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Cours Or & Argent

Deux poids et deux mesures

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Chroniques en liberté
Publié le 22 février 2019
712 mots - Temps de lecture : 1 - 2 minutes
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Rubrique : Editoriaux
La presse se délecte des crises bancaires et des scandales financiers en tout genre tellement cela confirme l’idée simpliste, mais bien pratique au demeurant, que le système économique est pourri. Car il y a les « parachutes dorés » que l’on voit (que l’on montre) et il y a les « parachutes dorés » que l’on ne voit pas (que l’on ne montre pas). Il serait cependant bienvenu d’avoir la même exigence de transparence et de rigueur avec l’argent public en général, et le financement des syndicats en particulier dont le candidat Sarkozy avait promis d’ouvrir le dossier. Quand les actionnaires d’une entreprise privée gagnent ou perdent de l’argent, c’est finalement leur problème ; et c’est aussi la conséquence heureuse ou malheureuse de leurs propres décisions. Mais l’usage des deniers publics nous concerne tous, en tant que citoyen et contribuable. L'argent public, c'est d'abord de l'argent privé prélevé par la contrainte. On consent à subir cette contrainte tant que l'usage de cet argent public va bien au financement des services publics, et rien d'autres... Prenons l’exemple tellement banalisé que personne ne s’en émeut de Monsieur Le Duigou dont la carrière au service de l’action syndicale est en symbiose avec sa carrière au service de l’Etat. Ce fonctionnaire des impôts fut détaché de l’administration des finances en 1978 pour pouvoir exercer ses fonctions syndicales auprès de la CGT. A l’approche de la retraite, il a prudemment sollicité sa réintégration dans son corps d’origine [1]. Pas folle la guêpe ! En tant que spécialiste des questions de financement des retraites, il est bien le premier à savoir que la retraite d’un fonctionnaire sera calculée sur les six derniers mois de traitement. Il va donc réintégrer la fonction publique, en étant nommé conservateur des hypothèques de Corbeil pour un traitement se montant à 5000 euros par mois et des primes et indemnités de 10 000 euros. Sa retraite est bien assurée dans un tour de passe dont la haute administration garde jalousement le monopole alors qu’elle se permet de faire la morale aux patrons et aux actionnaires. Dans un contexte, on comprend qu’il n’a pas besoin du système de capitalisation et qu’il est un ardent défenseur de la répartition, qui lui permet de faire financer sa retraite par les autres, au nom de la solidarité. Tu parles, Charles ! De telles manipulations feraient passer les goldens parachute et autres traders fous pour de douces plaisanteries. Car il n’y a là aucune spéculation : c’est sans risque financier, on ne va pas en prison, et c’est avec l’argent public. Pourquoi donc s’en priver ? Pour couronner le tout, dans son élan d’ouverture pathétique, le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, le dispense d’exercer physiquement cette nouvelle activité, afin de ne pas briser le militantisme du fonctionnaire dévoué. Au-delà du fait que le gouvernement se retrouve à financer ceux qui vont précisément consacrer leur énergie à l’empêcher de gouverner (mais on a bien des ministres qui voteront à gauche aux prochaines municipales), cette collusion entre les dirigeants politiques et les appareils syndicaux est une dérive bien inquiétante de notre modèle que l’on veut par ailleurs montrer en exemple. D’une manière générale, il faut se rendre compte que, sur les trois dernières décennies, les permanents de la CGT ont été multipliés par cinq alors que le nombre des adhérents a été divisé par 2,5. Il y en a encore qui se demande pourquoi le pouvoir d’achat fond comme neige au soleil… [1] Voir le Monde du 2 janvier 2008. Selon ce même journal : « Secrétaire confédéral de la CGT en charge des retraites et spécialiste des questions économiques, Jean-Christophe Le Duigou, 59 ans, va bientôt réintégrer son administration d'origine, le ministère des finances, et être promu conservateur des hypothèques à Corbeil-Essonnes (Essonne). Ancien directeur divisionnaire des impôts, il percevra à ce poste, l'un des mieux payés de Bercy avec celui de trésorier-payeur-général (TPG), 9 000 euros nets par mois. Il s'agit selon le cabinet du ministre du budget d'une progression de carrière tout à fait normale à la direction générale des impôts. Le syndicaliste espère ensuite faire valoir ses droits à la retraite fin 2009 ». Pour en savoir plus, voir aussi l’excellent édito de Patrice Planté, in la revue Pincée de Sel, numéro 13, janvier 2008.
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Jean-Louis Caccomo est Maître de Conférences en Sciences Économiques à l'Université de Perpignan. Chercheur, il est expert international spécialisé dans les questions de croissance, innovation et tourisme international. Responsable de l'atelier tourisme au GEREM (Université de Perpignan). Il est par ailleurs responsable des programmes de coopération avec Prince of Songkla University (Phuket - Thaïlande), avec l'université de Tabasco (Mexique) etavec l'université de Moroni (Comores).
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