L’Espagne rejoint le
club des taux d’intérêt négatifs
Bran, l’un de mes
lecteurs, m’a envoyé ce matin un lien vers un article d'El Pais qui indique que les intérêts des bons
du Trésor espagnol sur six mois mises aux enchères récemment sont passés
en-dessous de zéro.
Voici un extrait du
rapport du Wall Street Journal sur le sujet, intitulé Spain Joins Negative Yield Club :
L’Espagne a rejoint
le club des taux d’intérêt inférieurs à zéro.
Le Trésor espagnol a
émis mardi de la dette de court terme au rendement légèrement inférieur à
zéro pourcent. Les 725 millions d’euros de dette espagnole sur six mois
offrent aux investisseurs un rendement moyen de -0,002%. Il y a toutefois eu
des acheteurs, et selon le Trésor, les enchères auraient parfois atteint cinq
fois ce montant ?
Une série de bons du
Trésor sur douze mois mis aux enchères mardi offrait un rendement de 0,006%.
C’est un véritable
revirement pour l’Espagne. Le pays était au cœur de la crise de la dette
européenne. En juin 2012, il a vendu des obligations de court terme
similaires qui offraient un rendement de 3,237%.
La thèse des taux d’intérêt
négatifs
Selon Ben Bernanke, « au
sein de l’économie, qui bien que faible est entrée en phase de reprise il y a
quelques années, tout indique que l’équilibre des taux d’intérêt réels ait
été exceptionnellement bas, voire négatif ».
Très franchement, j’ai
rarement entendu quelque chose d’aussi ridicule.
En l’absence de la folie
monétaire des banques centrales, les taux d’intérêt négatifs sont une
impossibilité. J’ai abordé brièvement le sujet dans Thrown Under the Bus: Another Look at the Self-Serving Launch
of Ben Bernanke's Blog and the Brookings Institute's Pandering Role.
L’article de Pater
Tenebrarum intitulé Ben Bernanke’s Apologia for the Fed se penche sur ce
sujet en détails, mais une simple question suffit à en prouver l’absurdité.
Une simple question
Demandez à n’importe qui
dans la rue s’il préfèrerait avoir un dollar aujourd’hui ou 97 cents dans
plusieurs années, et il vous regardera certainement comme si vous étiez fou.
Un enfant pourrait
comprendre le ridicule de cette question. Nul besoin de savoir ce qu’est la « préférence
temporelle » pour le comprendre.
Demandez à un enfant de
quatre ans s’il préfèrerait avoir deux sucettes aujourd’hui ou une demain.
Tant qu’il comprend la question, il saura quoi vous répondre.
Les taux naturels ne
peuvent être négatifs
Les taux d’équilibre, ou
naturels, ne peuvent être négatifs.
Les taux d’intérêt sont
négatifs parce que les banques centrales ont émis plus d’argent que quiconque
désire emprunter. Puisque les assurances des dépôts ne couvrent que 250.000
dollars et que toute cette monnaie doit être mise quelque part, les déposants
acceptent des taux d’intérêts négatifs parce qu’ils n’ont pas d’autre choix.
La Banque nationale suisse fixe explicitement des taux d’intérêt négatifs aux
dépôts.
Mais la véritable raison
pour laquelle les taux sont négatifs dans beaucoup de pays est que les
banques centrales ont utilisé de la monnaie nouvellement créée pour acheter
des obligations, et que les investisseurs pratiquent le front running. Pour
plus d’informations à ce sujet, lisez ceci : Another Definition of Deflation: Antal Fekete Defines
Deflation as a "Pathological Slowing in the Velocity of Money".
L’intention de la Fed
(et des banques centrales en général) est de pousser les entreprises à
investir et les consommateurs à emprunter. Mais que se passe-t-il lorsque les
entreprises ne perçoivent aucun bénéfice lié à leur expansion ? Que se
passe-t-il si les consommateurs refusent d’emprunter ?
Thèse du choc de la
déflation
Les actions des banques
centrales n’ont pas relancé les activités de prêt, alors elles achètent de
plus en plus d’obligations, sous le principe que « si quelque chose ne
marche pas, il faut en augmenter la dose ». La BCE et la Banque du Japon
ont repris là où la Fed s’est arrêtée.
Voilà ce qui a donné vie
à une nouvelle bulle sur les actifs de magnitude sans précédent, alimentée en
partie par les emprunts par les corporations à faible taux en vue de racheter
leurs propres actions à des prix ridicules.
Quand les bulles sur les
actions, les obligations et l’immobilier éclateront, nous traverserons un
choc de la déflation, cette même déflation que les banques centrales cherchent
aujourd’hui à éviter.