Traduction de " ALEA IACTA EST " - Publié par Egon von
Greyerz, fondateur de Goldswitzerland.com (Mattherhorn Asset Management) et membre
du conseil d'administration de Goldbroker.com.
Oui, nous y sommes !
Nous avons franchi le Rubicon et l’économie mondiale va maintenant se
comporter de façon imprévisible. Des gouvernements n’ont toujours pas compris
que leurs actions ruineuses ont mené à ce monde infesté de dettes et en
faillite. Ils vont continuer à prescrire les mêmes remèdes qui ont
causé la crise, c’est-à-dire plus de crédit et plus d’impression monétaire.
Les conséquences sont claires : nous aurons de l’hyprerinflation, de la
misère économique et humaine, et des troubles sociaux.
Quand le monde commencera-t-il
à enfin comprendre que nous avons atteint le point de non-retour et que « le
grand voyage de la vie s’échoue misérablement sur le sable » (Shakespeare,
Jules César) ? Malheureusement, nous sommes très proches de ce point. Cela a
déjà débuté dans plusieurs pays.
Les derniers plans d’aide de
l’Union européenne et du FMI de $1 mille milliards (750 milliards d’euros) ne
représentent que de futiles tentatives des gouvernements pour abolir la
pauvreté en imprimant de la monnaie papier. Soyons très clair : cet argent
n’existe pas et les gouvernements de l’Union européenne espèrent, en publiant
un montant si grand, tromper les spéculateurs de la « Meute » (Wolfpack).
L’Union européenne a tout simplement sorti un grand montant à partir de rien.
Mais, quand la Meute réalisera qu’il s’agit d’un bluff et attaquera, les
gouvernements de l’UE se remettront, après un temps, à imprimer des quantités
illimitées de monnaie papier.
Le monde est en route vers la
ruine et il n’y a aucune action, aucun leader ni aucune quantité de monnaie
papier qui puissent le sauver ou empêcher une dépression hyperinflationniste.
Jamais dans l’Histoire le
monde n'a été dans une situation où virtuellement tous les pays
industrialisés sont en faillite. Donc, il n’y a aucun précédent nous
permettant de prédire ce qui se passera dans les années à venir. Ce dont nous
pouvons être assez certains, c’est que les événements arriveront de manière
vraisembablement aléatoire et qu’il sera impossible de prédire où les
prochaines crises débuteront.
Mais, quoique nous ne pourrons
prédire dans quel ordre les événements auront lieu, nous pouvons nous attendre
à ce que plusieurs des choses soulignées plus bas arrivent.
Attaques de la « Meute »
(Wolfpack)
Déjà, en 2007, nous avions
attiré l’attention sur les risques très élevés associés au marché des CDS
(credit default swap). Il s’agit maintenant d’un des principaux outils dont
se sert le Wolfpack (meute de loups). C’est le ministre Suédois des finances,
M. Borg, qui a inventé cette expression. Les loups de cette « meute », des
spéculateurs aux reins très solides, comme les fonds communs et les banques d’investissement,
utilisent le marché des CDS pour attaquer tout secteur faible de la finance,
qu’il s’agisse d’un pays, d’une banque ou d’une société. La combinaison
d’effet de levier des CDS et des liquidités énormes de la « Meute » leur
permet de tuer ou de blesser grièvement ce qu’ils attaquent. Le Wolfpack
n’est pas à la racine des problèmes en Grèce, par exemple, mais il peut
achever une faible victime rapidement, tout en en profitant énormément et
immoralement.
Il y a tant de faibles victimes potentielles que la Meute peut attaquer... en
commençant par les plus vulnérables, comme le Portugal, l’Espagne et
l’Irlande etc. Mais, lorsque ce sera le temps, elle attaquera aussi les
États-Unis et l’Angleterre.
Alors, dans cette année à
venir, nous verrons les pays être attaqués les uns aprés les autres par la
Meute, ce qui mènera à une accélération de l’impression monétaire et à des
taux d’intérêts plus hauts.
Islande... Irlande...
Grèce... à qui le tour ?
Le plan d’aide de $1 mille
milliards devrait suffire, normalement, pour protéger le reste de l’Europe
d’une autre tragédie grecque. Le dilemme avec un engagement si massif de
l’Union européenne est qu’aucun des gouvernements ne s’attend à payer
réellement. Si c’était le cas, les électeurs des pays européens jetteraient
leurs gouvernements à la porte. En effet, pourquoi les Allemands, qui
traversent aussi une époque difficile, paieraient-ils pour les Grecs, les
Portuguais ou les Espagnols, surtout quand ces prêts ne seront jamais
remboursés ?
La Grèce est en faillite mais
elle emprunte un montant additionnel à l’UE de 140 milliards d’euros. De
plus, leurs mesures d’austérité sont supposées réduire leur déficit,
aujourd’hui de 12% du PIB, à 3% d’ici quelques années. Mais vraiment, qui
peut être assez stupide pour prêter à un pays en faillite qui s’enfoncera
dans les mers Egée et Ionienne d’ici quelques années ? Avec des coupures
massives dans les dépenses gouvernementales, des baisses majeures de
production, le chômage en augmentation rapide et des revenus d’impôt qui
s’effondrent, comment peut-on s’attendre à ce que la Grèce améliore son
économie et paye des taux d’intérêts plus hauts sur sa dette qui explose ? De
plus, tant qu’ils auront l’euro, ils seront totalement non compétitifs. Donc,
s’ils ne pouvaient gérer leur économie dans les « bonnes années », il est
absolument certain qu’ils ne pourront survivre en ces temps difficiles. Alors
la Grèce fera faillite, ainsi que le Portugal, l’Espagne, l’Italie, la
France, l’Angleterre, les États-Unis et bien d’autres. Mais avant que cela ne
survienne, nous aurons assisté à l’exercice d’impression monétaire le plus
colossale jamais vu.
Donc, si les pays
virtuellement en faillite ne réduisent pas leurs déficits, ils feront
vraiment faillite et, s’ils essaient de les réduire, ils feront également
faillite, à cause de l’effondrement de la production, des baisses de revenus
d’impôt et de dettes colossales. Ainsi, quelles que soient les actions que
les gouvernements entreprennent ou n’entreprennent pas, ils sont condamnés.
Le tableau ci-dessous nous
montre la dette en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) pour
différents pays de l’OCDE. Les dettes officielles (en rouge) sont énormes et
sans doute non remboursables en argent réel. Les dettes totales (en gris)
comprennent des engagements non financés, tels les plans de retraite et
l’assurance-santé. L’Espagne a le plus faible taux de dette/PIB, soit 250%.
Viennent ensuite l’Allemagne et l’Angleterre aux environs de 400%, les
États-Unis au-dessus de 500% et la Grèce, avec plus de 800% de dette/PIB. Ces
chiffres sont absolument astronomiques, et ils prouvent que la plupart des
gouvernements du monde seront dans l’incapacité totale de rembourser leurs
dettes ou de financer les plans de retraite ou les soins médicaux auxquels
ils se sont engagés. Le niveau auquel les gouvernements coupent les dépenses
ou augmentent les impôts n’a pas d’importance, car tous ces pays sont
insolvables et rien ne peut les sauver.
Le monde doit se réajuster de
façon permanente
La plupart des gouvernements
croient encore que la solution à tous leurs problèmes réside dans des
dépenses déficitaires et dans l’impression monétaire. Parce que l’expansion
économique des derniers cent ans, et particulièrement des derniers quarante
ans, a été principalement basée sur le crédit et non sur une croissance
réelle, les gouvernements vivent avec la fausse idée que l’impression
monétaire fonctionnera encore cette fois-ci.
Mais nous avons atteint le
point où les investisseurs vont arrêter d’acheter de la dette gouvernementale
sans valeur qui ne sera jamais remboursée en argent réel. Nous traverserons
d’abord une période où les gouvernements émettront et achèteront leur propre
dette, ce qui revient à la monétiser, ou à imprimer de la monnaie. Ce sera la
phase hyperinflationniste. Ensuite, le monde réalisera que la dette
gouvernementale ne sera jamais remboursée et qu’une petite partie seulement
des dettes bancaires le sera. Le crédit implosera alors, entraînant avec lui
les actifs financés à crédit. Éventuellement, il y aura un nouveau système
monétaire et financier, et le monde repartira sur de nouvelles bases. La
période de transition sera très longue et amènera son lot de misère humaine
et économique, menant à des troubles sociaux et à des changements politiques
majeurs. Il s’agira d’une expérience horrible pour le monde pendant cette
longue période de transition. Ce sera comme une forêt qui se débarrasse de
son bois mort et, gâce à ça, crée les conditions à une nouvelle croissance forte.
Une fois cette nouvelle ère
débutée, ce sera à partir d’un niveau beaucoup plus bas, où les individus
seront récompensés pour du travail difficile et ce, sans filet social ou bien
peu. Le crédit ne sera accordé que pour des projets d’investissement sains,
et non pour de la consommation ou de la spéculation. Les valeurs morales et
éthiques reviendront et le veau d’or ne sera pas adoré. Mais, avant cela, la
période de réajustement sera très longue et extrêmement difficile pour le
monde entier.
Hyperinflation
Cela fait plusieurs années que
nous prédisons que l’hyperinflation sera le résultat probable des problèmes
économiques auxquels le monde fait face. Mais ce ne sera sans doute pas une
hyperinflation totale. Les métaux précieux seront les bénéficiaires majeurs
de l’hyperinflation. Certaines matières premières, surtout la nourriture et
l’énergie, verront leurs prix monter. Mais la plupart des actifs qui ont été
financés par la bulle du crédit vont perdre de la valeur en termes réels.
Cela inclut l’immobilier, les actions et les obligations. En monnaie
hyperinflationniste, ces actifs pourraient monter en prix. Si quelqu’un qui
gagnait $50,000 par année en argent réel gagne maintenant $5,000,000 en
monnaie nouvellement imprimée, il verra sa maison s’apprécier en termes
nominaux. Mais, en termes réels, les prix des propriétés déclineront
massivement. Le crédit ne sera pas disponible et les taux d’intérêts seront
très hauts, probablement au moins de 15-20%, et les gens n’auront pas les
moyens d’acheter une maison.
L’hyperinflation détruira
plusieurs monnaies, et donc la monnaie papier atteindra sa valeur intrinsèque
de zéro. L’or et l’argent-métal seront virtuellement les seuls actifs qui
protégeront complètement les investisseurs de la destruction des monnaies.
Nous entrons dans la
prochaine étape de la crise de la dette
Dans notre Market Report de
février, « L’alchimie souveraine ne
fonctionnera pas », nous avons discuté de la « bombe à retardement »
souveraine, et nous assistons aux premières petites explosions, avec la Grèce
comme première victime. Le plan d’aide de $1 mille milliards UE/FMI n’avait
comme fonction que d’être un gros titre à la une des journaux. Les gouvernements
de l’Union européenne espéraient faire peur à la « meute », le Wolfpack.
Mais, pour le moment, cela n’a pas fonctionné. L’euro est monté de $0.04 à
l’annonce du plan d’aide, mais il est, depuis, à des niveaux plus bas encore.
Comment quelqu’un peut-il prendre au sérieux un plan d’aide massif quand la
plupart des pays qui s’y engagent sont eux-mêmes en faillite ? L’Espagne et
l’Italie se sont engagés pour des dizaines de milliards chacun. Et ils seront
les prochaines victimes du Wolfpack. C’est l’indigent qui sauve l’indigent.
Le FMI n’a pas d’argent; il dépend plutôt de ses membres, dont les États-Unis
sont les plus gros contributeurs. Et ils sont en faillite aussi.
L’Angleterre, qui ne fait pas partie de la zone Euro et qui a un déficit
budgétaire pire que celui de la Grèce, a contribué à hauteur de 15 milliards
de livres. Le nouveau gouvernement UK prévoit des coupures massives de 6
milliards dans son prochain budget, ce qui amènera des difficultés majeures.
Mais, comme dernière action, le gouvernement sortant s’est engagé pour 15
milliards lesquels, s’ils sont prêtés, ne seront jamais remboursés. C’est une
farce totale. Les gouvernements s’engagent pour des milliards pour sauver des
banques et des États souverains, mais ils ne réussissent pas à couper quelques
milliards dans leurs propre pays. Cela démontre jusqu’à quel point l’économie
mondiale et le système financier mondial sont dirigés par des crétins qui
n’ont que leur propre intérêt à coeur et qui ne comprennent pas la portée de
leurs actions déléthères.
Quand le plan d’aide de $1
mille milliards de l’Union européenne fut annoncé, les États-Unis ont en même
temps offert aux banques européennes des prêts en dollars US (swap
facilities) d’un minimum de $500 milliards, mais probablement beaucoup plus. De
plus, la Fed a aussi injecté au moins $500 milliards dans le système bancaire
américain. Ces actions nous indiquent clairement que le système financier, à
l’instar de 2008, est en grande difficulté. Mais ce n’est que le
commencement... les choses deviendront bien pires.
L’or
En 2002, nous avons conseillé
aux investisseurs d’investir plus de 50% de leurs actifs liquides en or,
alors que le prix en était de $300. Il était clair comme du cristal que la
montagne de dettes et de produits dérivés ne pourrait être remboursée en
monnaie normale, et qu’elle gonflerait avec l’impression monétaire, et c’est
ce qui arrive maintenant.
Les médias parlent maintenant
d’une bulle dans l’or et font des comparaisons avec le pic de $850 atteint en
1980. Soyons très clair : Même si l’or a quintuplé depuis le bas de $250 en
1999, il est loin d’avoir atteint son sommet. Si l’on ajuste à l’inflation
réelle (voir shadowstats.com), le pic de 1980, en prix d’aujourd’hui,
correspondrait à environ $7,200 aujourd’hui. Alors l’or pourrait facilement
être multiplié par six fois son prix actuel de $1,200, tout en restant dans
les paramètres normaux.
Il y a plusieurs facteurs qui
contribueront à la montée de l’or (en plus de l’impression monétaire) :
1. La production d’or est en
baisse.
2. Le COMEX et les banques ne
peuvent livrer qu’une infime partie de l’or physique qu’ils vendent.
3. Les banques centrales et le
FMI ne possèdent pas même la moitié des 30,000 tonnes d’or qu’ils disent
posséder. Fort probablement, au moins 15,000 tonnes (six ans de production
d’or) ont été vendues pour garder le prix bas.
4. Le système financier
précaire entraînera une profonde méfiance envers les certificats d’or,
incluant la plupart des ETFs qui n’ont pas d’or physique.
Ces quatre facteurs
entraîneront une haute massive du prix de l’or. Il sera très loin d’avoir
suffisamment d’or pour satisfaire la demande aux prix courants. Nous nous
attendions à voir l’or accélérer en mars 2010, et c’est exactement ce qui
arrive. Nous nous attendons à ce que ce mouvement se poursuive sans broncher
pour une bonne partie de l’année avec très peu de corrections majeures mais
beaucoup de volatilité. Des mouvements journaliers de $100 pourraient arriver
facilement.
Alors l’or devrait monter
jusqu’à $5,000 ou $10,000 d’ici quelques années. Mais si nous avons de
l’hyperinflation, le prix pourrait exponentiellement grimper comme dans la
République de Weimar en 1923, quand l’or atteignit plus de 100 mille
milliards de marks l’once. Est-ce que l’or expérimentera le même type de
correction qui est survenue après le pic de 1980 ? Probablement que non,
puisque l’or fera sans doute partie d’un nouveau système monétaire qui sera
créé après l’effondrement du système présent.
Le tableau ci-dessous illustre
la destruction des monnaies de papier vis-à-vis l’or dans les derniers cent
ans et montre combien d’onces d’or on pouvait acheter avec $1,000 à des
époques variées. En 1910, $1,000 vous procurait 40 onces, à $25 chacune.
Aujourd’hui, en 2010, $1,000 vous procure 0,8 oz, à $1,230 l’once. Ceci
représente un déclin massif de 98% de la valeur du dollar, mesurée en termes
réels, ces derniers cent ans. Une autre année importante est 1971, celle où
Nixon abolit la convertibilité du dollar en or. C’est cette décision
désastreuse qui a ouvert les vannes du crédit et de la création monétaire que
nous expérimentons aujourd’hui. Le dollar a perdu 97% depuis. Mais, même en
ne s’attardant qu’aux années récentes, le pouvoir d’achat du dollar, mesuré
en or, a décliné de manière catastrophique. Depuis le bas de l’or en 1999, le
dollar a décliné de 80% par rapport à l’or et, depuis 2002 (quand Matterhorn
Asset Management recommanda d’investir dans l’or de façon majeure), de 76%.
Presque toutes les monnaies
ont décliné de façon similaire par rapport à l’or ces derniers cent ans. Il
n’y a pas de preuve plus claire que les gouvernements et les banques volent
les gens de leur argent durement gagné. Quand cela finira-t-il ? Cela se
terminera quand le dollar et bien d’autres monnaies auront atteint leur
valeur intrinsèque de ZÉRO. Ce temps n’est pas bien loin.