute » à pas de chance. On ne pouvait pas savoir, c’était imprévisible, on ne pouvait pas imaginer que etc.
Une crise immobilière en 1990 ? La faute à la première guerre du Golfe. Une crise boursière majeure en 2001 ? La faute aux attentats du 11 septembre ! Une crise économique dévastatrice en 2007 ? La faute aux subprimes américains, j’vous jure on pouvait pas prévoir… Impossible d’imaginer qu’une spéculation bancaire poussée à outrance pendant 10 ans puisse un jour poser des problèmes…
La future faillite des États occidentaux totalement surendettés ? Rassurez-vous, ce sera là encore la faute à quelque chose, que ce soit la « guerre en Ukraine », le très vilain Poutine ou encore la chute d’un astéroïde sur Wall Street… mais comme à chaque fois, on vous expliquera le plus gros des mensonges, à savoir que le propre d’une bulle est de révéler son existence qu’une fois qu’elle a éclaté ! J’en rigole encore. Nous avons tout plein de bulles, boursières ou obligataires, et je peux vous assurer qu’elles sont bien là. Je peux même vous garantir qu’elles éclateront ! Je ne sais juste pas quand exactement. Ce jour-là, on vous dira… c’est la crise (une nouvelle) et on ne pouvait pas s’y attendre, c’est pas ma faute ma brave ménagère au chômage.
Vous remarquerez aussi que chaque crise est « nouvelle ». Aucune continuité. Non. Alors qu’évidemment, tous ces événements sont liés et depuis des décennies et s’enchaînent finalement de façon assez prévisible en dehors de l’agenda qu’aucun analyste ne peut maîtriser.
Alors que je faisais ce matin le point sur les « zactualités », quelle ne fut pas (encore une fois) ma surprise que de lire la surprise des autres ! Et aujourd’hui, ils ont été sacrément surpris.
Par exemple voir des pays européens en récession, c’est vraiment surprenant et inattendu.
Par exemple voir le « moral » de tel ou tel agent économique en berne, c’est vraiment surprenant et inattendu !
D’ailleurs vous pourrez être surpris en lisant dans l’édition du Contrarien du jour qu’en Espagne les choses ne vont pas mieux sauf peut-être dans le secteur automobile, surtout lorsque le gouvernement espagnol qui n’a pas la queue d’un rond fait des primes à la casse de 2000 euros… Vous serez surpris aussi par l’avis très négatif de S&P sur l’Italie qui aurait beaucoup de dettes… (à lire aussi dans le Contrarien du jour).
Alors vraiment, c’est la journée des surprises. Je ne pouvais pas toutes vous les mettre dans cet édito! Mais je vous en ai sélectionné deux bien croustillantes!
Portugal : le PIB recule de 0,6 % au premier trimestre
Voilà ce que dit l’AFP (Agence France Presque, comme la surnomment certains de nos camarades lecteurs à l’esprit chagrin et qui trouvent manifestement qu’il y a quelques « approximations ») :
« Le recul de 0,6 % du PIB, expliqué par une baisse des exportations, confirme la rechute surprise de l’économie portugaise après la reprise entamée au printemps 2013. »
Mais quelle tristesse mes chers amis le Portugal dont la même Agence (et toutes les autres soyons justes avec notre AFP nationale) vantait la reprise jusqu’à la veille des élections européennes et qui une fois les élections passées (mais il n’y a aucun lien évidemment) découvre avec « surprise » que non seulement le Portugal n’est pas en croissance mais qu’en plus l’économie, « contre toute attente », est en récession.
Pendant ce temps, et grâce à l’AFP, je suis passé pour un imbécile lors des dîners en famille… « Mais Charles, arrête avec ton pessimisme, regarde, j’ai entendu à la télé que ça allait beaucoup mieux en Espagne, en Grèce et au Portugal. » Ils sont même « sortis d’affaire » !
Comment voulez-vous que cela puisse aller mieux au Portugal et ailleurs alors que l’on continue à baisser les salaires des pauvres Portugais pour qu’ils retrouvent de la « compétitivité ». Alors le PIB baisse, bonne blague. Lorsque le Portugais vaudra un Chinois, je peux vous assurer qu’il sera très compétitif. Bon, le PIB aura baissé de 70 % mais il sera compétitif. Le même raisonnement est valable pour les Espagnols, les Grecs, les Français ou les Allemands. Tous à 400 euros/mois sans assurance retraite, chômage, et maladie… et là, vous verrez ce que vous verrez !
En attendant, la triste réalité est que les autorités, avec l’aide bienveillante des agences de notations dont les dépêches sont reprises en boucle par les différents médias sans la moindre modification, on « pilote » le sentiment des gens et on les mènent par le bout du nez à croire que tout va de mieux en mieux ce qui est faux.
Baisse inattendue du sentiment des investisseurs en zone euro
Pour l’Agence de presse Reuters, « l’indice Sentix du sentiment des investisseurs a, contre toute attente, reculé en juin, les acteurs du marché n’ayant pas été enthousiasmés par les mesures de soutien à la croissance annoncées jeudi par la Banque centrale européenne (BCE) ».
L’Agence de presse souligne même que ce recul du « sentiment » des investisseurs est d’autant plus « remarquable » que la BCE a annoncé la semaine dernière tout plein de mesures pour lutter contre la déflation, alors comment se fait-il qu’ils n’aient pas le moral bon sang !
Là encore, c’est inattendu, surprenant, bref, c’est la surprise.
Pourtant, après 7 années de crise, avec un chômage de masse et des défis multiples auxquels font face nos économies, il n’y a aucune raison objective pour être optimiste.
Néanmoins, regarder la réalité dans les yeux est nettement moins confortable que de faire l’autruche, encore un peu. Le réveil sera brutal pour tous ceux qui auront préféré croire aux belles histoires.
Préparez-vous et restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez bien !!
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes »